Comment concilier les nouvelles technologies et liberté individuelle
Comment concilier les nouvelles technologies et liberté individuelle
“Technologies et liberté individuelle”. Tout un programme ! Les chroniqueuses et chroniqueur qui alimentent chaque mois la rubrique “Croire ou pas croire”, représentant divers horizons confessionnels et non confessionnels, se sont penchés sur ce thème oh combien ! d’actualité, répondant à quatre questions posées par L’appel.
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– Les technologies sont-elles un bien ou un mal ?
Josiane WOLFF (responsable d’une organisation laïque)
De quoi l’humain est-il capable ? Nous sommes le résultat d’une évolution qui s’étend sur plusieurs millions d’années. Depuis l’Homo Habilis et plus encore l’Homo Sapiens, capables de fabriquer des outils adaptés à leurs besoins, le plus grand danger pour l’humain reste l’humain lui-même, un outil ne tardant jamais à devenir une arme… Certaines mettent désormais en péril la survie même de l’humanité, on ne peut l’ignorer. Mais j’ai la conviction que le jugement sur toute technologie doit se dégager d’un binaire “le bien versus le mal”, car la véritable question est : de quoi l’humain est-il capable ? La réponse me semble être : depuis la nuit des temps, l’humain est capable aussi bien de choses merveilleuses que catastrophiques. D’où l’importance, pour ma famille convictionnelle, d’une éducation permanente qui mise sur la liberté (responsabilité) individuelle face aux défis sociétaux, sur l’égalité (l’accès équitable aux outils du progrès) et la solidarité dégagée de tout dogme ou aprioris.
Laurence FLACHON (pasteure)
Les nouvelles technologies facilitent nos vies. Elles facilitent la communication, l’accès au savoir, les déplacements, la sécurité… mais aussi la surveillance, la société du spectacle, le harcèlement, la fuite dans des univers parallèles. Au-delà de la question de leur (bon) usage, il me semble qu’en transformant nos sociétés et nos vies elles nous poussent à nous interroger : qu’est-ce que leur utilisation fait de nous ? Des humains “augmentés” aux ambitions prométhéennes voulant être “comme des dieux” en référence aux promesses fallacieuses du serpent de Genèse 3 qui, bien avant le transhumanisme, affirmait : « Vous ne mourrez pas » ? Les nouvelles technologies, avec les possibilités – et les débats éthiques – qu’elles ouvrent, nous obligent à penser leur revers, notamment en matière de liberté et de sauvegarde de nos capacités de délibérations intérieures. Si le Verbe s’est fait chair, c’est pour nous encourager à approfondir toujours plus notre humanité, à respecter ses limites et ses fragilités, à développer les liens qui nous unissent les uns aux autres.
Floriane CHINSKY (rabbin)
Distinguer le réel, les possibles et l’éthique. Avant toute chose, il semble nécessaire de distinguer ce qui est de l’ordre du réel, des possibles et de l’éthique. La technologie est l’étude des outils et des techniques. La science est une prise de recul qui nous permet de regarder le monde tel qu’il est, d’imaginer ce qu’il pourrait être, et de créer des passerelles. La technologie permet donc de créer différentes possibilités. Par exemple, en termes de mobilité, on peut penser au vélo, à la voiture, au cheval. Nos valeurs sont des éléments qui guident ensuite nos choix. Pour différentes raisons, il est possible de choisir l’un ou l’autre de ces moyens de déplacement. Ce choix dépend également des valeurs et des orientations spirituelles. S’organiser en tant que groupe autour de ce choix est du domaine de la politique. Les problèmes associés aux technologies ne viennent pas du savoir lui-même, mais des déficiences de la politique et de la concentration du savoir et des moyens de recherche entre quelques mains. Certains choix sont rendus difficiles par l’organisation globale de l’humanité. Par exemple : comment cesser de prendre l’avion si mes obligations professionnelles m’y poussent ? La difficulté n’est pas l’existence des technologies liées à l’aviation, mais l’imposition de l’usage de ces technologies sur les personnes.
Du point de vue du judaïsme, le savoir et les savoir-faire sont de bonnes choses. Ils permettent de comprendre le monde et d’intervenir sur lui, d’améliorer le quotidien et de s’employer à contribuer au bien commun. En tant que partenaires de la création, l’humanité doit « garder et cultiver le jardin » (Gen. 2 :16), c’est-à-dire le monde. Les dérives liées aux écarts de pouvoirs sont censées être modérées. Dans la vision juive antique, les rois, les prophètes, les prêtres se partagent le pouvoir. À partir du Ve siècle, l’étude et le travail du cœur se développent et finiront par remplacer le culte du Temple. Ils deviennent le territoire virtuel du monde juif, ils sont accessibles en principe à tous. Ainsi, chaque enfant célèbre sa “majorité religieuse”, qui est avant tout son accession au pouvoir de lire et d’interpréter les textes, et de contribuer à l’organisation sociale des communautés juives (les jeunes filles doivent maintenant être partout associées à l’entrée en responsabilité, aux côtés des jeunes garçons). Ainsi, le savoir et le politique sont en principe partagés. L’accès aux technologies devrait en conséquence être démocratique. L’étude définit les valeurs et non le monde de la publicité.
Hicham ABDEL GAWAD (intellectuel musulman)
Profiter du monde avec sagesse. Selon une certaine compréhension du Coran, on peut développer l’idée que mieux comprendre la création revient à mieux comprendre le Créateur. Ainsi, des versets invitent à observer et comprendre la nature, méditer sur le ciel et la Terre (s. 3 v 190), les animaux (s.88 v. 17), les insectes aussi (s. 2 v. 26). On peut donc argumenter en faveur d’une approche inductive où Dieu se dévoile à travers sa création. La science serait ainsi un moyen de penser le transcendant à travers l’immanent. Cela étant, la technologie consiste non pas juste à comprendre la nature, mais à se servir d’elle, notamment pour le confort de l’être humain. Pas de problème en soi, puisque le Coran présente le monde comme un bienfait dont l’Homme peut profiter (s. 17 v.70). Le problème va se poser si le confort de l’humain prend le dessus sur toute autre considération. La technologie n’est dès lors plus un moyen de profiter du monde avec sagesse, mais un moyen de rendre le désir tout puissant, et donc délétère.
– Personnellement, comment vous appropriez-vous les nouvelles technologies ?
Josiane WOLFF
Un gain de temps. J’adore tout ce qui est nouveau, avant-gardiste et facilite aussi bien l’accès à la connaissance que les contacts. J’imagine donc difficilement me passer de cette source illimitée d’informations et de connexions qu’est internet. Durant l’isolement covid, pour des raisons professionnelles, je me suis équipée en matériel audiovisuel performant. Depuis, je continue à l’utiliser régulièrement, car j’ai découvert le plaisir de discuter avec des groupes d’amis aux quatre coins du monde et de participer à des conférences-débats multiculturelles sans quitter mon fauteuil. Par ailleurs, comme tout ce qui est répétitif m’ennuie, j’ai toujours recherché et appris à utiliser des logiciels qui me font gagner du temps. Je suis aussi convaincue des potentiels de l’impression 3D dans tous les domaines : éducation, santé, construction… Sans parler du smartphone qui est devenu mon accessoire de prédilection multiusage et baladeur : téléphone, éditeur, appareil photo, scan, liste de contacts à portée de main…
Floriane CHINSKY
Comprendre et fédérer. Marshall Rosenberg, le fondateur de la Communication Non Violente (CNV), introduisait certaines de ses conférences en présentant une nouvelle technologie, et il sortait de son sac [battements de tambour] un serre-tête de déguisement avec des oreilles de girafe. En CNV, la girafe symbolise la capacité d’écoute empathique pour soi-même et les autres, et la capacité de s’exprimer d’une façon à la fois sincère et respectueuse des autres. Ce type de technologie est d’une importance capitale dans ma vie, fait l’objet d’un travail incessant. À côté de la CNV et d’autres techniques, j’utilise énormément l’Écoute Mutuelle. À mon sens, l’approche historico-critique est également une nouvelle technologie, issue du XIXe siècle. L’archéologie, la comparaison des sources juives avec les sources assyriennes, babyloniennes, perses, etc., apporte une compréhension profonde du dynamisme et des renouvellements permanents de la tradition. Pour ce qui est de l’aspect nouvelles technologies et nouveaux médias, je les utilise à la fois pour comprendre les phénomènes sociétaux actuels, ce qui intéresse les personnes de toutes les classes d’âges, et également pour essayer de fédérer des personnes qui ont une pensée d’ouverture et qui se sentent parfois isolées. J’utilise zoom pour faire des cours accessibles à des personnes du monde entier ou à mobilité réduite, et permettre à des personnes très différentes de se rencontrer et de partager du savoir et des opinions.
Laurence FLACHON
Intérêt et vigilance critique. On peut comprendre ce terme de “nouvelles technologies” dans son acception large – toute la haute technologie : biotechnologies, nanotechnologies, robotique… – ou plus étroite des techniques de l’information et de la communication. Je reste admirative devant les possibilités qui s’ouvrent, par exemple, en matière de santé ou d’accès à la connaissance, mais aussi extrêmement préoccupée par les phantasmes d’omniscience et d’omniprésence que les nouvelles technologies suscitent et la manière dont elles facilitent la diffusion de propos violents et haineux. C’est avec intérêt et vigilance critique que je suis le développement de ces technologies et les implications qu’elles peuvent avoir dans ma vie quotidienne. À quoi me sert l’outil ? Est-il utile ou seulement dévoreur de temps ? Crée-t-il du lien ou m’isole-t-il ? « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait », écrivait l’apôtre Paul (Rm 12, 2)
Hicham ABDEL GAWAD
Circonspection plutôt qu’enthousiasme. Étant moi-même né dans les années 80, la technologie fait partie intégrante de mon expérience de vie. J’ai posé les doigts sur un clavier d’ordinateur très tôt dans mon enfance, avant l’essor d’internet. J’ai donc vécu la transition d’un modèle où l’outil informatique était un outil personnel vers un modèle où il est devenu un outil partagé. Car, ne soyons pas dupes : les multiples programmes installés sur nos dispositifs (ordinateurs, tablettes, smartphones, etc.), ainsi que les algorithmes des réseaux sociaux, participent clairement à la circulation d’informations sur l’utilisateur. Mon appropriation des nouvelles technologies se veut donc de moins en moins enthousiaste. Quand j’étais adolescent, peu de choses me faisaient autant trépigner que de nouvelles percées informatiques. Aujourd’hui, l’enthousiasme laisse souvent la place à la circonspection, avec cette question en filigrane : le dispositif que je m’apprête à acheter sera-t-il réellement mon dispositif ?
– Pour vous, les nouvelles technologies menacent-elles la (ou les) liberté(s) individuelle(s) ?
Josiane WOLFF
Attention aux dérives ! Oui, certainement, si nous n’en comprenons pas les dangers et si nous ne restons pas vigilants. Lorsque nous avons la chance de vivre dans un système politique qui respecte la vie privée et participe à un État de droit de type démocratique, les risques sont faibles. Quoique… Quelles sont les dérives que pourraient permettre les technologies groupées de reconnaissance faciale + géolocalisation, par exemple, si nous changions brutalement de régime politique ? Et aussi, toutes choses restant égales, qu’en est-il de la récolte de nos informations personnelles par des applis/matériels commercialisés en Belgique par la Chine ou les États-Unis ? Quel usage en est-il fait ?
Floriane CHINSKY
Favoriser les liens personnels directs. La communication, l’échange d’idées, l’information sont de l’ordre de l’intérêt général, du bien commun. Elles devraient donc être effectuées dans le respect de ce bien commun, et ne pas dépendre de structures axées sur des objectifs financiers ou commerciaux. Inévitablement, la concentration de ces missions dans les mains d’organisations au service de l’intérêt de leurs possesseurs menace les libertés. La connaissance du fonctionnement du cerveau humain est utilisée pour accaparer l’attention des personnes utilisant ces services. Les individus peuvent-ils utiliser ces outils sans être eux-mêmes utilisés par eux ? Le jeu est inégal, et répondre oui est à mon sens illusoire. Ma façon de limiter les dégâts est de favoriser les liens personnels directs et d’utiliser les réseaux sociaux pour ramener de nouvelles personnes dans les sphères de contact direct, faire se rencontrer les gens en réel ou par zoom. Par ailleurs, les libertés individuelles incluent des besoins de base qui sont menacés par le réchauffement climatique et donc, indirectement, par les nouvelles technologies. Les composants électroniques des appareils, les métaux rares, les emballages, l’énergie dépensée par les serveurs (les blockchains protégeant le bitcoin sont équivalentes à celles d’un petit pays européen !) compromettent les ressources naturelles et l’équilibre écologique de la planète. En ce sens, la survalorisation consumériste des produits issus des technologies nouvelles met en péril les biens communs, l’accès aux ressources de base, l’air propre, l’eau, une température acceptable pour le vivant, y compris les végétaux constituant l’alimentation des espèces animales et humaines.
Laurence FLACHON
Une potentielle menace pour nos libertés. Les nouvelles technologies peuvent être une menace pour nos libertés dans la mesure où elles accroissent la connaissance de nos comportements et donc leur surveillance. Il nous faut être conscients que nous fournissons volontairement des données personnelles (déplacements, goûts, opinions, dépenses, paramètres de santé…) à des entreprises qui les exploitent et en font ainsi un élément clef de la compétitivité économique. Aux adultes de choisir avec discernement ce qu’ils partagent et de mettre en place des règles qui protègent les plus fragiles (les enfants, par exemple, en bloquant certains contenus). Mais les nouvelles technologies peuvent être une menace de manière plus détournée : elles créent des phénomènes de dépendance, elles nous donnent l’illusion que la “vérité” est l’exhibition de soi en brouillant les frontières entre le privé, l’intime et le public. En outre, en nous mettant à la merci des algorithmes qui reproduisent du “même” et non de l’altérité, elles sont susceptibles de porter atteinte à notre capacité de délibération intérieure.
Hicham ABDEL GAWAD
Le rapport au désir. Les technologies en elles-mêmes ne menacent rien. C’est l’usage qui en est fait et le rapport au désir qui les rendront menaçantes. Si le désir de l’être humain devient central, alors les technologies peuvent devenir un moyen de rendre l’humain malheureux, voire de l’exploiter. Par exemple, le désir de reconnaissance dans les réseaux sociaux pousse les utilisateurs à s’exhiber afin d’accumuler des likes . Si leur nombre est grand, la récompense cognitive poussera l’utilisateur à s’investir de plus en plus, jusqu’à ne faire que ça. Si leur nombre est en revanche décevant, l’utilisateur va aller jusqu’à déprimer. Le cas des adolescents en prise avec ce phénomène est relativement bien documenté. Mais même dans ce cas de figure, l’utilisateur réessaiera, en s’exhibant encore plus, de façon plus folle, juste pour être reconnu. La technologie devient alors une machine à sous, mais dont les gains vont aux vendeurs qui profitent de la situation grâce aux publicités.
– Jusqu’où êtes-vous prêt à vivre (ou à cohabiter) avec ces technologies ?
Josiane WOLFF
Un seuil de vigilance élevé. Dans un réflexe spontané d’adaptation à mon époque, je suis généralement prête à cohabiter avec toute nouvelle technologie pouvant améliorer le quotidien de mes contemporains dans les domaines de l’enseignement, de la santé, de l’habitat tout autant que dans celui des loisirs. Mais me vient rapidement la volonté d’en savoir plus sur les “nouveautés” que l’on nous propose, notamment par rapport aux dérives dont je sais l’humain capable. J’ai donc toujours un seuil de vigilance élevé. « Tu ne toucheras pas aux fruits de l’arbre de la connaissance ! » Si nous en croyons la Genèse, c’est en transgressant cette mise en garde péremptoire que les premiers humains furent chassés du jardin d’Eden. Parfois me vient cette idée étrange : Et si ce lointain passé nous racontait notre futur ? À l’analyse des périls qui menacent notre monde, nous sommes en droit de nous poser la question, notamment en constatant les dégâts irréversibles provoqués par certaines technologies mises au service du seul profit. Aujourd’hui, en faisant joujou avec l’atome, l’humain a même acquis la capacité technologique de rayer sa propre espèce de la surface du globe.
Floriane CHINSKY
Une utilisation raisonnée et prudente. Dans un cadre de transmission des idées, j’utilise davantage la newsletter de mon site web (rabbinchinsky.fr) qui permet aux personnes de s’abonner et de se désabonner librement, que les listes d’emails non choisies. J’utilise davantage les messageries protégées que celles liées aux constellations facebook-instagram-whatsapp qui collectent les données des personnes. J’utilise youtube dans un but pédagogique et pour faire exister l’image d’une femme rabbin sur les réseaux, tout en cherchant comment mettre également en place une chaine sur peertube, son équivalent non commercial. J’utilise des ressources open, c’est-à-dire collaboratives et contributives au maximum, framaforms au lieu de googledoc, framadate au lieu de doodle, etc. Je vis avec ces technologies, et suis en perpétuelle réflexion sur l’emploi que j’en fais.
Laurence FLACHON
Les technologies à une juste place. Dans un colloque consacré au transhumanisme, Frédéric Rognon affirmait : « Il est illusoire de vouloir vivre hors du monde fortement technologisé qui est le nôtre, mais le chrétien peut vivre dans ce monde en cessant de le sacraliser. Les techniques sont des moyens utiles qui ne méritent ni notre adoration, ni notre consécration, ni le sacrifice de toute notre vie. » Cette affirmation est intéressante car elle nous rend attentifs au fait de remettre les technologies à une juste place pour une vie bonne. Nous ne devenons pas des “dieux” en les développant et elles n’ont pas non plus à prendre la place du divin dans nos vies. La transcendance est une brèche dans le maitrisable, dans le calculable, dans le planifiable. Cette brèche est source de liberté et de rencontre. Notre rôle, en tant que croyants, est de favoriser le discernement qui tient à la fois l’ouverture, l’exploration des possibles et le choix du renoncement délibéré à la réalisation de certains de ces possibles.
Hicham ABDEL GAWAD
Attention à la réalité virtuelle ! À titre personnel, ma limite se situe au niveau de la “réalité virtuelle ”. Si, durant mon adolescence, la course au réalisme dans l’informatique a été l’occasion de moult extases devant les prouesses des dernières cartes graphiques, il me semble que la réalité virtuelle passe un cap malvenu. L’un des problèmes les plus saillants de notre époque est en effet la perte de lien avec la réalité. Pour des raisons philosophiques et politiques qu’il serait trop long de développer ici, les idées d’absolu, sous forme de vérité métaphysique ou scientifique, ont été diluées. Dès lors, le désir individuel est devenu tout puissant. Même la biologie n’a plus son mot à dire sur la façon dont les gens se définissent. Il suffit de désirer être ceci ou cela pour imposer à la collectivité le devoir d’être reconnu comme tel. Dans un tel contexte, l’arrivée d’une technologie qui accentue la déconnexion avec le réel me semble prématurée. Trop prématurée pour des sociétés en mal de maturité.