De l’importance du rite

De l’importance du rite

L’appartenance, le groupe, la communauté, l’esprit collectif, la famille, le sacrement, l’école, autant de possibilités de s’unir, de se rencontrer, de s’aimer, de se comprendre ou, a contrario, de mettre en exergue nos différences, notre altérité.

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Publié le

29 mai 2024

· Mis à jour le

20 février 2025
Anthony Spiegeler, les bras croisés, devant un mur de briques blanc

S’il convient, en 2024, de chercher la convergence, ce qui nous rassemble et nous fédère en termes de valeurs, la laïcité apparait comme une évidence. Alors pourquoi est-elle remise — sans cesse — en question lorsqu’il s’agit d’adopter les projets communs ? À de nombreuses occasions, il a été démontré que la laïcité n’était pas un outil de répression des croyances, mais bien un bouclier protecteur permettant à chacun de vivre sa foi ou son absence de foi en toute liberté. Est-ce au sein de l’importance du rite ou du privé que se situerait l’inconnue ? 

ORIENTÉ VERS L’APPRENTISSAGE

Si l’on observe l’organisation des écoles religieuses, la résonance du catéchisme, la force symbolique des sacrements, à l’offre présentée aux jeunesses laïques, il demeure complexe et hasardeux de tenter une comparaison. Force est de constater que le manque de rituels place les laïques en apnée d’une mouvance construite par étapes. Là où le sacrement est un moment clé pour le jeune croyant, où l’alliance avec le divin interpelle, happe mais surtout jalonne la vie et les différentes étapes — d’une forme — de construction humaine, il n’y a que peu d’équivalences pour l’athée ou le laïque. Ces cas se situent en dehors du vivre ensemble, de la société et de l’école.

Pragmatiquement, il y a, d’une part, une machine rodée, organisée et marquée par différentes formes de liens divins, et, d’autre part, une constellation de possibles sans promesses. Il est un fait : l’apprentissage du fait religieux n’est pas sur la même aune que le projet de la laïcité organisée. Pourtant, les religions et les philosophies non confessionnelles visent le même objectif de cycles, de renouvellement, d’accueil, d’écoute et d’assistance morale tout au long de la vie. 

Si la laïcité fait fi de cette structure par étapes, le projet d’avenir commun fondé sur la liberté, la philosophie, l’égalité, la diversité, le pluralisme et la fraternité arrivent à convaincre autrement. C’est cet apprentissage “autre”, sans dogmes, en réflexion sur le monde à venir et en phase avec la construction identitaire de toutes et tous, que le Centre d’Action Laïque a à cœur de préserver par la nature de son engagement. 

PLUS DE DIVERSITÉ À L’ÉCOLE

En creux de cette volonté sociétale, le projet d’une école inclusive doit permettre d’accueillir les diversités in situ. Ce projet va de pair avec le refus d’un modèle ségrégatif. Soit une école pour tous les jeunes avec un projet égalitaire. Nous le savons, l’école doit non seulement outiller les jeunes en matière de savoirs, savoir-faire et compétences, mais aussi former des citoyens à l’heure où ils sont en pleine recherche de ce qu’ils sont. Elle ne peut le faire sans pratiquer elle-même la démocratie et la participation inclusive. Et Edgar Morin d’aller en ce sens : « La connaissance progresse en intégrant l’incertitude, non en l’exorcisant. » 

La société d’aujourd’hui et les troubles qu’elle connaît invitent plus que jamais à former les jeunes à l’autonomie intellectuelle et à l’acquisition d’une pensée critique. Pour aller en ce sens, au-delà des convictions, afin de créer un espace commun où l’importance réside dans l’envie de penser et de construire le vivre-ensemble, dès le plus jeune âge, il est important d’insister sur la pertinence de la proposition d’organisation de deux heures de cours de philosophie et de citoyenneté pour tous les élèves, en dehors des séparations, des dogmes ; cela, afin d’unir, de rassembler, de partager, de comprendre, de créer de nouvelles habitudes communes, d’échanger, de s’ouvrir mais aussi en vue de poser l’amorce, au départ de l’enseignement obligatoire, de la société de demain. 

Anthony SPIEGELER, Président de Laïcité Brabant Wallon

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