Guerres et religions : assurer la liberté de conviction

Guerres et religions : assurer la liberté de conviction

Le droit de croire et de ne pas croire, de changer de religion ou de conviction est gravement violé et menacé dans le monde au regard des conflits dont nous sommes témoins.

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Publié le

31 mars 2024

· Mis à jour le

4 février 2025
Anthony Spiegeler, les bras croisés, devant un mur de briques blanc

Le mouvement laïque s’est toujours battu pour la liberté de pensée et la liberté de conscience, garanties par la neutralité de l’État envers les religions et convictions. L’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse assure, en ce sens, l’égalité de traitement entre tous les citoyens, croyants ou non. Il est un fait : chacun doit pouvoir exercer son libre examen sans contraintes ni pressions. Le droit international protège le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, qui inclut explicitement le droit de croire et de ne pas croire, de changer de religion ou de conviction. Or, ce droit est gravement violé et menacé dans le monde au regard des conflits dont nous sommes témoins. 

BLASPHÈME ET APOSTASIE

En Europe, certains pays punissent encore « l’atteinte aux sentiments religieux », sans parler de la prolifération des fanatismes religieux qui tentent d’imposer leur croyance par la terreur ou le prosélytisme. À l’international, dans de nombreux États — souvent ouvertement en conflit —, le droit de changer de convictions, de critiquer un dogme ou le clergé, d’exprimer ses convictions athées ou humanistes est nié par les lois punissant le blasphème ou l’apostasie, et impliquant des peines de mort ou de longues peines d’emprisonnement.

La construction européenne a reposé sur l’idée forte que plus les États sont amenés à collaborer les uns avec les autres, plus le risque de la guerre s’éloigne. Cette recherche de l’intérêt mutuel et de la solidarité entre les États a garanti la paix entre États membres de l’Union depuis plus de septante ans. L’invasion de l’Ukraine par la Russie bouleverse la situation de l’Union européenne. L’Ukraine paie sa volonté de se rapprocher de l’Union d’une guerre brutale. 

Ce contexte représente un défi aux principes fondamentaux sur lesquels l’Union européenne est bâtie : l’intégration ouverte à tous les peuples d’Europe, sur un pied d’égalité, sur la base de la liberté de choix. Au contraire, la Russie se fonde sur un déterminisme – considéré par le pouvoir comme historique -, un nationalisme ethnique, une idéologie impériale et suprémaciste, antithèses des idéaux laïques et des valeurs de l’Union. Le système multilatéral de cette dernière et les règles juridiques qui régissent son fonctionnement sont, pourtant, des éléments essentiels pour garantir la paix dans le monde et prévenir les conflits.

DROITS HUMAINS

Face à ces constats, le Centre d’Action Laïque propose dès lors, dans le contexte des élections à venir, de mettre fin à l’unanimité dans les décisions européennes en matière de politique extérieure, en faisant usage des clauses passerelles prévues par le traité de Lisbonne ; de faire des droits humains le fil rouge de la politique extérieure de l’Union européenne et la condition de la signature d’accords internationaux où l’Union européenne est partie. 

En ce sens, la laïcité organisée propose, dans le même esprit, d’intensifier l’action de l’Europe en faveur de la relance des négociations internationales sur le désarmement nucléaire, contre la prolifération nucléaire et des autres armes de destruction massive — sans évidemment oublier les actions liées aux armes légères. Et, in fine, de défendre le droit à l’objection de conscience, tel que reconnu en droit international, notamment en garantissant le droit d’asile d’objecteurs victimes de répression pour avoir refusé de servir dans les forces armées de leur État. Et Victor Hugo de conclure : « La guerre, c’est la guerre des hommes ; la paix, c’est la guerre des idées. » 

Anthony SPIEGELER, Président de Laïcité Brabant Wallon

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