Les Saints de la porte d’à côté
Les Saints de la porte d’à côté
Ceux et celles que nous célébrons à la Toussaint ne sont pas des paranormaux. Ils ont tout simplement vécu leur vie humaine à la lumière de l’Évangile.
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De temps à autre, l’Église, en reconnaissant la sainteté d’une personne à travers la canonisation, la présente comme un modèle de vie humaine réussie. La liste de ces saints et saintes canonisés tout au long des âges est impressionnante. On retrouve leurs noms éparpillés sur nos cartes géographiques.
La fête de la Toussaint, qui a conservé son caractère de fête populaire en même temps que de mémoire liturgique, n’englobe pas simplement cette longue liste de saints patentés. Elle est la célébration de tous ceux et celles qui, à travers leur vie ici-bas, brève ou longue, heureuse ou frappée par le malheur, ont incarné, dans leur existence de tous les jours, quelques aspects de la beauté de Dieu. Ce sont tout d’abord ceux que le pape François appelle “les saints de la porte d’à côté”.
À LA LUMIÈRE DES BÉATITUDES
Dans une exhortation sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel publiée il y a quatre ans, François nous aide à percevoir cet appel universel à la sainteté, en particulier dans le passage de l’Évangile appelé les béatitudes. Ces paroles de Jésus sont surprenantes. Elles n’ont pas grand-chose de religieux. Elles se réfèrent à la vie concrète des humains de tous les temps. Une vie où il y a des personnes qui souffrent et qui sont consolées ; des personnes affamées et assoiffées de justice ; des personnes qui ont le cœur pur et qui travaillent à instaurer la paix en ce monde ; mais aussi des gens pauvres et des persécutés. Un monde, somme toute, pas tellement différent du nôtre. Et, à ce monde, Jésus offre le bonheur.
Ce sont toutes ces personnes heureuses que nous célébrons à la Toussaint. Celles d’hier et celles d’aujourd’hui. Celles que nous avons connues au long de notre propre existence, et tout d’abord celles de la porte d’à côté. La Toussaint n’est pas un monument au saint inconnu.
Ce que nous célébrons, c’est la sainteté de Dieu incarnée dans des femmes et des hommes de chair et de sang. Des gens ordinaires, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs vertus et leurs péchés ; pas des paranormaux du monde spirituel. Des personnes qui ont vécu une sainteté possible et non une sainteté impossible.
LA COMMUNION DES SAINTS
Nous célébrons aussi une réalité plus difficile à définir et qu’on appelle, dans le langage toujours un peu obscur des livres de théologie et de spiritualité, la communion des saints. En effet, tous ceux en qui s’est exprimée dans le passé – et continue de s’exprimer aujourd’hui – la sainteté de Dieu forment une grande famille. Ils sont unis dans une grande unité, une union, une communion, ensemble et avec Dieu. Nous en faisons partie, nous tous qui croyons en Dieu, puisque, malgré toutes nos limites et même malgré nos péchés, la sainteté de Dieu se manifeste un peu en nous, comme expression de l’amour qu’il nous porte.
Après tout, il n’est pas si difficile d’être saint. Le pape François le rappelait dans l’exhortation apostolique mentionnée ci-dessus, s’inspirant des béatitudes évangéliques. Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté ! Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté ! Savoir pleurer avec les autres, c’est cela sainteté ! Regarder et agir avec miséricorde, c’est cela la sainteté ! Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, c’est cela la sainteté ! Semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté ! Tout un programme. Admirons, autour de nous, ceux et celles qui s’efforcent de l’incarner dans leur vie.
Armand VEILLEUX, Moine de l’abbaye de Scourmont (Chimay)