Mensonges et promesses
Mensonges et promesses
En politique, ici comme ailleurs, les promesses, voire les mensonges sont légion. S’il y a certains menteurs, il y a aussi beaucoup de gobeurs !
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Certes, le spectacle politique américain domine toute les chaînes d’infos et les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. Les annonces – des plus fantaisistes aux bien réelles – se succèdent à la Maison Blanche où la stratégie d’occuper l’espace médiatique est une lame de fond. Être vu et exister est une question de survie pour les hommes et les femmes œuvrant en politique. Mais à quel prix ? La propagande et la désinformation ont toujours été des armes pour faire passer des idées et des projets. Au temps des contre-pouvoirs et des médias d’information “moins” soumis, l’analyse des faits permettait parfois de déceler la supercherie.
Sous beaucoup de latitudes, la concentration des médias limite les capacités d’expression de voix diverses, voire discordantes. Et leur inféodation aux géants financiers ou industriels dissimule (souvent mal) les projets politiques (souvent de droite et de droite extrême) qu’ils veulent voir triompher. Pensons à Fox News aux USA ou à Bolloré en France.
Aujourd’hui, le pouvoir des réseaux sociaux, dépasse celui des médias traditionnels, dont les chutes d’audience restent difficiles à endiguer. Ces réseaux sociaux – présentés jadis comme une nouvelle dynamique citoyenne qui allait émanciper les foules – subissent les mêmes inféodations.
PLAINTE CONTRE X
Pensons à X (anciennement Twitter) et dans une (moindre mesure ?) à Facebook. Leur instrumentalisation dans le jeu des tentatives d’influer sur les élections dans plusieurs pays européens est avérée. Le réseau X est sans doute devenu celui qui symbolise le mieux les projets politiques de soutien aux courants de droite et d’extrême droite dans nos pays européens. Pourtant, le nombre de personnes ayant quitté X serait évalué à 7 millions de personnes par mois entre 2022 et 2025, selon Emarketer. Un chiffre à vérifier mais qui traduit chez ces déserteurs une plainte : celle du refus d’être manipulés et d’être des gobeurs.
Dans ce contexte, où les promesses et les mensonges foisonnent, il est donc primordial de s’informer et de discerner. D’identifier les promesses intenables ou non soutenables : « supprimer la pauvreté », « diminuer les impôts », « stopper l’immigration » … qui ne servent finalement qu’à flatter les électeurs de son propre camp afin qu’ils y retrouvent leurs marqueurs idéologiques.
Dans le monde politique, on essaye tant bien que mal de limiter la casse. Chez nous, des tentatives de charte éthique (en période électorale, promettant une campagne “propre”) restent peu probantes. Des tentatives de chiffrer les promesses restent complexes : soit que l’ont soumette les propositions électorales à l’analyse d’experts (comme le Bureau du Plan) ; soit que l’on tente de donner de la véracité aux objectifs (en les chiffrant : autant de milliers d’emplois nouveaux, autant de % de CO2 en moins). Et plus l’échéance sera de long terme, au moins on s’en souciera et au moins elle risquera de se concrétiser…
TU NE MENTIRAS POINT
À défaut de pouvoir déposer plainte pour publicité mensongère (possibilité réservée au domaine commercial), les citoyens sont sans doute réduits à deux attitudes. Soit constater une forme d’impuissance, qui parfois peut se transformer en sentiment de trahison, voire de dénigrement total de la politique. Soit, malgré une déception, entrer dans une forme de compréhension face au fait que les choses peuvent évoluer. Toujours, chez nous, pensons au revirement des partis environnementalistes face au nucléaire, vu le contexte géopolitique mondial et la crise des énergies.
Entre mensonges et promesses, la différence est parfois ténue. Les effets de manche et les punchlines doivent séduire. Car il faut montrer sa ténacité. Plus on serait concret, meilleur on serait, car cela crédibilise le discours. Plus on serait affirmatif, plus cela rendrait l’action évidente : comme les slogans « remettre de l’ordre » ou « mettre fin aux abus »…
Si les promesses ont de beaux jours devant elles, la résistance aux mensonges s’organise. Pour revenir au pays de l’oncle Sam, les réseaux sociaux se font aujourd’hui l’écho de formes de résistances et de mobilisations face à la déferlantes dictatoriale et fascisante du pouvoir actuel. Il est d’ailleurs surprenant que peu de voix s’élèvent dans ce pays – où toutes sortent de religions (des plus classiques aux plus asservissantes) s’immiscent très profondément dans la sphère politique – pour rappeler ce qui fondent la plupart d’entre elles : l’un des Dix commandements : « Tu ne porteras pas de faux témoignage ni ne mentiras ». Mais le locataire de la Maison Blanche est sans doute déjà au-dessus de Dieu ?
Stephan GRAWEZ