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Edito

TU VŒUX OU TU VŒUX PAS ?

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Cela prenait bien tout le premier janvier de faire le tour des grands-parents, oncles et tantes, cousines et cousins et, à toutes et tous, aller présenter ses vœux. Accomplir ce périple pouvait être tellement long qu’il fallait parfois plusieurs week-ends pour rencontrer toute cette smala familiale, lui distribuer des “grosses baises” et exprimer ses bons vœux. Avant de parta- ger un traditionnel morceau de tarte et une inévitable tasse de café, ou une boûquète et un petit peket. Avec à la clé, dans certains cas, une petite dringuelle. Mais dans certains cas seulement.

C’était certes un peu fastidieux, mais on n’échappait pas à ce qui pouvait, de temps à autre, davantage s’apparenter à une obligation qu’à une partie de plai- sir. Car omettre quelqu’un dans la tournée du Nouvel An risquait de créer un froid avec une partie de la famille. Une chose, évidemment, inconcevable.

Les familles ont, depuis, bien changé. Et la tournée de nouvelle année a souvent pris de nouvelles formes. Pour les parents proches, on a un temps anticipé la présentation des vœux par un appel téléphonique, juste après les douze coups de minuit. Désormais, on délègue ce rôle aux SMS ou aux messages privés sur les réseaux sociaux. En espérant que le vœu passe malgré l’encombrement des fréquences inévitable à l’heure H. Cela perd un peu en humanité, mais est bien plus pratique. Et, si on s’y prend correctement, permet de n’oublier personne...

Se basant sur une enquête auprès de ses utilisateurs, BPost affirmait de son côté fin 2022 que la moitié des Belges envoyaient encore leurs vœux par voie postale. L’info est sans doute vraie, mais on peine toutefois à la croire.

Quelle qu’en soit la forme, la tradition des vœux est loin de se perdre. Dans bien des milieux, il est toujours de bon ton de saluer d’un « Meilleurs vœux ! » toute connaissance croisée pour la première fois au début de l’an neuf. Au-delà du signe de politesse, on manifeste ainsi son empathie pour la personne rencontrée d’une manière peut-être plus forte que lors du traditionnel
« Comment allez-vous ?{} » auquel l’interlocuteur répond inévitablement « Bien, et vous ?  », même si, au fond de lui-même, il sait qu’il n’en est rien. En janvier, il remerciera pour les souhaits énoncés, et y répondra en en prononçant à son tour (ce qu’un horrible belgicisme appelle
« réciproquer ses vœux  »).

Présenter des vœux n’a de sens que si cela entraîne un échange, voire une rencontre. C’est-à-dire une reconnaissance de l’autre en tant qu’être humain. Qu’y a-t-il de plus triste que des vœux auxquels personne ne répond, à l’image de Jean-Baptiste criant dans le désert ?

Présenter des vœux a bien plus de sens qu’on ne l’imagine a priori quand on considère cette action comme quelque chose que l’on ne peut pas ne pas faire. Au-delà des formules conventionnelles, pareil moment est l’occasion de personnaliser ses souhaits, de les humaniser, afin qu’ils touchent réellement ceux à qui on les adresse. Même si, en fin de compte, on finira tout de même par dire « Bonne année ». Deux mots qui résument sans doute le mieux tous les vœux que l’on peut porter.

Pour rompre avec l’habitude, nous avons dans ce numéro demandé à des personnalités connues de nous écrire ce que ne seraient pas leurs vœux, mais leurs contre-vœux (pp. 4-6). Cela ne m’empêchera pas, amies et amis lectrices et lecteurs de vous adresser mes meilleurs vœux de Bonne (ou de meilleure) Année pour 2024 !

Frédéric ANTOINE

Rédacteur en chef de L’appel

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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