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Edito

Porteurs d’espoir

On avait fait la grimace quand le Prix Nobel de la Paix 2012 avait eÌ teÌ attribueÌ aÌ€ l’Union europeÌ enne. Bien suÌ‚r, la creÌ ation d’une Europe unie y avait eÌ viteÌ les conflits (...tout en les laissant se deÌ velopper en peÌ ripheÌ rie). Mais, pour les EuropeÌ ens emmeÌ‚leÌ s dans une crise ouÌ€ l’Union ne parlait que d’« austeÌ riteÌ », lui attribuer au meÌ‚me moment le Prix le plus illustre au monde avait de quoi surprendre.

On a eu une attitude de condescendance quand, en 2013, le meÌ‚me prix a eÌ teÌ deÌ cerneÌ aÌ€ l’Organisation pour l’inter- diction des armes chimiques. Bien suÌ‚r, il eÌ tait bon de saluer son travail. Mais celui-ci avait-il empeÌ‚cheÌ les populations syriennes de se faire gazer ?

Ces derniers temps, les illustres membres du ComiteÌ Nobel avaient pris le pli de
reÌ compenser autant des institutions que des femmes ou des hommes. Et, dans ce
dernier cas, les eÌ lus eÌ taient souvent retenus en raison de leurs fonctions aÌ€ la teÌ‚te d’un EÌ tat. Cette fois, le ComiteÌ a renoueÌ avec le retour aux sources. En reconnaissant les meÌ rites d’eÌ‚tres humains aÌ€ la fois extraordinaires et « comme les autres ». Parmi les deux laureÌ ats 2014, Malala Yousafzai repreÌ sente incontestablement cette cateÌ gorie de personnages que rien ne preÌ destinait aÌ€ se distinguer. Mais qui, mus par une force et un courage inteÌ rieurs, ont braveÌ les interdits pour deÌ fendre leurs semblables (en l’occurrence : les jeunes filles pakistanaises).

Nous avions deÌ jaÌ€ rendu hommage aÌ€ cette jeune femme en deÌ cembre dernier dans un des petits textes de la rubrique EÌ vangile aÌ€ la Une alors que Malala eÌ tait deÌ jaÌ€ nomineÌ e pour le Prix. En soulignant que, si son courage avait eÌ teÌ salueÌ internationalement, il n’en eÌ tait pas de meÌ‚me dans son pays...

Malala a froÌ‚leÌ la mort lorsque les Talibans ont tireÌ sur elle aÌ€ la sortie de son eÌ cole, en 2012. Cela n’a pas affaibli son combat. Au contraire, elle est aujourd’hui devenue une icoÌ‚ne vivante, deÌ montrant la capaciteÌ de reÌ sistance qui peut s’emparer de certains de nos semblables. Tant et si bien que le Prix sueÌ dois pourrait, dans son cas, tout autant se deÌ nommer « Nobel des droits humains » que « Nobel de la paix ».

AÌ€ l’heure ouÌ€ bon nombre d’autres humains semblent plutoÌ‚t avides de pouvoir, quitte aÌ€ accepter tous les compromis et aÌ€ mettre en peÌ ril l’avenir d’une partie de leurs concitoyens, il est bon de voir qu’il existe encore de vrais porteurs d’espoir. Certains, comme Malala, sont finalement salueÌ s par un Prix prestigieux. D’autres resteront inconnus. Mais auront, tout autant, militeÌ pour le respect de l’Homme. Pensons-y aÌ€ l’occasion de la feÌ‚te de tous les Saints, la Toussaint. Car tous ceux qui militent pour relever l’humaniteÌ n’ont pas leur statue dans des eÌ glises et leur nom dans des calendriers.

FreÌ deÌ ric Antoine

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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