Un polar déjanté

Un polar déjanté

Pour écrire son premier livre, « La brigade des buses », le Liégeois Ludovic Mélon, aujourd’hui policier de terrain à Bruxelles, s’est inspiré de son vécu. Effarant !

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Publié le

31 janvier 2024

· Mis à jour le

6 mars 2025
Photographie portrait de Ludovic Mélon devant un fond de couleur foncée

La police et la presse l’appellent le Rossignol parce que personne ne sait ni qui il est, ni d’où il est. De plus, son mode opératoire est mystérieux. Son activité favorite est le vol de célèbres œuvres d’art de riches collectionneurs. Il est l’acteur principal de La Brigade des Buses, un polar belge complètement déjanté de Ludovic Mélon, à l’humour corrosif et aux rebondissements multiples et variés. En réalité, le Rossignol est double. Il est formé d’Olivier Larnac, devenu par hasard le maire de la ville de Maird il y a plusieurs années, et de son vieil ami et complice Jack Lescrot, qu’il a tout de suite nommé chef d’un commissariat en centre-ville totalement oublié. Ils pourront ainsi poursuivre leurs activités en toute impunité. 

Pour Jack, « finalement, faire le bien, ce n’était pas si difficile. Il suffisait d’être moins honnête que les malhonnêtes. Ça, c’était dans ses cordes. Son rôle le lui avait momentanément fait oublier, mais il avait du talent. Après un master en ruse, il avait enchaîné sur un doctorat en abus de confiance, décroché avec la plus grande distinction, puis deux autres encore. Docteur escroqueries ».

LE COCHON PROSPER

Le jeune homme est chargé par son ami de rétablir la réputation de la Dixième Division qui ne compte plus que trois policiers un peu bras cassés et assez tire-au-flanc. Ils sont secondés par Prosper, leur cochon renifleur de faux billets et fin limier malgré tout. Son portrait, affublé d’un képi, attire d’ailleurs le regard en couverture du roman. « La sonnette mentionnant Police de Maird dans une écriture ternie par les années témoignait de la présence d’un commissariat à cet endroit (…), un escalier peu éclairé conduisait sur un palier étroit aménagé en salle d’attente. Deux chaises dépareillées faisaient face à un guichet vide. De nombreuses affiches de prévention jaunies s’efforçaient de dissimuler les murs d’une peinture verdâtre. Si l’attente ne tuait pas le candidat visiteur, la couleur des murs s’en chargerait… Seul accès aux bureaux, une porte fermée affichait un horaire maintes fois réduit à coups de ratures pour ne laisser visible que l’inscription “sur rendez-vous”. »

Les rues et artères de Maird, au long desquelles le lecteur est invité à déambuler dans les pas des personnages, portent toutes des noms assez incongrus : rue des Fleurants, rue Louche, rue de la Trique, ruelle Biscornue, Venelle des envies pressantes… Les policiers devront, dans cette ambiance, découvrir l’assassin de Beagle. Cet ancien et respecté commissaire a, quelque temps auparavant, été tué au cours d’une enquête durant laquelle il avait trouvé une petite maquette de bois, point commun entre plusieurs crimes non élucidés. Cette maquette apparemment insignifiante est conservée au musée local, le musée Dutish. Son secret sera révélé en même temps que la clé de l’énigme qui aura tenu le lecteur en haleine au long d’une enquête véritablement échevelée. 

MULTIPLES FLASH-BACK

Au cours du roman, de multiples flash-back tentent de dérouter ce lecteur dans les méandres des recherches de Jack Lescrot, qui conclura : « J’ai accepté de travailler dans un bureau insalubre avec un cochon et des grosses mouches comme des balles de golf. J’ai accepté de passer des heures en réunion avec des connards qui débattent depuis des mois d’une charte des valeurs dont tout le monde se fiche. J’ai accepté de travailler avec un type qui m’a fait boire de l’alcool de boulot, un asocial et un troisième qui ne parviendra bientôt plus à passer la porte du commissariat. J’ai accepté qu’on essaye de me tuer à plusieurs reprises ces dernières semaines. J’ai accepté tout cela pour capturer l’assassin de Beagle ! »

Un livre aussi roboratif qu’inattendu, riche en péripéties et situations cocasses qui, aux dires de son auteur, Ludovic Mélon, policier de terrain d’abord à Liège puis dans sa région, aujourd’hui à Bruxelles, sont largement inspirées de ce qu’il a vu et vécu. Pour lui, mieux vaut donc en rire qu’en pleurer.

Michel LEGROS

Couverture du livre "La brigade des Buses" avec un cochon portant un chapeau de policier

Ludovic MÉLON, La brigade des buses, Paris, Calmann-Lévy, 2023. Prix : 14,95€. Via L’appel : – 5% = 14,21€.

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