Le rendez-vous des Niouzz

Le rendez-vous des Niouzz

Depuis mars 2000, la RTBF propose un rendez-vous régulier pour expliquer l’actu aux 8-12 ans. On retrouve aujourd’hui aux manettes de l’info, Max, Luana et Prezy. Un trio qui souhaite informer sans inquiéter.

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Publié le

30 avril 2025

· Mis à jour le

4 mai 2025
Les 3 animateurs de l'émission Niouzz
Trois animateurs pour mettre les informations à la portée des jeunes et développer leur esprit critique.

« Fin des années nonante, la RTBF commençait à réfléchir à des projets pour pouvoir répondre à une demande face à des enfants qui entendaient des actualités parfois atroces et qui se posaient des tas de questions. À cette époque, il n’y a pas vraiment de média qui leur expliquait les choses de manière vulgarisée et adaptée à leur âge » analyse Max, animateur aux Niouzz. À cette période, une actualité va particulièrement les bousculer : l’affaire Dutroux. Il y aura ensuite le naufrage du sous-marin russe Koursk en août 2000. 

Max a alors 7 ans. « Ce drame a été traité par Les Niouzz, se souvient-il. Il y avait une centaine d’hommes qui sont morts noyés. On voyait le drame des familles dans l’attente. Puis il y a eu les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Je pense que, depuis cet événement, les Niouzz n’ont jamais cessé d’être importants pour les enfants. » Dans sa mission d’informer sans inquiéter, le JT des enfants aura vu défiler d’illustres présentateurs, devenus aujourd’hui journalistes “adultes” ou responsables d’autres émissions dans les grilles du média de service public :  Marie Bourguignon, David Wathelet, Gwenaëlle Dekegeleer, Adrien Devyver, Cathy Immelen, Justine Katz, Thomas Gadisseux…  « Pour tous ces journalistes, l’important a toujours été de donner une actu adaptée et de ne pas apporter un sur-stress. L’idée, c’est aussi de ne pas édulcorer ou d’occulter l’information. Il faut dire ce qui se passe. »

UN DOUBLE RECUL

Le choix de la rédaction est clair : pas question de jouer sur les peurs pour faire de l’audience… La dynamique est inverse : informer, expliquer. Et rassurer s’il y a lieu. « Je pense qu’en expliquant les faits, on peut en tout cas atténuer certaines peurs, certaines paniques, tout en étant factuel », estime Max. Dans l’équipe des Niouzz, l’exigence d’un double recul est bien comprise : celui de tout journaliste face aux faits, c’est le traitement de l’info. Et celui, particulier, par rapport à l’âge du public cible. « Nous avons deux grandes missions. La première concerne les sujets : comment sont-ils choisis ? Qu’est-ce qui inquiète les 8-12 ans ? Qu’est-ce qui peut être en train de les faire paniquer ou de leur faire poser des questions ? Et quels sont les sujets qui les concernent directement ? Mais notre journal va aussi jouer un second rôle : parler de leur quotidien à eux, comme jeunes. Par exemple : une grève dans l’enseignement, le CEB, une réforme au niveau des cours de récré, un nouveau jeu vidéo qui va sortir… Il y a vraiment cette double optique qui va nous aider dans la ligne éditoriale. »

Avec ses 7 années d’ancienneté aux Niouzz, Prezy ajoute : « Déjà, ce qui est réconfortant, c’est qu’on pourrait croire que les enfants ne sont pas intéressés par l’information. Mais si, ils le sont ! C’est juste le packaging qui change. Tout dépend comment on amène l’info. Notre formule est adaptée pour eux. Dans le sens où ils sont assidus. Je suis très étonné, et je m’en réjouis, du fait de savoir que la plupart des écoles en Wallonie suivent les Niouzz, utilisent nos sujets dans leur cours, commencent leur journée à l’école en visionnant l’épisode de la veille. On est au cœur de la cible. »

SORTIR DU STUDIO

Dans les offres ciblées proposées par la RTBF, les Niouzz ont consolidé leur public des 8-12 ans. « Quand on va dans les écoles pour tourner une émission spéciale, explique Max, c’est vrai que, parfois, il y a des plus petits dans certaines classes, même si c’est quand même assez peu fréquent. On estime qu’il est plus compliqué de parler d’actualité avec eux car ils ont déjà tellement de choses à apprendre et à découvrir. Plus tard, pour les plus de 12 ans, la RTBF propose Mise à jour, le compte Instagram et le TikTok de la RTBF. Il y a aussi la web radio Tarmac pour les jeunes à partir de l’adolescence jusqu’à 25-30 ans. »

Pour Prezy, le bain de foule dans les écoles est un grand moment. « On sort des murs du studio et des écrans. Techniquement, pour eux, c’est un peu la magie : ils nous voient en vrai. Aujourd’hui, je suis à Crisnée, à l’école la Buissonnière pour tourner deux épisodes. C’est quand même à chaque fois un peu le bordel dès que je mets mon nez dehors avec les élèves, sourit le journaliste d’origine camerounaise.  Je suis en train de vous parler, mais ils sont tous autour de moi à me dire : “Tu es sorti de la télé et tu es là avec moi”. Ou encore : “S’il te plaît, est-ce que tu peux dire petit poulet ? Il a dit petit poulet. C’est trop génial. C’est drôle”. » 

S’il a le bon feeling, un rien rigolard avec les enfants, Prezy n’en oublie pas sa mission. « Ils grandissent dans un monde assez différent du nôtre et nous leur donnons des clés compréhension. Nous, on a grandi dans un monde où le numérique et l’intelligence artificielle n’existaient pas encore vraiment comme aujourd’hui. Eux, ils sont en plein dedans. Nous, on a fait la transition entre ces mondes. Aujourd’hui, à quoi se confrontent-ils ? Ils font face aux fake news et à un flot d’informations qui leur viennent d’un peu partout. Au-delà de leur dire ce qui se passe ici ou là, l’idée est de décrypter : ne te fais pas avoir, remets en question, fais parler ta jugeote et ton instinct. » 

VRAIS JOURNALISTES

Le trio qui pilote Les Niouzz, ce sont d’abord des journalistes. Max, arrivé il y a trois ans, a étudié à la Haute école de la Province de Liège et a poursuivi son master en communication à l’IHECS. Même diplôme pour Prezy, mais aux Facultés Saint-Louis à Bruxelles. Luana, arrivée il y a quatre ans, a étudié la psycho et poursuivi avec le journalisme. L’équipe fonctionne comme une rédaction à part entière, avec accès aux dépêches d’agences, aux images du monde entier et, surtout, au partage d’informations et d’images réalisées par les diverses rédactions ou centres régionaux de la grande maison Reyers. « Je pense que la moitié de ce qu’on produit, de ce qu’on présente tous les jours, commente Max, est sur base des images tournées par des collègues RTBF.Et puis, il y a de plus en plus de choses sur les réseaux sociaux qu’on fait remonter aussi en termes de vidéos. Tous les matins, nous tenons une réunion de rédaction avec nous trois – les présentateurs – et une série de journalistes rédacteurs. Nous avons la chose de travailler avec la même équipe tout le temps, en mode projet. C’est plus stable qu’avant. »

Stephan GRAWEZ

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