Embarquement immédiat avec Irma

Embarquement immédiat avec Irma

Une baleine, un avion, des paysages, des fragments d’autobiographie… « Le voyage d’Irma » ou la maestria du Belge Mathias Baijot qui prend son temps. Découverte et ravissement. 

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Publié le

31 janvier 2025

· Mis à jour le

6 mars 2025
Image d'illustration de la BD montrant des lamas

Quand Irma se présente à l’aéroport, elle connaît la destination de son voyage. Elle en connaît aussi le but. Mais là s’arrête son savoir. Irma est une baleine. Elle s’en va rejoindre Léon le héron, Simone la vigogne et d’autres animaux encore avec qui elle a prévu d’effectuer une tournée des contes. Chaque jour, le van conduit par Léon emmènera la petite troupe dans un lieu différent pour écouter une histoire contée par un des leurs.

Mais pourquoi une baleine ? « Je sentais que l’éclosion de cette histoire était amorcée par une expérience vécue. Je souhaitais m’en détacher, faire glisser et déplacer cette réalité dans un monde animal pour m’adresser, raconter, répond Mathias Baijot qui signe son premier roman graphique. La baleine voyage sur le long cours, mais elle n’est pas un prédateur. Cela me correspond. » Et en effet. Irma a beau prendre énormément de place sur les pages ou dans la camionnette, sa silhouette glisse avec douceur et discrétion dans un récit qu’elle ouvre largement à la rencontre. Celle des paysages d’abord. Des pages voluptueuses sont consacrées à ceux observés à travers le cadre étroit du hublot. Traités sur un mode graphique, ils scandent lentement le temps du voyage. Pourtant, dès la toute première page, on a été averti : « La vie va super vite… » Vite ? 

Oui, certes, on connaît la brièveté de la vie et la vitesse des avions. Néanmoins, et d’emblée, le récit se déroule sur un mode méditatif, fait de lenteur et de contemplation. Voici donc des paysages qui défilent au fil des pages. Voici même les pages noires de la nuit, celles à peine troublées de la somnolence. Le temps ralentit et le lecteur n’a d’autre choix que de suivre le rythme paisible qu’impose le regard d’Irma. Il savoure alors un dessin puissant, un récit qui se meut librement, parfois déroutant et à nul autre pareil. Dans cette vie qui va super vite, il y a un espace pour une forme d’émerveillement et un temps pour la subtilité.  

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