Vous êtes ici: Archives / Numéros parus / N° 335

EDITO

Bart et Elio ont disparu

10 mars 2011. 10h. Dépêche Belga : « Bart De Wever a disparu. On l’attendait ce matin pour la dernière séance des pré-pré-discussions politiques. Il n’est jamais arrivé. » 11h. « Un témoin a vu Bart De wever s’engouffrer dans un avion privé à Zaventem. Destination inconnue. » 11h10. « On attend toujours Elio di Rupo à la dernière séance des pré-pré-négociations. Il devait arriver à 9h. Son entourage parle de disparition inquiétante. » 11h40. « Un employé de l’aéroport de Charleroi confirme qu’certain Élie de Roches, ressemblant étrangement à Elio di Rupo, mais ne portant ni noeud papillon ni lunettes, a pris ce matin le vol Ryanair pour Agadir. » 22h. « Un randonneur belge de Tamarasset dit avoir vu un flamand aux cheveux noirs et à la corpulence forte monter dans un taxi en direction de Timimoun, de l’oasis de Gourara. ». 22h30. Même dépêche, concernant le certain Élie de Roches : il aurait pris un bus vers l’oued d’Assaka, au-delà du complexe touristique de fort Bou-Jerif.
11 mars 2011. 9h. L’État-major de la NVA communique : son leader incontesté, Bart De Wever, a quitté la Belgique pour se retirer au désert. Il entend y faire le point avec lui-même, sans GSM, gaufres et Tv. 11h. Le Bureau politique du PS prend acte de la disparition de son président, qui a juste laissé le message suivant : « Je pars au désert. Il est temps que je mette tout à plat. Je reviendrai quand je me serai retrouvé. »

L’histoire ne dit pas si Bart et Elio se sont vus dans le désert, séparés par des milliers de km de dunes. Mais, à supposer que cet extraordinaire événement politique puisse être vrai, ils se seraient sans doute au moins retrouvés eux-mêmes, chacun sous leur tente, en écoutant le souffle du sable caressé par le vent.

Qui n’a besoin d’un retour au désert ? Un moment où faire le point, fuir le tumulte du monde, l’emballement de la vie qui empêche de penser parce qu’il faut parer au plus pressé, répondre aux attentes des autres, aux obligations, à son patron...
Partir au désert est une vieille tradition. Jésus lui-même en a fait amplement usage pour voir plus clair. Sur son identité, sa mission, sa raison d’être. Et pour écouter la voix de Dieu.

Pour les croyants, le carême offre la possibilité de se créer ce temps de distance. Sans nécessairement fuir à Timimoun ou à Assaka. Mais en s’obligeant à faire un voyage. En se réservant un temps, et un espace, pour un petit désert intérieur. Ce désert-là , comme le « vrai », ne peut que nous faire du bien. Comme il ferait à Bart, Elio, Joëlle, Didier, Jean-Michel, Caroline, Alexander, Wouter ou Johan. Qui, alors qu’il était conciliateur royal, n’avait à peine pu prendre distance le temps d’enterrer sa mère...

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito - Politique
Partager cet article
Vous êtes ici: Archives / Numéros parus / N° 335