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NATASHA ST-PIER : Une canadienne chez Ste Thérèse

Chanteuse et animatrice télé, Natasha St-Pier multiplie les rà´les et les expériences. Entre « The Voice », « Les Chansons d’abord » et la prochaine Eurovision, elle interprète aussi les textes de Sainte Thérèse de Lisieux. Agenda chargé pour une artiste à la voix dorée.

« J’ai toujours aimé la télé et cela fait des années que j’ai envie de présenter des programmes musicaux. J’ai commencé par des émissions spéciales, comme celles consacrées à Gainsbourg ou Michaël Jackson. Puis, sur une chaîne câblée, j’ai animé une émission qui comparait des célébrités à des personnes anonymes... Et là , c’est la première fois que je me retrouve avec une émission sur une chaîne hertzienne. »

Autant dire qu’à la télé, Natasha connaît la chanson... Avec sa deuxième participation au jury belge de « The Voice », la pétillante canadienne est comblée. « Lorsque l’on m’a approchée, j’ai de suite dit oui. Cela m’intéressait de coacher de jeunes talents, de les encourager, de les aider à se développer. Il n’y a pas beaucoup de portes aujourd’hui pour entrer dans le milieu artistique. Ces jeunes talents ont peut-être besoin d’une petite vitrine. J’ai naturellement accepté cette invitation, cela me plaisait de les accompagner. »

Et l’expérience est jugée enrichissante : « Je me rends compte que d’avoir la carrière ou bien le destin de quelqu’un d’autre entre les mains, c’est stressant. Plus que de gérer sa propre carrière parce que l’on veut être sûr de ne pas faire d’erreurs. J’apprends beaucoup de choses car je dois gérer beaucoup plus de choses que ma petite personne » sourit Natasha.

Toute petite...

Ses premières planches, Natasha les foulera dès l’âge de huit ans. De spectacles en galas, elle se fait une place. « J’ai toujours un peu fait partie du monde artistique, confie-t-elle. Mon premier album, je l’ai sorti à quatorze ans. Et à cette époque, les émissions de télé-crochet n’existaient pas ou n’avaient pas la place qu’elles ont aujourd’hui.  »

Aujourd’hui, à presque trente trois ans (qu’elle aura en février), l’artiste n’a guère le temps de regarder en arrière sur sa carrière de dix huit ans de chansons... Les projets se suivent. On la retrouve à présent dans « Les Chansons d’abord » sur RTBF/FR3/TV5 Monde. « C’est une émission que l’on veut très familiale. C’est important pour nous de toucher un public large où les enfants et les parents ne s’ennuient pas. On a créé un concept où l’on regarde l’actualité de la semaine et celle de la même semaine il y a 10, 20 ou 30 ans. Pour telle ou telle décennie, on a un paquet d’artistes qui ont fait l’actualité et on essaye de choisir les retours en arrière en fonction des invités d’aujourd’hui. Ils nous parlent de leurs idoles de l’époque. Avec une équipe de cinq jeunes talents qui m’accompagnent, on peut reprendre et rechanter ces chansons.  » Par le biais ces réinterprétations, c’est aussi une autre manière de mettre en avant de jeunes artistes avec de superbes voix. Des jeunes qui ont aussi besoin d’une vitrine...

D’une sainte à l’autre...

En attendant d’enfiler le rà´le de prochaine présentatrice de l’Eurovision 2014 sur FR3, Natasha St-Pier est tout de même remontée sur scène. Notamment avec la tournée « Thérèse, vivre d’amour » qui fait suite à l’album éponyme sorti en avril 2013. C’est le compositeur français Grégoire qui a voulu mettre en musique les poèmes de cette carmélite du XIXe siècle, aidé par un chanteur chrétien, Grégory Turpin. Et Natasha a accroché...

« Le personnage de Ste Thérèse de Lisieux m’a interpellé. Quand on m’a approchée pour faire cet album, on m’a présenté les chansons sans me dire que les textes avaient été écrits par Ste Thérèse... Et du coup, comme je ne connaissais pas très bien le personnage, je ne m’en suis pas rendu compte ! Si on le sait, ces chansons peuvent avoir une connotation religieuse, mais si on ne le sait pas, elles n’en n’ont pas à priori. Cela m’a donc surprise et il a fallu que j’aille aux sources pour relire ce qu’elle avait fait. J’ai du vraiment m’approcher du personnage pour pouvoir interpréter ces chansons avec l’émotion que Thérèse aurait voulu mettre dans ses textes. »

Pour Natasha St-Pier, Thérèse est aussi très actuelle. « C’est un personnage qui est perpétuellement dans l’actualité. C’est une figure de la spiritualité au sens large, qui parle aux gens de toutes religions, de toutes confessions. La preuve de cette actualité ? Elle a été mise à l’honneur l’an dernier par l’Église catholique. »

Identité et spiritualité

Catholique, Natasha St-Pier ne s’en cache pas. « Je ne dirais pas que c’est une part importante de mon identité. Mais cela fait partie de ma vie de famille. Je préfère dire que la religion a une place dans ma vie privée et que ce n’est pas comme cela que je m’identifie publiquement. Je n’aime pas trop que les gens se définissent par leur religion ou par leur nationalité ou leur couleur de peau... Je trouve que c’est exclure tous les autres d’un coup. C’est un peu agressif !  »
Et dans le monde artistique, cette identité s’affirme pourtant. « Cela se dit facilement. Les artistes forment malgré tout un milieu très ouvert, comparé à d’autres mondes. Il y a des gens de diverses confessions ; juive, chrétienne, musulmane. Ils sont artistes avant tout et réussissent dans leur métier. Chanter, c’est quelque chose qui demande que l’on aille puiser au fin fond de nous-mêmes, et qui donc fait forcément appel à notre spiritualité » conclut-elle.

Pudeur

Le disque et le spectacle « Thérèse, vivre d’amour » signifient-ils que Natasha St-Pier joue sur un registre plus personnel ? « Je ne sais pas si c’est un registre plus personnel. Cela fait plusieurs albums où je m’investis un peu plus. Ici, j’ai du mal à dire que ce soit plus personnel car les textes et les musiques ne sont pas de moi. Mais c’est en tout cas un album qui me parle de par sa musicalité et par ses textes. S’il n’est pas entièrement de moi, je ne peux toutefois pas dire qu’il soit éloigné de moi. Je dirais même qu’il est très proche de moi » analyse Natasha St-Pier, avec pudeur.
Une pudeur qu’elle défend assez justement. Victime malgré elle d’un buzz, où elle posait seins nus et enceinte en couverture d’un magazine people, Natasha reste sereine. « Cette couverture s’est révélée être une blague. C’était un peu gros comme histoire... Cela ne m’a pas trop blessée. Ma famille non plus car elle savait que je n’étais pas enceinte. Ce genre de blague est bête, sans plus. J’ai globalement de la chance d’avoir une vie privée qui est très protégée. Les paparazzis me laissent assez tranquille. Au canada, on ne connaît pas ce genre de presse people. Et en Belgique, il y en a beaucoup moins qu’en France. »

Stephan GRAWEZ

Cet article a été publié en version restreinte dans le N° 363 du magazine L’appel (janvier 2014).

(Photo : © Photo : Klaus Roethlisberger)

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