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Edito

AU NOM DU “PÈRE”

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On les retrouvait sur toutes les pages de ces gros calendriers que l’on effeuillait jour par jour. Ils ont disparu des agendas électroniques. Jadis, on fêtait celles et ceux qui avaient le prénom de la Sainte ou du Saint du jour. Aujourd’hui, bien peu se soucient encore de célébrer les saint·e·s du calendrier. Sauf s’ils sont devenus “cultes” dans la société mondiale, comme Valentin. Et bon nombre de prénoms n’ont, tout simplement, plus de lien avec les héro·ïne·s du calendrier...

Cette commémoration a, en partie, été remplacée par la célébration de “Journées”, nationales, internationales ou mondiales, dont certaines font grand bruit. Les États ou l’ONU sont souvent à l’origine de ces jours dédiés non à un thème, mais à la défense ou la promotion d’une cause. Le site “journee-mondiale” en recense pas moins de 661, la quantité de thèmes à promouvoir étant telle que tous les matins d’une année ne suffisent pas à en caser un par jour.

La cause des femmes est une de ces questions. En France, le Haut Conseil à l’égalité entre hommes et femmes (HCE) a créé ce 25 janvier la “Journée nationale contre le sexisme”, qui s’ajoute à la “Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes” (25 novembre) et à la “Journée internationale des femmes” (ce 8 mars). Fondée par l’ONU sous cet intitulé, plusieurs pays, dont la France, préfèrent la nommer “Journée internationale des droits des femmes”, et non “des droits de la femme”. Car ce n’est pas à la femme “fantasmée” qu’elle est dédiée, mais aux “vraies” femmes dans leur diversité...

Les médias sont friands de ces “Journées” leur permettant de braquer les projecteurs sur une
thématique qui, sans date anniversaire, n’aurait aucune raison d’être à l’agenda de l’actualité. Les “Journées” de ce type ont ainsi rajeuni ce que les journalistes appellent “les marronniers”, ces événements annuels que l’on ne peut éviter de traiter.

À L’appel, on nomme ce genre d’article “Bougies”, et on évite de trop en faire... Mais certaines dates symboliques permettent de raccrocher une actualité à un sujet de société, et donc le nourrir de davantage de sens. La “Journée internationale des femmes” nous offre ainsi cette année l’occasion de nous pencher sur une question qui peut paraître rhétorique, mais qui nous semble bien plus signifiante que cela : celle du genre que l’on attribue à Dieu. “Rhétorique” parce que cette question ne possède pas de vraie réponse. On ne peut à son propos qu’ériger des hypothèses. Mais porteuse de sens, car, vu le poids que les religions liées au judaïsme exercent dans notre culture, nos représentations de ce que sont l’homme et la femme n’auraient sans doute pas été les mêmes si le genre que nos ancêtres ont attribué à Dieu n’avait pas été. Ou avait été différent.

L’appel n’est bien sûr pas le premier à s’interroger à ce propos. En 2013, Le monde des religions avait déjà publié un dossier sur le sujet. Plusieurs ouvrages ont, depuis les révolutions féministes, soulevé la même question. Mais le contenu de ces publications s’est souvent davantage orienté vers la place des femmes dans les religions plutôt que vers une réflexion sur le genre de Dieu. Avec l’aide de spécialistes belges et étrangères, nous tentons une nouvelle fois d’entrouvrir ce dossier dans ce numéro, par ailleurs riche d’autres sujets portés par des femmes et des hommes remarquables.

Quel que soit le propos, la philosophie de L’appel est toujours de le faire vivre dans des personnages. Ce sont leurs apports qui nous permettent d’incarner les problématiques. Tout comme, pour les chrétiens, Pâques rappelle comment Jésus-Christ a permis de se rapprocher du “Père”. “Le Père”, justement...

Frédéric ANTOINE, Rédacteur en chef du magazine L’appel

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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