Mais que faire de la Guibole ?

Mais que faire de la Guibole ?

Palme d’Or cette année à Cannes, le film de Jafar Panahi, Un simple accident, entremêle le grave et le comique pour dénoncer la torture et les emprisonnements arbitraires dans l’Iran des mollahs. 

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Publié le

1 octobre 2025

· Mis à jour le

9 octobre 2025
Affiche tirée du film Un simple accident
DILEMME. Faut-il éliminer son ancien tortionnaire où le laisser partir ?

Sur la scène de l’auditorium Louis Lumière, la plus grande salle de projection du Palais des Festivals de Cannes, une chaise vide. Autour d’elle, en ce 12 mai 2010, sont assis les deux femmes et sept hommes composant le jury de la 63e édition de cette prestigieuse manifestation dont c’est l’ouverture. Deux mois plus tôt, celui qui devait occuper cette place, le cinéaste iranien Jafar Panahi, a été arrêté chez lui par le service de la sécurité et jeté en prison, accusé de vouloir réaliser un film contre le régime. Il sera libéré sous caution quelques jours après la clôture du festival. Quinze ans plus tard, il se tiendra sur la même scène pour recevoir la Palme d’or attribuée à Un simple accident, son onzième long métrage en trente ans. Devenant ainsi l’un des rares réalisateurs à avoir réussi le “grand chelem”, après le Lion d’or à Venise en 2000 et l’Ours d’or à Berlin en 2015.

UN GRINCEMENT

Le film s’ouvre sur le “simple accident” qui lui donne son titre. Un homme est au volant de sa voiture, dans la nuit. À sa droite est assise sa femme enceinte et, derrière eux, leur fille de 7-8 ans s’agite en brandissant son doudou. Soudain, un choc. Le conducteur arrête le véhicule, en fait le tour, entend un gémissement, se baisse, déplace l’animal (que le spectateur ne voit pas), puis regagne son siège. Sa fille lui reproche d’avoir tué un chien. Quelques kilomètres plus loin, le moteur cale. Un motard rentrant chez lui propose d’y jeter un œil. Le point de vue change alors. Au premier étage du bâtiment, un homme, Vahid, parle au téléphone avec sa mère au sujet d’un van qu’il vient d’acquérir. Puis entend des pas. Ou plutôt, le grincement d’une béquille. C’est celle du chauffeur accidenté à la recherche d’une boîte à outils. À ce bruit si caractéristique qu’il faisait en se déplaçant, Vahid identifie celui qui, pendant des jours, l’a torturé, bousillant sa vie et le laissant avec un rein en piteux état qui le fait souffrir en permanence. Ce tortionnaire que les suppliciés surnommaient “la guibole”.

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