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Bourse : Peut-on jouer des milliards ?

IL EST interdit
d’interdire. »
« L’imagination au
pouvoir. » « Sous les
pavés, la plage. »
« Nous sommes tous
des juifs allemands. » « CRS, SS. » Tous
ces slogans ont une même origine : le
formidable courant de créativité et
d’imagination, mais aussi de
revendication et de révolte qui a
secoué la France, puis le reste de
l’Europe, un certain moment du
printemps d’il y a exactement
quarante ans.

« La France s’ennuie », écrivait le
15 mars de cette année-là 
l’éditorialiste du journal Le Monde
Pierre Viansson-Ponté. Elle s’ennuyait
tellement que, quelques semaines plus tard, sa jeunesse s’embrasait, puis
une bonne partie de la population du pays avec elle.

Événement « hexagonal », affaire intérieure française qui ne nous concerne
pas ? Aujourd’hui, on aurait tendance à le croire, tant ce qui s’est passé en mai
1968 peut nous paraître lointain. Comme appartenant à un autre monde.

Tellement étranger peut-être, parce qu’on imagine mal aujourd’hui qu’un
pays se révolte sur les mêmes thèmes qu’en 1968, c’est-à -dire en remettant
en cause les fondements de la société sur lesquels il repose.

Tellement étranger aussi parce qu’on ne peut plus se représenter l’élan
d’invention et d’espoir qui a entouré les événements de mai.
Tellement étranger encore parce que, pour beaucoup d’entre nous, mai 68
est une page d’histoire, au même titre que les grèves de 1960, la fin du
Congo belge ou la mort du roi Baudouin.

Tellement étranger... Alors que mai 68 a été le creuset de la plupart des
changements qui ont affecté des sociétés jusque-là engoncées dans leurs
stricts habits d’après-guerre, en France comme en Belgique et dans le reste
de l’Europe.

Rapports sociaux, vie affective et sexuelle, place et liberté de la femme,
liberté de pensée, autonomie de l’individu, rêves d’un monde meilleur et
soif de vivre... Tout cela a pris corps en mai 68. Dans la société civile comme
dans l’Église, qui sortait à peine du Concile.

Nous sommes tous enfants de mai 68. Tous enfants d’une révolution qui n’a
pas changé le monde en un mois, mais qui a distillé ses revendications et
ses idées dans les artères de l’ensemble de la société.

Si nos enfants sont ce qu’ils sont, c’est parce qu’ils sont, en définitive, les
petits-enfants de mai 68.

Et s’il reste des courants d’air dans l’Église de ce début de millénaire, c’est
pour la même raison.

Le monde et l’Église ne seraient pas pareils si, un jour, des étudiants du
Quartier latin ne s’étaient mis à dire tout haut ce que chacun gardait au
fond de son être, enfermé dans les conventions.
Il est toujours bon, le souffle de la liberté.

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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