Monsieur Nicolas prend les enfants pour des grands
Monsieur Nicolas prend les enfants pour des grands
Avec son bagage et son parcours de “chanteur ordinaire”, Monsieur Nicolas est devenu, grâce au confinement, un extraordinaire chanteur pour enfants. Un secteur où il apporte son regard particulier et un souffle nouveau.
Publié le
· Mis à jour le

À la question de savoir pourquoi il chante, celui qui se cache derrière Monsieur Nicolas répond sans hésiter : « Il me semble avoir toujours chanté. Adolescent, j’ai commencé à jouer de la guitare de manière autodidacte et je me suis mis moi-même à écrire. Et si ça ne devenait pas une chanson, c’était un exutoire pour pouvoir exprimer de la manière la plus juste mes émotions au plus intime de moi-même, comme l’amour et mes positions face aux phénomènes de société. » Passé par le cours Florent, célèbre école de théâtre parisienne, il devient acteur, sans vraiment se lancer dans une carrière à proprement parler. Même si cette expérience lui permet de travailler sa voix et sa présence sur scène. Mais la chanson qui a ses préférences.
Sous le nom de Nicolas V.0., accompagné d’excellents musiciens rencontrés au fil de ses pérégrinations artistiques, il enregistre quelques titres qui connaissent un succès d’estime. « Je ne suis pas vraiment musicien, avoue-t-il, je pratique la musique instinctivement. Je ne connais pas toutes les théories. Je cherche juste des mélodies et des sonorités qui me parlent et me plaisent, sur lesquelles je peux faire coller mes idées et mes mots. L’important est que ça chante et que la mélodie soit agréable à entendre. J’essaie toujours que tout sonne juste et bien. En fait, si je ne m’ennuie pas c’est que c’est réussi. »
Il se produit en spectacle, remporte quelques prix, participe aux Ateliers Chansons avec des intervenants comme Martine Kivits et Jean Luc Fafchamps. Cela l’ouvre à de nouvelles rencontres et lui permet de peaufiner son écriture tant musicale que textuelle. Tout est en place pour une honnête carrière de chanteur avec des textes bien écrits, des mélodies accrocheuses et une très belle présence.
QUAND TOUT BASCULE…
Le premier confinement sanitaire va pourtant totalement changer la donne. Comme l’ensemble des artistes, il est contraint de tout arrêter. Les salles sont fermées, plus question de jouer. Le voilà cloué chez lui. Il a dont tout le temps de s’occuper de son fils, parfois surnommé “Monsieur Non Non”, pour qui il se met, naturellement, à écrire des chansons. « Les gens de ma maison / M’appellent Monsieur Non Non / Quand ils me posent des questions / Moi je réponds : non, non / Quand je dis non, c’est non. » Cette première chanson, il la lui chante « au milieu de ses doudous », tout en la postant sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes réagissent positivement à ce morceau criant de vérité qui présente un caractère universel. Une dizaine de chansons naissent au fil des semaines. Invité à l’action Place aux artistes dans sa commune, le papa de William, prénom du fiston grâce à qui tout est parti, décide alors de mettre sur pied un vrai spectacle, avec une histoire imaginée par sa compagne qui englobe toutes les chansons de celui qui s’appelle désormais Monsieur Nicolas. « J’aime le mot “Monsieur” qui fait sérieux et plus grand, et puis “Nicolas” est un prénom qui sonne tout doux », s’enthousiasme-t-il.
AU CŒUR DE LA VIE
À leur écoute, on perçoit combien les créations de ce nouveau venu sur la scène des chanteurs pour les enfants et leurs proches, sont nées au cœur de la vie, dans une relation intime entre un bambin et ses parents. Des chansons naturelles que chacun aurait voulu écrire et où chacun se retrouve. Des textes personnels qui touchent à l’universel. Ils parlent de la vie de tous les jours, des scènes du quotidien, comme Arrête de faire le gnangnan ou Et pourquoi, et pourquoi quoi quoi ! L’énoncé de leurs titres suffit à imaginer combien ces morceaux peuvent résonner dans la tête de parents et de grands-parents. Et combien ils sont aussi en mesure de désamorcer certaines situations un peu tendues.
Ces chansons trouvent leurs racines dans ce qui intéresse les enfants. Telle celle des pompiers qui commence et finit par les deux notes de la sirène de leurs camions rouges tellement fascinants. « Pin pon pin pon / c’est nous les pompiers / Tiens bon / Tiens bon / On vient te sauver. » Ou celle où apparaissent les dinosaures qui peuplent l’univers et les rêves enfantins. Ils sont tellement présents que certains vont jusqu’à affirmer : « Les dinosaures existent encore / ils sont vivants / Je les ai vus / dans notre rue. » Et encore cette composition sur les bonbons à entonner sur tous les tons, eux qui sont « bons, bons bons ». Que du vécu !
UN SPECTACLE, UN LIVRE ET UN CD
Ces douze chansons font donc partie d’un spectacle nommé La tête dans les nuages car « rien n’est impossible / Quand on a la tête dans les nuages ». C’est sur la scène que le chanteur devient tout à la fois conteur, musicien, comédien, n’hésitant pas à improviser pour qu’à chaque prestation, les spectateurs deviennent eux-mêmes acteurs du spectacle. Il existe un livre CD pour prolonger ce beau moment de rencontre avec cet artiste qui y a mis tout son savoir-faire. « Je sais combien les enfants aiment qu’on leur passe leur musique en boucle en voiture ou à la maison, observe-t-il. Je voulais aussi que les parents puissent écouter tout cela avec plaisir et sans grincement de dents. Les textes doivent être compréhensibles pour les enfants, mais la musique, elle, est universelle. » Pari réussi pour celui dont les influences vont de Gainsbourg à Souchon, en passant par Charles Trenet. « Sans oublier tous les autres », ajoute-t-il dans un grand sourire, lui qui aime s’entourer de musiciens prestigieux qui ont joué avec les plus grands.
Le disque est intégré dans un album où sont racontées les aventures de Monsieur Non-Non écrites par Julie De Wever et illustrées par Arnold Hovart. « C’est pour moi aussi l’occasion d’offrir cette relation privilégiée qui s’installe entre un adulte et un enfant quand ils partagent tous deux la lecture d’un livre. C’est d’ailleurs ce livre qui me permet d’aller à la rencontre des lecteurs dans les librairies. » Une manière encore de rester très proche de son public qui le lui rend bien.
Christian MERVEILLE
Monsieur Nicolas, La tête dans les nuages, à Durbuy (04/12), Seraing (11), Jette (14), Bertrix (18), Genappe (06/01), Gembloux (01/02). : monsieurnicolas.be