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Edito

Atomocratie ou résurrection.

Bonne nouvelle : selon des sondages, si François Fillon eÌ tait opposeÌ aÌ€ Marine Le Pen au second tour de l’eÌ lection preÌ sidentielle française, la preÌ sidente du parti d’extreÌ‚me droite ne recueillerait « que » 44% des votes. Autre bonne nouvelle : aux Pays-Bas, le Partij Voor de Vrijheid (PVV) du xeÌ nophobe Geert Wilders n’a gagneÌ « que » cinq sieÌ€ges lors des eÌ lections de la mi-mars 2017, et ne devient « que » le deuxieÌ€me parti neÌ erlandais. Bonne nouvelle encore : si on vo- tait prochainement en Belgique, la NVA ne reÌ colterait « que » 27% des votes, soit 5% de moins qu’en 2014.

Oui. Mais, meÌ‚me si le FN n’est pas (encore ?) majoritaire en France, quatre Français sur dix partagent deÌ sormais ses ideÌ es nationalistes et d’extreÌ‚me droite. Oui, la NVA perdrait des eÌ lecteurs. Mais si on associe son probable score et celui du Vlaams Belang, sur certains theÌ€mes aÌ€ peine plus aÌ€ droite que le parti de De Wever, on atteint en 2017 le meÌ‚me pourcentage de soutien aux theÌ€ses nationalistes et anti-eÌ trangers qu’en 2012. En Flandre aussi, preÌ€s de 40% des votants choisissent les partis les plus aÌ€ droite de l’eÌ chiquier politique.Quant aux Pays-Bas, que l’on disait si ouverts au monde et aÌ€ la moderniteÌ , c’est l’eÌ parpille- ment des votes qui a ralenti la pousseÌ e du parti populiste dans un pays ouÌ€ les eÌ lections ont vu s’effondrer le parti socialiste et le clan du Premier ministre « gagner » en perdant huit sieÌ€ges...

En ces heures ouÌ€ le pessimisme paraiÌ‚t l’emporter sur l’optimisme, comme le regard positif sur la bouteille « aÌ€ moitieÌ pleine » peut paraiÌ‚tre reÌ confortant ! Il ne doit toutefois pas faire perdre de vue que le flacon est peut-eÌ‚tre plus « vide » que « plein ». Et l’avenir plus
preÌ‚t aÌ€ refroidir le coeur que le reÌ chauffer.
Les systeÌ€mes politiques sont malades. Les partis qui portaient traditionnellement les ideÌ es de gauche et de droite semblent de plus en plus avoir fait leur temps. Convoitant ou se partageant le pouvoir depuis la fin du XIXe sieÌ€cle, les establishments socialistes et libeÌ raux paraissent aÌ€ bout de souffle, incapables d’apporter aÌ€ des populations deÌ sorienteÌ es les reÌ ponses-miracles dont celles-ci reÌ‚vent pour reÌ soudre leurs probleÌ€mes.

DeÌ sormais, les avis reÌ colteÌ s sur les reÌ seaux sociaux comptent davantage que les analyses politiques faites par des speÌ cialistes. Et le commun des mor- tels accorde bien plus de confiance aux rumeurs qui confortent ses intuitions qu’aux informations veÌ rifieÌ es. L’opinion prime sur le fait. Chacun, pris individuelle- ment, estime compter plus que l’ensemble. On parle de « peuple », de « nation ». Mais, dans beaucoup de domaines, il n’y a plus ni l’un ni l’autre. Seulement des individus qui consideÌ€rent le monde aÌ€ l’aune de leur seule personne. La « deÌ mocratie » reposait sur le pouvoir du peuple, agissant ensemble vers un seul but : aller vers le meilleur. On en arrive aÌ€ l’ « atomo- cratie », le pouvoir de chacun, n’agissant que pour lui, dans son propre inteÌ reÌ‚t.

Si l’on veut eÌ viter que la deÌ mocratie sombre au profit de tribuns populistes caressant les egos individuels en leur faisant miroiter de vains paradis terrestres, un sursaut doit reÌ veiller ce qu’il reste des peuples.
PaÌ‚ques sera ce mois-ci la feÌ‚te de la reÌ surrection. En ces temps ouÌ€ les systeÌ€mes politiques semblent presque mis aÌ€ mort, ressusciter le pouvoir de la deÌ - mocratie s’impose. AÌ€ toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonteÌ . Au nom de notre destin commun.

Joyeuses Pâques.

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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