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Edito

SE PARLER, POUR SE COMPRENDRE.

Un reÌ cent comptage opeÌ reÌ par le quotidien ameÌ ricain Washington Post reÌ veÌ€le que Donald Trump prononce en moyenne sept fake news par jour. Le meÌ‚me calcul n’a pas eÌ teÌ meneÌ pour d’autres personnaliteÌ s connues pour leur propension aÌ€ adapter la reÌ aliteÌ aÌ€ ce qu’elles voudraient qu’elles soient. Mais cela confirme que, aujourd’hui, de plus en plus de gens se baÌ‚tissent leur propre veÌ riteÌ sur base de l’image qu’ils se font du monde, de ce qu’ils voudraient qu’il soit, et non en tenant compte de ce qu’il est. Quand la reÌ aliteÌ ne satisfait pas, il suffit alors d’affirmer que c’est elle qui se trompe. Et ses convictions ne sont ainsi jamais remises en cause.

AÌ€ l’heure actuelle, les humains aÌ€ l’esprit critique, pourfendeurs de fausses nouvelles, vilipendent volontiers les personnages publics, et en particulier les hommes politiques qui profeÌ€rent des fake news. Il ne faudrait pas oublier que d’autres lieux de pou- voir, et notamment les EÌ glises, ont elles aussi, en leur temps, preÌ feÌ reÌ adapter certaines reÌ aliteÌ s aÌ€ leur vision du monde, de leurs croyances ou de leur foi, plutoÌ‚t que tenir compte de ce que celui-ci eÌ tait reÌ ellement. Et l’on a le droit de se demander si, meÌ‚me pour les EÌ glises, cette eÌ€re est bien compleÌ€tement reÌ volue...

Devant pareille situation, il est plus que jamais temps de prendre conscience de la diversiteÌ des eÌ‚tres, des choses, des courants de penseÌ es et des convictions. Nous sommes tous sur le meÌ‚me bateau. Celui-ci n’avancera pas et ne se sauvera pas du naufrage si les uns et les autres s’agonissent d’injures en se traitant de producteurs de fausses nouvelles, ou meÌ‚me plus simplement en ignorant ce qui fait cette diversiteÌ qui nous entoure et, au nom de notre humaniteÌ , devrait ne cesser de nous enrichir.

En se preÌ sentant comme « magazine chreÌ tien de l’actu qui fait sens  », L’appel entend promouvoir cette recherche commune du sens, en favorisant la deÌ couverte des uns et des autres dans leur richesse et leur varieÌ teÌ . Depuis quelques anneÌ es, nous avons ainsi petit aÌ€ petit ouvert nos colonnes aÌ€ d’autres convictions que celles de l’EÌ glise catholique romaine, humus sur lequel notre magazine est historiquement neÌ et a grandi. Nous avons d’abord inviteÌ une pasteure, puis, dans le cadre d’une reÌ feÌ rence aux « religions du livre », une femme rabbin et, plus reÌ cemment, un intellectuel musulman. Dans chaque cas, ces collaborateurs ont eÌ teÌ choisis pour leur ouverture, leur deÌ sir de dialogue et d’eÌ change.

Notre ambition n’est pas de faire de L’appel une tribune de toutes les convictions. Notre magazine n’est pas d’abord un lieu ouÌ€ s’expriment des opinions d’auteurs, mais un organe de presse reÌ veÌ€le l’actualiteÌ qui fait sens en donnant la parole aux personnes, aux faits et aux lieux.

Il nous semblait toutefois que, dans cette volonteÌ d’eÌ change et de deÌ couverte, il nous manquait une part importante de la socieÌ teÌ : tous ceux qui s’y reÌ clament de la laïciteÌ . Non dans le but de pourchasser les religions et de les eÌ radiquer, mais parce que telle est leur manieÌ€re de voir le monde et de le vivre.
Nous sommes donc treÌ€s heureux d’accueillir aÌ€ partir de ce numeÌ ro une repreÌ sentante de la laïciteÌ . Nous l’avons approcheÌ e parce qu’elle eÌ tait connue pour son esprit d’ouverture et sa volonteÌ de concreÌ tiser le courant d’ideÌ es laïque.

Nous remercions madame Josiane Wolff, preÌ sidente du Centre d’Action Laïque du Brabant wallon, d’avoir accepteÌ de faire ce bout de chemin avec nous.

Frédéric ANTOINE

Rédacteur en chef

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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