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Edito

Au-delà du pardon.

Le 19 mars dernier, jour de la St Joseph, le pape François rendait publique son exhortation apostolique La Joie de l’amour (Amoris laeti- tia), censeÌ e conclure les travaux des deux sessions du synode romain sur la famille. Ceux qui avaient espeÌ reÌ retrouver dans ce texte les ouvertures doctrinales exprimeÌ es par plusieurs eÌ veÌ‚ques et de nombreux catholiques lors du synode ont sans doute eÌ teÌ deÌ çus. CoÌ‚teÌ doctrine, François se trouve devant la difficulteÌ de changer la norme parce qu’on pense que pour eÌ‚tre catholique, elle doit eÌ‚tre eÌ ternelle et universelle. Tant pis, deÌ€s lors, pour ceux qui estiment qu’un cadre doctrinaire, eÌ tabli aÌ€ une eÌ poque donneÌ e dans des contextes socio-eÌ conomique et socio-culturel speÌ cifiques, ne peut s’appliquer dans d’autres contextes qu’en faisant l’objet d’adaptations.

Pourtant, plusieurs observateurs ont affirmeÌ que l’exhortation pontificale introduisait dans le monde catholique une « reÌ volution des esprits ». Avec François, meÌ‚me si sa norme est transgresseÌ e, l’EÌ glise ne peut plus se contenter de juger et de condamner ce que le pape appelle des situations « irreÌ gulieÌ€res ». Elle doit appreÌ hender chaque cas humain avec un regard particulier qui, pour le pape, ne peut eÌ‚tre que celui de la miseÌ ricorde.

Face aÌ€ la rigueur de la doctrine, la miseÌ ricorde est, selon le Larousse « la pitieÌ qui pousse aÌ€ pardonner aÌ€ un coupable, aÌ€ un vaincu ; un pardon accordeÌ par pure bonteÌ . Une disposition aÌ€ venir en aide aÌ€ celui qui est dans le besoin ».

Comme Dieu, avec le meÌ‚me regard que JeÌ sus, l’EÌ glise doit eÌ‚tre preÌ‚te aÌ€ pardonner le fautif, aÌ€ lui manifester sa compassion.

Mais, au-delaÌ€ d’un secours temporaire, en quoi cette attitude modifie-t-elle fonda- mentalement le sort de celui qui se deÌ peÌ‚tre dans les meÌ andres de la vie quotidienne et les difficulteÌ s de l’existence ? En s’ouvrant au monde et en recommandant de prendre en compte les situations particulieÌ€res, l’EÌ glise universelle deÌ place les lignes. Mais elle n’ouvre pas les frontieÌ€res.

Dans son exhortation, François eÌ crit que, devant l’innombrable diversiteÌ des situations concreÌ€tes, il faut comprendre qu’on ne devait pas s’attendre aÌ€ « une nouvelle leÌ gislation geÌ neÌ rale du genre canonique, applicable aÌ€ tous les cas ». Il dit aussi qu’il appartiendra aux diffeÌ rentes communauteÌ s d’eÌ laborer des propositions « plus pratiques et efficaces », prenant en compte « aussi bien les enseignements de l’EÌ glise que les neÌ cessiteÌ s et les deÌ fis locaux ».

Notre espoir est que, dans leur rencontre de l’homme tourmenteÌ de ce sieÌ€cle, celles-ci aillent au-delaÌ€ du pardon et de la commiseÌ ration.

FreÌ deÌ ric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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