Une école des rites, pour quoi faire ?
Une école des rites, pour quoi faire ?
L’école des rites rêve de faire grandir ceux qui vont s’y investir. Il y a bien des circonstances dans la vie ou la célébration peut y parvenir sans nécessairement la présence d’un prêtre, d’un iman, d’un rabbin ou d’un conseiller laïque.
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L’idée d’une école des rites est née chez Gabriel Ringlet. Dans son livre publié en 2018, La grâce des jours uniques. Éloge de la célébration, il cherche à réenchanter les rites à partir d’expériences au Prieuré. Des liturgies où des artistes sont conviés, des célébrations plus intimes vécues avec quelques proches dans une chambre d’hôpital ou autour d’un berceau… Il est convaincu plus que jamais combien chacun, aujourd’hui, est appelé à célébrer. Au cœur de ce lieu magnifique, un groupe porteur est constitué. L’objectif est de réfléchir à un cahier des charges pour une école de la célébration avec l’esquisse d’une méthode de travail. Réunie pour la première fois le 11 octobre 2018, cette petite équipe élabore un programme pour l’année 2019-2020.
UN MODULE GÉNÉRALISTE
L’ouverture de l’école est annoncée pour mai-juin 2020. Elle prévoit plusieurs modules, un premier généraliste – passage indispensable – autour de la question : « Qu’est-ce que célébrer ? », suivi par d’autres spécialisés. Il est convenu de limiter les groupes à vingt personnes. Celles et ceux qui se montrent intéressés reçoivent un questionnaire dans lequel ils doivent exposer leurs motivations, expliquer ce qu’ils attendent de la formation et dire s’ils ont déjà une expérience de célébration. Ils peuvent aussi indiquer le module dans lequel ils souhaiteraient éventuellement s’inscrire. Mais la covid s’est invitée dans la mise sur pied de cette expérience, contraignant à repousser les premières rencontres à octobre 2020, puis à n’ouvrir les week-ends qu’en septembre 2021. Six groupes vont suivre le module général jusqu’en juin 2022.
Durant cette étape initiale, deux grandes questions sont soulevées, vécues, discutées, expérimentées : « Qu’est-ce que célébrer ? » et « Comment rendre aussi vivants que possible des rites de passage ? » En s’interrogeant, au cours de la première journée, sur la posture du célébrant ou de la célébrante, le groupe est amené à distinguer “célébrer” et “animer”, à explorer le champ émotionnel de la célébration et à étudier la place des cinq sens dans une démarche rituelle. Lors du deuxième jour, est posée la question « Que permet le rite ? ». On aborde également celle de “la fonction symbolique” et une première brève et rapide approche autour des rites de passage se voit proposée.
UN TRIO D’ANIMATEURS
Ce module est animé par deux femmes et un homme. De formation scientifique, Mireille Bavré a été responsable d’une loge féminine à Bruxelles. Ce qui la passionnait dans sa carrière d’enseignante, davantage que la matière scientifique en soi, c’était l’épanouissement de la réflexion et de l’esprit critique que celle-ci impliquait. Elle a commencé à s’intéresser aux apports du développement personnel, pour elle-même d’abord, puis pour les transmettre aux autres. Sa pratique des rites a débuté il y a presque trente ans.
Marie Cenec, la deuxième animatrice, est diplômée en théologie, passionnée par l’exégèse. Elle s’est spécialisée dans le Nouveau Testament à Genève, où elle a ensuite suivi une formation pastorale. Pendant six ans, elle a été pasteure dans un temple du centre-ville de la cité suisse où étaient organisés des moments de prières et de méditation, des expositions, spectacles, concerts et conférences. Actuellement, elle assume un travail paroissial classique, tout en gardant du temps pour l’écriture dans la revue Vie protestante. Elle a publié en 2020 L’insolence de la Parole.
Gabriel Ringlet, enfin, qui a fait ses études au grand séminaire de Liège où il conserve des attaches, est depuis plusieurs années l’animateur du Prieuré de Malèves-Sainte-Marie. Il y a développé des célébrations dépassant les frontières convictionnelles, encourageant chacune et chacun à mieux accueillir sa libre pensée et invitant dans l’église de très nombreux artistes, écrivains, comédiens, chanteurs de toutes confessions, pour unir le culte et la culture.
DES MASTERCLASS
Après le module général obligatoire, trois masterclass sont prévues, respectivement consacrées aux étapes de la vie, au soin et aux grands moments liturgiques. En juin 2022, une session inaugurale a eu lieu autour du premier sujet. Les participants se sont d’abord interrogés sur les points communs entre les rites de la vie. Ensuite, on a parlé des semailles et de l’entrée en vie. Le second jour a été consacré aux grisailles et au dernier adieu. Pas seulement à propos de la mort, mais aussi de ce qui la précède : sacrements des malades, soins palliatifs… Ainsi que l’après : anniversaire, mercredi des Cendres…
« Le Prieuré Sainte-Marie aborde une nouvelle étape de son parcours, se réjouit l’évêque du Brabant wallon, Jean-Luc Hudsin, dans un courrier qu’il lui a adressé. Une question a toujours habité ces lieux : comment vivre aujourd’hui la rencontre entre le Dieu annoncé par Jésus-Christ et l’humanité qu’il est venue épouser, et trouver les mots pour le dire ? La quête passionnée de ces fondateurs et animateurs a toujours été de discerner dans la culture, la pensée, les arts, la spiritualité, les chercheurs de tous horizons, cette présence mystérieuse et agissante de Dieu… L’art de célébrer ayant toujours été une attention majeure du Prieuré, il s’y est créé une école des rites et de la célébration. Ce dialogue et cette recherche d’ordre liturgique et symbolique sont à mes yeux d’un enjeu crucial ; il y va de ce qu’il y a de plus humain en nous ; il y va de l’identité même de la foi chrétienne. »
Puisque chacune et chacun devait exprimer sa motivation en s’inscrivant à l’école, le Prieuré a pu mesurer à quel point l’attente était grande, parfois, dans l’affirmation d’une vocation à célébrer. Mais justement… une vocation, cela s’éprouve. Pas par principe ou pour faire obstacle à l’enthousiasme du départ. Mais par souci de proposer une solide base commune avant d’en arriver à la pratique concrète dans laquelle beaucoup disent vouloir s’engager. Ce n’est encore qu’un début ! Outre la poursuite des week-ends de formation générale, dont le prochain est programmé les 13 et 14 janvier 2023, des masterclass seront organisées autour du soin et des grands moments liturgiques.
Plusieurs participantes et participants souhaiteraient aller plus loin. Ce “plus loin” touche deux points. Le premier serait d’envisager des modules d’approfondissement dits transversaux. Tels la programmation musicale et chorale, le travail de la voix, la relation entre célébration et environnement, etc. Le second point serait d’évaluer une pratique. Ici aussi, on sent une attente : pouvoir revenir au Prieuré et y déposer l’expérience vécue sur le terrain pour l’analyser et l’accompagner.
Thierry MARCHANDISE
Prieuré de Malèves-Sainte-Marie, rue du Prieuré 37, 1360 Perwez. www.leprieure.be/