Olivier Monssens ressuscite Caroline

Olivier Monssens ressuscite Caroline

Aux manettes de Radio Caroline, l’animateur et réalisateur Olivier Monssens narre la contre-culture des dernières décennies. Doté d’une double vocation médiatique et de service public, il vit de sa passion de toujours : raconter des histoires. 

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Publié le

31 janvier 2025

· Mis à jour le

26 février 2025
Visage d'Olivier Monssens avec écrit à côté "Radio Caroline" sur un fond violet

Entre Marcel (Superstar) et (Radio) Caroline, on serait tenté d’évoquer sa carrière par quelques prénoms iconiques, mais résumer sa si longue production reste difficile. Animateur, réalisateur et documentariste, Olivier Monssens a posé son empreinte sur la culture francophone grâce sa vocation, toujours la même. « Mon obsession, confie-t-il, c’est de raconter des histoires. En émission avec Radio Caroline, en chronique avec Élodie de Sélys et Xavier Van Buggenhout, ou à travers mes documentaires, j’adore ça. » 

PASSION PRÉCOCE

Olivier Monssens a toujours su qu’il travaillerait dans les médias. « Enfant, je construisais des studios de radio et de télé avec mes Lego », évoque-t-il. Début des secondaires, il prépare sa plume en rédigeant pour le magazine de l’école. Une première surface d’expression qui lui servira de prétexte pour rencontrer les personnalités qu’il admire. C’est de cette manière qu’il découvre les coulisses de la RTBF à 13 ans, où il croise Marc Moulin, qui le marquera durablement. « J’ai toujours été intéressé par cet univers, explique-t-il. Mais lorsqu’il s’est agi de choisir mes études, je me suis dit que, de toute façon, je travaillerais dans les médias, et qu’alors, autant étudier une discipline qui m’ouvre l’esprit à autre chose. » Il opte alors pour un master en sociologie, où il apprend à recouper les sources, vérifier l’information, interroger les faits. « La sociologie est une excellente école de journalisme. Quand j’écris des récits, je ne peux pas me contenter des premières sources que je trouve. Je dois confronter les choses, approfondir, chercher les angles inusités… »

Son diplôme en poche, arrive l’âge du service militaire. Il opte pour le service civil dans une ASBL liée à une société de production de télévision, où il fait ses premières armes en tant que petite main. Parallèlement, il entretient ses contacts à la RTBF et propose une chronique à un copain dans la place. « Avec les congés de l’été, les grilles de programmes présentaient quelques creux qui se sont avérés autant d’opportunités. J’ai obtenu une chronique quotidienne qui tournait déjà un peu autour des coulisses de la musique. » Il intègre ensuite RTL Télévision, chaîne qu’il n’avait pas initialement envisagée. « Je venais d’un univers plutôt orienté vers le service public, mais j’avais remarqué une émission pour ados, Clip Clap, qui était vraiment bien foutue. » Il y obtient une chronique régulière. Cette collaboration l’amène à présenter une émission de débat pour jeunes sur Club RTL. Mais l’aventure s’interrompt brutalement lorsque la chaîne supprime l’émission.

MARCEL SUPERSTAR

Ce revers marque un tournant. Il se tourne alors vers Marc Moulin, avec qui il est toujours en contact. Avec l’appui de Jean-Pierre Hautier, il l’aide à intégrer la RTBF. Il débute avec des chroniques, avant de travailler à la production d’émissions emblématiques de la chaîne publique, telles que Le Jeu des Dictionnaires et La Semaine infernale. Dans les années 2000, Olivier Monssens touche au documentaire. Son premier film, Marcel Superstar, rencontre un succès immédiat. « Il raconte l’histoire improbable d’un producteur de province qui a conquis le monde de la variété française. Il m’a donné une légitimité et a marqué un tournant dans ma carrière. » Acclamé tant par le grand public que par la critique, ce projet devient une pierre angulaire de son œuvre. Aujourd’hui encore, les documentaires occupent deux tiers de son temps.

À côté du talent, c’est avant tout le travail qu’il juge essentiel. « Il ne faut jamais se contenter de l’évidence, conseille-t-il à de jeunes réalisateurs qui se lanceraient dans le métier. Creusez, confrontez et après, essayez de parler au grand nombre. Travailler pour Arte, pour la RTBF ou pour France Télévision, qui sont des médias de masse, ne veut pas dire qu’il faut faire du divertissement avec de gros sabots. Mais il ne faut pas non plus faire d’entre-soi. Il faut faire un film qui vous ressemble. Essayez d’avoir du style, d’avoir un regard personnel. » Il recommande encore : « Forcez les portes, n’hésitez jamais à harceler les gens. C’est comme ça qu’on avance ! Au départ, quand j’allais voir Marc Moulin, quand je le rappelais, que j’allais frapper à sa porte, je pense que je l’emmerdais quand même un peu. Mais au final, si vous avez un peu de talent dans le domaine des gens à qui vous vous adressez, on finira par vous laisser essayer. »

À TABLE AVEC…

Son projet actuel, c’est Radio Caroline. Diffusée le samedi midi sur Classic 21, cette émission a été baptisée en référence à la radio pirate éponyme connue pour avoir émis depuis un bateau ancré dans les eaux internationales de la mer du Nord contre la volonté des autorités britanniques. Sous ce format long d’une heure, à travers le récit et les archives choisies, Olivier Monssens raconte les personnages et les phénomènes qui ont fait bouger les choses. « Au départ, il y a huit ans, on avait lancé ça dans la foulée du Summer of Love de 1967, cette espèce de climax du mouvement hippie. Le but est de raconter des histoires et de dire les choses telles qu’elles sont. Sans prise de tête, mais sans édulcorer non plus. J’ai pas mal de témoignages de gens qui adorent l’émission et qui me rapportent que leurs ados veulent aussi l’écouter parce qu’ils y entendent des choses qu’ils ne connaissaient pas, mais qui les intéressent. »

Au fil de sa carrière, l’animateur a croisé de nombreuses personnalités, tant dans les coulisses des médias que devant la caméra. Notamment à l’occasion de son émission Al Dente, dans laquelle il partageait un repas avec un “grand” de la culture française, dans un restaurant bruxellois ou parisien, au milieu d’autres clients. « Pendant 287 émissions, j’étais à table avec des personnalités comme Charles Aznavour, Carole Bouquet, Édouard Baer ou Arno. Je me retrouvais avec ces personnes pendant le temps d’un vrai repas, environ une heure et demie, là où beaucoup de journalistes devaient parfois se contenter de vingt minutes d’interview dans une chambre d’hôtel. » 

Polyvalent, Olivier Monssens produit aujourd’hui sous des formats variés, du podcast au documentaire, en passant par la chronique radio. Les nouveaux médias ne l’effraient pas. « L’idée, c’est de continuer à raconter des histoires sous tous les formats possibles, y compris pour le net, avec des formats qui, à l’avenir, seront probablement moins destinés à la télé proprement dite. J’entends parfois que des gens visionnent mes documentaires sur leur téléphone en faisant du rameur ! Par contre, je ne pense pas privilégier les formats ultra-courts, car ils manquent parfois de profondeur. » En jetant un regard sur sa carrière, il n’exprime qu’un seul souhait :« Continuer le plus longtemps possible. Tout ce que je fais m’amuse encore, et je n’ai pas envie que ça s’arrête. » 

François HARDY

Radio Caroline, le samedi de 12 à 13h sur Classic 21.

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