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L’HUMOUR TOUT-TERRAIN DE CÉCILE DJUNGA

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La nouvelle coqueluche de la télévision belge anime cet été le jeu Time’s up sur OUFtivi, la chaîne jeunesse de la RTBF. Et elle véhicule une même joie de vivre sur scène avec son stand-up, Presque célèbre.

«  Au niveau des températures, elles ne sont pas excellentes, j’essaie même de les cacher. » « Allez, une petite danse pour se réchauffer. » « C’est un jour férié vendredi, alors le soleil lui aussi a pris sa petite journée de congé. » Impossible de passer à cà´té de la miss météo de la RTBF qui, par son humour pétulant et ses tenues colorées, ensoleille même les ciels belges les plus bas. Elle s’appelle Cécile Djunga, a 28 ans et, cet été, présentera Time’s up sur OUFtivi. Dans ce célèbre jeu familial, des enfants doivent faire deviner à leurs coéquipiers des personnages à l’aide de définitions, de mots et de mimes. Et cette jeune animatrice est Noire. Ce qui ouvert les vannes, lorsqu’elle a remplacé Tatiana Silva en juin dernier, à un flot nauséabond d’injures racistes sur les réseaux sociaux, se voyant même traitée de « terroriste ».
« J’ai été étonnée, je ne m’attendais pas à un tel racisme en Belgique  », répond cette ancienne mascotte des Diables Rouges, qui se sent « on ne peut plus belge ». « Mais j’y étais préparée. Il ne se passe pas un jour sans qu’on me fasse une remarque raciste. Se sont mon entourage et mon public qui ont été les plus choqués. Comme la majorité d’entre eux ne vivent pas cette situation, ils ont du mal à imaginer que ça se passe encore comme ça. J’ai reçu de leur part un soutien qui m’a fort touchée. »
On ne peut qu’être inquiet, voire effrayé, de constater que l’arrivée d’une « personne de couleur » à la télévision belge, qui ne fait pourtant preuve là d’une audace particulièrement scandaleuse, provoque encore, aujourd’hui, un tel rejet. Triste signe des temps. Car le racisme, cette fille d’un couple de Congolais arrivé en France dans les années 1970 ne l’a pas connu durant son enfance à Bruxelles. « J’habitais un quartier ouvert et je fréquentais une école sans problèmes, je n’étais pas consciente de ma différence, se souvient-elle. Je ne me pensais pas en victime, je me sentais comme tout le monde. »

DE BRUXELLES À PARIS.

C’est pour son bagout et sa capacité à se mettre le public en poche que Cécile Djunga a été choisie par les pontes de la RTBF. Car, avant d’annoncer le temps du lendemain, de recueillir les émois des candidats de The Voice, ou de concevoir et présenter Tarmac Comedy, l’émission « 100% stand up » du média internet de la radio-télévision belge, la jeune femme est en effet comédienne. Une passion découverte par hasard. À douze, parce qu’on ne la comprend pas à cause de son appareil dentaire et de son débit de paroles trop rapide, sa mère l’inscrit à un cours de diction et déclamation. Elle y prend goût, prolonge par de l’art dramatique, avant de suivre le cours Florent à Paris pendant quatre ans. Elle fera ensuite un détour par les planches parisiennes du Jamel Comedy Club, une expérience qui l’a « traumatisée », parce que trop jeune et non préparée à ce type d’aventure. Même si celle-ci lui a permis de rencontrer le célèbre comique.
Comme toutes les jeunes actrices, celle qui rêve de jouer les grands textes classiques sur scène passe de nombreux castings. Et là , c’est la douche froide ! « Dans les rà´les que l’on me proposait, se souvient-elle, mon personnage n’avait même pas de nom. C’était "une jeune fille noire– , "la femme de couleur– , etc. Cela ne me pose évidemment pas de problème de jouer une Noire, mais pas pour alimenter les stéréotypes. » « Au début, on me disait que j’étais trop arrogante, trop prétentieuse parce que je n’acceptais pas ces rà´les. Mais je ne le pense pas. Je me suis dit que, si c’était pour faire cela, je préférais changer de métier. Je suis très heureuse en tant que comédienne, mais le théâtre n’a pas le monopole de mon bonheur. Mes parents se sont battus pour qu’on ait une bonne éducation, pour qu’on s’intègre, pas pour que j’aille me réduire à ce genre de choses. »

VERS LA CÉLÉBRITÉ.

Puisque ni le théâtre, ni le cinéma ne veut d’elle, Cécile Djunga se souvient du vieux dicton selon lequel on n’est jamais mieux servi que par soi-même, et se met à créer ses propres spectacles. D’abord One Killeuse Show, qu’elle joue dans de nombreux festivals d’humour de part et d’autre de la frontière, remportant plusieurs prix. Et aujourd’hui Presque célèbre, qu’elle a étrenné avec succès en début d’année à Ixelles et Drogenbos, et qu’elle reprend à partir de cet automne dans plusieurs villes wallonnes. « Je me suis rendu compte que j’étais drà´le et que ça plaisait aux gens. L’humour est venu comme une réponse à tous les refus.  »
La jeune femme constate vite, pourtant, que « l’écriture, ce n’est vraiment pas évident. Écrire des blagues, c’est une technique à part entière ». C’est pourquoi elle a fait appel à deux coauteurs. Gaetan Delferrière et Simon Bertrand. Sur scène, elle raconte sa propre histoire, et notamment ses castings foireux pour des émissions de télé-réalité. Elle parle aussi du féminisme, du foot ou de colonisation du Congo et de son évangélisation... ce qui vaut d’être censurée à deux reprises ! « Mon spectacle se veut feel good. Il n’est pas à proprement parlé engagé, cela reste de l’humour. Il mêle de la danse, du chant, des marionnettes, de la guitare, etc. Il est varié, ça bouge dans tous les sens. Je veux donner de la pèche aux gens.  »

OUVRIR LA PORTE.

Cependant, le rire n’’est pas totalement gratuit ni innocent. « Le message, si je peux employer ce mot, c’est de dire aux gens d’aller au bout de leurs rêves, explique-t-elle. Il ne faut pas attendre qu’on nous ouvre la porte, il faut l’ouvrir soi-même. Si j’avais dû attendre que les choses se réalisent, je n’aurais pas fait grand-chose. Braver les stéréotypes, m’auto-promouvoir m’ont permis d’avancer. Il ne faut pas baisser les bras.  » Mine de rien, elle dispense quelques valeurs qui lui sont chères. « Le vivre ensemble, la générosité sont vraiment importants pour moi, surtout aujourd’hui. Et l’Amour, avec un grand A. C’est pour cela que j’aime la scène. On est tous ensemble, on rit, il n’y a pas de triche. »
Cette ouverture à l’autre, Cécile Djunga l’a principalement acquise dans le scoutisme, une période essentielle de sa jeunesse. « On y apprend à vivre en communauté, à partager avec les autres, à prendre soin des plus petits, des plus faibles. Je suis de confession catholique, j’ai grandi dans cette religion. Le partage, l’amour, la tolérance, qui sont des valeurs catholiques, sont aussi des vertus humanistes. Elles sont très importantes et j’ai envie de les mettre en avant. Si un jour j’ai des enfants, je les leur transmettrais. »
Chez les scouts, son « quali » était « à toi l’antenne ». « Je suis un boute-en-train, sans cesse de bonne humeur et positivant en toutes circonstances. Et j’ai toujours voulu être différente, sans forcément être une rebelle. Cette envie de me démarquer a été confortée par mon métier : comme comédienne, si tu ressembles à tout le monde, tu ne travailles pas. »

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Michel PAQUOT

Time’s up, tout l’été sur OUFtivi
Site de Cécile Djunga : www.ceciledjunga.com/

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