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Rien qu’un don ?

Marie-Noëlle de Callataÿ est une soprano incroyablement doueÌ e et c’est ce don qui la pousse, presque malgreÌ elle, aÌ€ faire carrieÌ€re dans l’art lyrique.

« J’ai longtemps cru que j’étais bête, du moins c’est ce qu’on m’a fait croire} », dit Marie-Noëlle de Callataÿ. Elle ne s’est jamais sentie treÌ€s aÌ€ l’aise aÌ€ l’eÌ cole et aÌ€ la fin de ses eÌ tudes secondaires, elle abandonne treÌ€s vite les cours de secreÌ ta- riat qu’elle avait entameÌ sSi elle choisit de s’inscrire au conservatoire, c’est surtout parce qu’elle est naturellement doueÌ e pour le chant. Elle y devient l’eÌ leÌ€ve de Jules Bastin. Elle avoue humblement qu’elle a choisi cette voie par faciliteÌ , presque par paresse. Toute jeune deÌ jaÌ€, elle eÌ coutait et elle imitait les disques d’art lyrique. « Chanter, c’est la seule chose que je savais bien faire. Ça sortait tout seul ! » Au bout de deux ans, elle obtient son premier prix de conservatoire. Elle reÌ ussit brillamment tout ce qu’elle entreprend, meÌ‚me s’il n’y a que le chant qui l’inteÌ resse. En effet, les autres cours l’ennuient profondeÌ ment.

CHANTER D’INSTINCT

ApreÌ€s qu’elle a obtenu un troisieÌ€me prix aux Concours Internationaux de chant de –˜s Hertogenbosch, aux Pays-Bas, en 1987, Jules Bastin lui propose de participer auConcours Reine EÌ lisabeth qu’il est en train de mettre sur pied. Elle y reçoit, en plus de sa place de laureÌ ate, le prix du Public en 1988. C’est laÌ€ qu’elle deÌ couvre le trac, devant le jury composeÌ de chanteurs prestigieux. AÌ€ 21 ans, la carrieÌ€re de cantatrice lui ouvre grand les bras, mais elle ne s’y engage qu’avec prudence. « Le don que j’ai reçu eÌ tait en contradiction avec ma nature, dit-elle. Je n’aimais pas travailler le chant. J’ai longtemps chanteÌ du baroque parce que ça marchait bien, mais je n’aimais pas. » Elle reste hermeÌ tique aux cours et conseils de la plupart de ses professeurs. Ce qu’elle aime, c’est chanter d’instinct, mais quand chaque note doit eÌ‚tre corrigeÌ e et penseÌ e, le travail lui peÌ€se. Elle exeÌ cute cependant les taÌ‚ches qu’on lui confie avec un souci de la perfection extreÌ‚me. AÌ€ l’eÌ poque, elle chante avec sa gorge et n’arrive pas aÌ€ utiliser tout son corps. Elle manque de volume et cela la frustre.

PAS DE PLAN DE CARRIÊRE

La jeune femme chante cependant beaucoup. Elle se fatigue et a de plus en plus de mal aÌ€ concilier son travail et sa vie de famille. C’est qu’entre-temps, quatre enfants sont neÌ s et qu’elle a envie de leur consacrer du temps. Aussi, lorsqu’elle apprend qu’elle a des nodules sur les cordes vocales, c’est presque un soulagement. Elle va pouvoir enfin se reposer. Elle n’a jamais eÌ teÌ carrieÌ riste, elle n’a pas cette fibre-laÌ€ et se refuse aÌ€ faire des projets aÌ€ long terme. Sa carrieÌ€re s’est construite au fil des rencontres et des demandes. Aujourd’hui que sa voix est gueÌ rie, elle essaie de chanter enfin ce qu’elle aime. Ce n’est que reÌ cemment, avec un nouveau professeur, qu’elle a deÌ couvert de nouvelles sensations physiques en chantant avec tout son corps. Depuis peu, elle forme, avec Sophie de Tillesse et Anait Karpova, le Krocus Trio, qui se fait une speÌ cialiteÌ de chanter des duos avec piano de compositeurs belges et eÌ trangers de toutes les eÌ poques.

CHANTER CE QU’ON AIME

AÌ€ la musique trop ceÌ reÌ brale, elle preÌ feÌ€re la musique romantique qui la transporte dans l’eÌ motion. « Je n’aime pas quand c’est trop intellectualisant, confie-t-elle. Je suis treÌ€s naïve, treÌ€s concreÌ€te. Je prends les mots au premier degreÌ et je ne sais pas lire entre les lignes. » C’est pourquoi Marie- Noëlle de Callataÿ avoue avoir du mal avec la symbolique poeÌ tique ou les rites religieux, dont elle ne perçoit pas bien le sens. Ce qu’elle preÌ feÌ€re aÌ€ la messe, ce sont les homeÌ lies, lorsqu’elles sont bien faites et qu’elles reÌ sonnent avec la vie quoti- dienne. Aujourd’hui, elle semble avoir trouveÌ un nouvel eÌ quilibre. MeÌ‚me si elle donne encore des concerts importants et qu’elle accompagne parfois la chorale de son mari, ce n’est plus le chant qui occupe toute sa vie. Sa fille aiÌ‚neÌ e, perfectionniste comme elle, lui a fait deÌ couvrir reÌ cemment une phrase qui repreÌ sente sa devise pour le moment : « Je ne fais rien, mais je le fais bien. » Toutefois, lorsqu’elle ouvre son agenda, elle constate qu’il lui faudra encore du temps pour apprendre aÌ€ ne rien faire...

Jean BAUWIN

Marie-Noëlle de Callataÿ chantera La passion selon Saint-Jean de Bach le 26 mars aÌ€ Leuven au Lemmens- instituut et le 27 mars aÌ€ Mol, et le Requiem de FaureÌ aÌ€ Tournai le 28 mars. Le 9 mai, elle accompagnera le choeur d’hommes Les Anonymes du XXe sieÌ€cle aÌ€ l’eÌ glise de Tourinnes-la-Grosse.
Avec le Krocus trio, elle donnera des concerts les 24 et 26 juillet dans le cadre des festivals de Wallonie et de l’eÌ teÌ mosan.

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