Le visible et l’invisible

Le visible et l’invisible

Et si le mythe, qui ne livre pas ses secrets, mais force le lecteur à déployer son intelligence pour ne pas être dupe, était un remède au fondamentalisme ?

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Publié le

30 septembre 2024

· Mis à jour le

21 février 2025
Le chroniqueur Hicham Abdel Gawad regardant la caméra, se trouvant à l'extérieur devant un buisson

En première partie de son ouvrage de référence, Aux origines de la philosophie européenne, le chercheur Lambros Couloubaritsis décrypte les logiques propres aux textes mythologiques. Il montre comment un mythe est intrinsèquement trompeur. Hésiode fait en effet déclarer aux muses qui les inspirent : « Nous disons des mensonges semblables aux choses expérimentées, mais quand nous le voulons, nous savons aussi faire entendre des choses vraies. »

AVEU DE MODESTIE

Le mythe est donc intrinsèquement un genre littéraire exigeant. Il ne livre pas ses secrets, mais force le lecteur à déployer son intelligence pour ne pas être dupe. En un sens, le genre mythologique est un aveu de modestie qui s’oppose à un orgueil peut-être très moderne. Alors que l’homme moderne prétend en permanence vouloir dire la vérité, le mensonge étant l’exception, les muses, qui représentent en quelque sorte l’homme archaïque, partent au contraire du principe que c’est la vérité qui est l’exception. N’est-ce pas là une manière de reconnaître la valeur intrinsèque de la vérité ? Une façon de dire que l’être humain est tellement faillible que la vérité ne saurait être autre chose que sporadique, dans sa bouche ?

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