Vous êtes ici: Archives / Numéros parus / N°422

Edito

Un si long Noël

Cliquez pour télécharger l’article en PDF

« Maman, on peut commencer aÌ€ attendre Noël ? » Tournant en rond dans le salon, les jeunes enfants interpellent leur meÌ€re.
« Non, il faut encore patienter encore un peu avant d’attendre », leur reÌ pond-elle, occupeÌ e sur son ordinateur. DeÌ ception des bambins qui, quelques minutes plus tard, improvisent une manif dans la maison, deÌ filant en criant : « On veut attendre Noël ! On veut attendre Noël ! »

Cette pub tv, creÌ eÌ e en 2016, a refait surface cette anneÌ e sur les petits eÌ crans. MeÌ‚me si son but est de promouvoir des calendriers de l’Avent pleins de petits chocolats, elle rend visible une tendance de plus en en plus marqueÌ e : l’envie que Noël arrive de plus en plus toÌ‚t et dure de plus en plus longtemps. Car nous avons remplaceÌ l’attente de Noël par l’eÌ longation de la dureÌ e de l’eÌ veÌ nement.

Faisant coïncider la peÌ riode de l’avant et le « jour de Noël », nous ne nous satisfaisons plus de prolonger la feÌ‚te, ce que permettait de longue date l’arriveÌ e de l’an neuf. DeÌ sormais, nous l’anticipons. Et ce non seulement au cours des « classiques » quarante jours de l’Avent, jusqu’ici consideÌ reÌ s comme des moments de preÌ paration, de monteÌ e en puissance vers l’eÌ veÌ nement, raison pour laquelle avaient eÌ teÌ creÌ eÌ s les premiers marcheÌ s de Noël germaniques. Non, maintenant c’est le jour de Noël lui-meÌ‚me que l’on ceÌ leÌ€bre tout au long de cette peÌ riode d’avant, et qui deÌ passe meÌ‚me le moment de l’Avent lui- meÌ‚me. Comme si c’eÌ tait Noël tous les jours pendant des semaines. Comme si Noël ne cessait de durer.

Sur les chaiÌ‚nes de teÌ leÌ vision, les films et teÌ leÌ films de Noël deÌ barquent deÌ but novembre. Quelques jours auparavant, les rayons speÌ cialiseÌ s des magasins se sont deÌ jaÌ€ pareÌ s des deÌ corations de circonstance. Non pour qu’on les acquieÌ€re pour les sortir plus tard, juste avant Noël, mais pour que celles-ci ornent les foyers au plus toÌ‚t. Les producteurs ardennais de sapins en savent quelque chose : chaque anneÌ e, il leur faut couper davantage leurs arbres en avance, pour qu’ils puissent deÌ corer les demeures avant le premier deÌ cembre.

Un mois pour vivre Noël : c’est de cela que reÌ‚vent la plupart des familles. Saint Nicolas n’aura qu’aÌ€ faire avec, ainsi que la peÌ riode des examens. Tant pis pour l’impression que, pour eÌ‚tre pleinement appreÌ cieÌ e, une feÌ‚te ne peut s’eÌ tendre dans le temps, mais doit se concentrer sur un court moment. EÌ‚tre, comme un feu d’artifice, une explosion de tous les espoirs baÌ‚tis auparavant.

Pourquoi donc avons-nous tant besoin d’un si long Noël ? Parce que la banaliteÌ et les tracas du quotidien deviennent si insupportables qu’il nous faut leur trouver un remeÌ€de aussi permanent que possible ? Parce que l’air du temps de ce moment-laÌ€, coïncidant avec la baisse de la clarteÌ et des tempeÌ ratures, reÌ conforte les coeurs et les reÌ chauffe ? Ou parce que l’on voudrait croire presque eÌ ternels les bons sentiments qui alors nous habitent ?

En tout cas, si sortir Noël de son calendrier n’a pas comme but cacheÌ de renforcer encore le poids du commerce et des affaires, mais contribue plutoÌ‚t aÌ€ rendre le monde moins mauvais, voire bon et en tout cas meilleur, plus solidaire, et pas simplement geÌ neÌ reux pour un jour, vivons Noël le plus longtemps possible !

Joyeux (long) Noël !

Frédéric ANTOINE

Rédacteur en chef

Mot(s)-clé(s) : L’édito
Documents associés
Partager cet article
Vous êtes ici: Archives / Numéros parus / N°422