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Avoir peur des Évangéliques ?

SUR la « scène », le prédicateur a quitté le lutrin et s’est emparé
du micro. Déambulant de long en large, le voilà qui harangue
la foule, gesticulant amplement, criant parfois, ou pleurant, en
s’appuyant sur une Bible qu’il se mettra ensuite à brandir.
Soudain, des chants s’élèvent de l’assistance. Parmi les fidèles,
certaines ont une larme à l’oeil, d’autres sont prêts à lever les
bras vers le ciel...

Ce « spectacle », on peut le voir chaque dimanche au moins sur la plupart
des chaînes de télévision américaines. Mais il est aussi visible sur certaines
chaînes que l’on reçoit ici en Europe via le câble. Aux États-Unis, on appelle
ces prédicateurs les « télé-évangélistes ». Ils sont populaires, leur poids est
grand dans l’opinion. Mais ne représentent qu’une petite partie de
l’énorme courant évangélique qui secoue aujourd’hui la société des États-
Unis.

Et pas seulement la société américaine.

Non, la montée en puissance des Églises évangéliques n’est pas seulement
un phénomène U.S. qui prêterait à sourire de ce cà´té de l’Atlantique.
Désormais, les évangéliques sont partout. En Amérique du Sud et en
Afrique, les églises catholiques se vident chaque jour davantage au fur et à 
mesure que se remplissent leurs temples. Et ils débarquent en Europe.
Ils entretiennent une religion de l’émotion et de la conversion, où on
n’hésite pas à parler fréquemment de miracles et d’interventions divines
imminentes.

Mais ils soutiennent aussi des courants fondamentalistes, et leurs points de
vue politiques ne sont pas des plus ouverts, loin s’en faut.
Aux États-Unis, l’affaire est flagrante. À y regarder avec distance, elle fait
même froid dans le dos.

C’est pour cela que L’appel a choisi de se pencher sur cette question et de
soutenir la démarche entreprise sur ce thème par des étudiants de Louvainla-
Neuve. Dans ce cadre, ceux-ci organisent en mars la projection du film
Jesus Camp (voir pages « Éclairage » et page 31). Ce sujet doit nous
interpeller. Car, en ce début de nouveau millénaire, on ne peut plus rester
cantonné dans son monde et son univers de convictions. Sans comprendre
qu’il y en a d’autres. Et sans essayer de les comprendre.

Tenter cette ouverture tout en conservant la distance critique nécessaire
pourrait être un objectif à vivre en ce carême 2008.

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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