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Élections : le credo des candidats

ON VOTE trop.
L’an dernier
c’était pour
les communes
et les
provinces. Deux
ans plus tà´t, pour l’Europe
et les Régions, et par
ricochet pour le Parlement
de la Communauté
française. Et cette fois-ci,
c’est pour le fédéral. Ils
sortent à peine d’une
campagne électorale que
voici déjà les politiques en
selle pour une autre.
Jamais un moment de
répit, où la gestion de la
vie publique pourrait suivre son cours tranquille, sans être talonné par
l’éternelle angoisse : mon parti réalisera-t-il un score lui permettant
d’accéder au pouvoir ? Bon nombre de personnages politiques trompent
l’électeur en n’hésitant pas à être candidats à toutes les élections même s’ils
ne peuvent siéger partout. Dès lors, une seule question les taraude du
matin au soir, 365 jours par an : serai-je réélu ? Et pour ce faire, comment
contenter l’électeur ? Les personnages politiques n’ayant pour la plupart
plus d’autre profession que leur mandat public, rester élu relève pour eux
de la survie. Sur leur mental, cette tension agit comme une drogue. Tant et
si bien que tout arrêt du tic-tac de la machine électorale leur serait fatal :
en l’absence de moyen de dépenser ce trop plein d’adrénaline, quel ressort
les ferait encore vivre ? Gérer, décider ? Peut-être. Mais est-ce cela le plus
important dans une société de la communication où tout commence (et
parfois finit) par de simples « effets d’annonce » ? Ce qui compte, est-ce la
prise d’une mesure ou l’arrivée d’une nouvelle loi ? Ou bien le fait d’avoir
annoncé que la mesure pourrait être prise ou la loi votée ? L’essentiel est
désormais d’anticiper. Car c’est sur l’anticipation que, dans la plupart des
cas, se réalisera l’élection.

Et pourtant, tout cela est-il si déplorable ? Le système a ses limites, certes,
mais permet de vivre dans un pays démocratique, où les choses avancent, et
où le pouvoir n’est pas confisqué une fois pour toutes par une classe en
place ou par les combines de couloirs.

Peut-on en dire autant de tous les domaines de la vie, et par exemple de
l’Église catholique ? Si l’on se plaint de trop voter en Belgique, on ne
pourra en tout cas faire le même reproche à cette institution-là . Tout au
plus a-t-on parfois organisé des élections pour les conseils paroissiaux. Mais
à part cela, quand les catholiques sont-ils consultés par la hiérarchie ? Dans
un an, le cardinal Danneels remettra sa démission, atteint par la limite
d’âge. Alors que la pratique du vote est fréquente dans les Églises
protestantes, il est déjà certain que son successeur ne sera pas choisi après
un scrutin organisé dans les paroisses. Chez les catholiques, seuls les papes
sont élus... par les cardinaux qu’il ont au moins en partie nommés.
Alors, vote-t-on vraiment trop en Belgique ?...

Mot(s)-clé(s) : L’édito - Politique
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