Dans cette période où la violence mondiale se nourrit éhontément du conflit israélo-palestinien, voici les quelques principes auxquels j’essaie de me tenir, sous forme de notes personnelles, pour bien montrer leur caractère toujours incomplet, car toujours en évolution.

(1) « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage. » Me rappeler que ma liberté est inaliénable et que personne ne peut m’obliger à quoi que ce soit. Je décide, j’assume. Me rappeler que l’Éternel est l’inspiration de l’infini des possibles, de la création perpétuelle de meilleures solutions.

(3) « Tu n’invoqueras point le nom de l’Éternel ton Dieu à l’appui du mensonge. » Ne pas utiliser d’artifices manipulatoires, ni le “nom de dieu”, ni des insultes, ni des chantages émotionnels ou autres. Ne pas essayer d’impressionner. Ne pas me laisser impressionner. Lutter contre les phénomènes de foules et la façon dont ils impressionnent les individus. Résister aux vagues.

LE TEMPS LONG

(5) « Honore-nourris ton père et ta mère… » Me souvenir que les batailles réelles se jouent sur le temps long, l’histoire, dans l’héritage des sagesses de résistances ancestrales et en connexion avec la transmission de ces méthodes vers l’avenir. Rester transgénérationnelle. Essayer d’être autant en présentiel qu’en youtube, insta ou tiktok.

(6) « Ne commets point d’homicide. » Ne pas tuer. En aucune façon. Ni par meurtre, ni par humiliation, ni par médisance, ni par exclusion, car la solitude tue. Ni en parole. Ne pas minimiser la souffrance des Palestinien·nes, par peur qu’on l’utilise pour justifier l’antisémitisme, c’est-à-dire qu’on mette ma sécurité en péril. Ni minimiser la souffrance des Israélien·nes, par peur qu’on m’accuse de communautarisme. Mais parler des souffrances en Ouganda ? Puis-je le faire sans donner l’impression de “changer de sujet” ? Mais qui décide de “quel est le sujet” ? Puisque certaines choses ne peuvent être entendues de ma bouche, faire alliance avec d’autres, pour porter mutuellement nos paroles, pour éviter qu’elles ne soient récupérées au service de la justification de l’homicide. Me défendre au mieux contre d’éventuelles agressions, pour ne pas laisser commettre d’homicide sur ma personne.

RESPECTER LA PAROLE

(7) « Ne commets point d’adultère. » (8) « Ne commets point de larcin. » (10) « Ne convoite pas. » L’idée d’adultère (7) dans ce contexte des dix paroles est celle du vol (8) de la femme d’autrui, femme totalement “objectifiée” puisqu’elle peut être “volée”. La convoitise (10) est le désir d’appropriation. Ne rendre personne “objet”. Ne m’approprier la parole de personne. Dans la parole de toute personne, respecter tout ce qu’elle dit d’elle-même, de ses sentiments, de ses désirs, de ses choix. Empathie totale pour ses sentiments. Recul, examen et libre jugement et libre pensée pour les faits et les opinions qu’elle mentionne. Refus du piège du “si tu me comprends inconditionnellement, tu dois me croire inconditionnellement”.

(2) « Tu n’auras point d’autre dieu que moi. Tu ne te feras point d’idole, ni une image quelconque… Je suis un Dieu exclusif qui rapporte le crime des pères à celui des enfants… » Vérifier que, seules, la liberté, la justice et la paix guident mes actes. Garder du recul par rapport aux “images construites”, aux discours. Me souvenir tout acte est lourd d’“engendrements”, de conséquences. Quelle que soit la pression, ne pas servir les attitudes guerrières : agir pour la justice et non pour la reconnaissance sociale, l’adrénaline, le sentiment de bonne conscience, les followers, la facilité de suivre la meute.

(4) « Pense au jour du Sabbat pour le sanctifier… » Prendre soin de moi et de mes proches, avoir des temps de récupération, manger, dormir, marcher, méditer, me souvenir qu’un monde de paix, de justice et de solidarité est à portée de main.

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