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Claudine au jardin d’EÌ den

Durant vingt-deux ans, Claudine Brasseur a produit et animeÌ le plus ancien magazine de la RTBF, Le Jardin extraordinaire. Son deÌ part est l’occasion de revenir sur ses engagements.

D’embleÌ e, Claudine Brasseur va aÌ€ l’essentiel : « la planeÌ€te est un jardin d’EÌ den avec ses animaux, ses plantes, ses pierres, et avec l’homme, enfin ! Le Jardin extraordinaire suit le fil conducteur du respect de la vie sauvage dont l’homme est le gardien, et non le maiÌ‚tre. »
Huit ans apreÌ€s avoir reÌ ussi le concours de speakerines, la RTBF lui propose de suc- ceÌ der aÌ€ Arlette Vincent au Jardin extra- ordinaire. Elle reçoit cette offre comme une marque de confiance. « J’ai poursuivi le chemin d’Arlette que je ne voulais pas tra- hir. C’est venu tout seul. Je la sentais devant moi, comme en communauteÌ d’aÌ‚me. »
Une Femme engagée.
1992. Au Sommet de la terre aÌ€ Rio est fixeÌ e pour la premieÌ€re fois la notion de deÌ ve- loppement durable, qui ouvre la voie aÌ€ de nouveaux accords multilateÌ raux sur l’en- vironnement. La nouvelle preÌ sentatrice du Jardin s’engouffre alors avec passion dans ces nouvelles probleÌ matiques.
« AÌ€ mon arriveÌ e, je me suis plus tourneÌ e vers les theÌ matiques environnementales, en m’eÌ loignant un peu de la protection ani- male. Mon eÌ mission a parfois eÌ teÌ jugeÌ e trop virulente, trop critique. Une auditrice s’est plainte, par exemple, d’images choquantes qui ont fait pleurer sa petite fille. J’ai reçu des mises en garde, et la direction m’a reca- dreÌ e. On jugeait que je sortais du cadre de l’eÌ mission, en touchant aÌ€ des questions d’ordre politique. »
Le respect profond de la vie est, d’abord et avant tout, une deÌ marche engageÌ e pour Claudine Brasseur : « quand les animaux sont martyriseÌ s ou exploiteÌ s, c’est un grand tort que les humains se font aÌ€ eux- meÌ‚mes. Je ne parle meÌ‚me pas des droits des animaux mais du devoir des humains. Nous avons une intelligence supeÌ rieure, une ter- rible responsabiliteÌ , du fait d’avoir passeÌ un cap dans notre eÌ volution. C’est ainsi que j’ai eu aÌ€ coeur de consacrer des eÌ missions aÌ€ l’opeÌ ration 11.11.11 et de mettre en exergue des projets qui ont une retombeÌ e sociale, tout en eÌ tant lieÌ s aÌ€ la nature. Les premieÌ€res victimes sont toujours les pauvres, les paysans ou les tribus... Or, pour sauver les
foreÌ‚ts, il faut des hommes qui l’utilisent et l’entretiennent, en respectant le travail de la terre. »
Un combat au-delà de l’audience.
Le message ne passe pas toujours bien. Certains reprochent aÌ€ Claudine Brasseur trop de militantisme. Mais comment sensibiliser les gens aux enjeux planeÌ taires sans deÌ noncer ou interpeller ? « Les teÌ leÌ spectateurs n’aiment pas trop la poleÌ mique. Le Jardin, c’est une eÌ mission familiale et il suffit de preÌ senter ce qui va bien pour que l’audience remonte. Le public en a assez qu’on lui parle sans cesse du reÌ chauffement climatique. Il veut admirer la nature sans arrieÌ€re-penseÌ e. J’ai donc revu ma strateÌ gie, en rappelant les attitudes aÌ€ adopter pour preÌ server ses merveilles. »
Depuis deux ans, Claudine Brasseur demandait à la RTBF de passer le flambeau.
« Je sentais que je ne pouvais plus m’investir autant. La fatigue avait de plus en plus raison de mes forces. Je crois que c’eÌ tait le bon moment pour penser aÌ€ la seconde moitieÌ de ma vie. Je reste dans l’eÌ mission pour preÌ parer ses cinquante ans, en deve- nant une consultante de la meÌ moire ! Dans une vie plus deÌ gageÌ e, je pense m’atteler aÌ€ l’eÌ criture d’un livre. »
Propos recueillis par Godelieve UGEUX

Mot(s)-clé(s) : Le plus de L’appel
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