Et si c’était mieux après ?

Et si c’était mieux après ?

« Meilleurs vœux ! » En ce début d’année, tout le monde forme le souhait que les jours qui viennent soient sans comparaison avec ceux, exécrables, de l’an dernier. Personne ne manque de preuves pour étayer ce constat : 2025 a sûrement été la pire des années. Et l’Humanité va à sa perte.

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Publié le

21 décembre 2025

· Mis à jour le

21 décembre 2025
Image d'un coucher de soleil devant un paysage enneigé

En 2022, Calogero chantait C’était mieux après, une ballade pop romantique où il renversait avec élégance et mélancolie cette éternelle rengaine du “c’était mieux avant”. Il y rappelait la tendance spontanée des Humains à idéaliser le passé, à croire que tout se dégrade, que les repères se perdent. Un slogan commode, influencé par un regard microscopique sur le monde. Mais un slogan trompeur si on l’observe au macroscope.

Tous les paramètres le prouvent :  à aucun moment, l’humanité n’a mieux vécu qu’aujourd’hui. L’espérance de vie n’a jamais été aussi élevée, la mortalité infantile aussi basse, l’éducation aussi répandue. La pauvreté extrême n’a jamais reculé aussi vite. Certes, le monde est loin d’être idéal, et les défis pour y réduire les inégalités restent immenses. Les crises climatiques, les tensions géopolitiques, les inégalités persistantes dessinent un horizon incertain. Mais, dans sa trajectoire profonde, le monde est meilleur qu’il ne l’a jamais été.

Si femmes et hommes sont si nombreux à croire à son déclin, ce n’est pas parce que les faits l’imposent, mais parce que le cerveau l’encourage. Bien étudié en psychologie, le biais de négativité est un héritage évolutif. Dans la savane, repérer avant tout le danger était une question de survie. Aussi les mauvaises nouvelles marquent-elles plus fort, durent-elles plus longtemps, et se transmettent-elles plus vite. Alors que les améliorations se diffusent doucement, presque en silence.

Il est devenu banal de dire que les temps présents sont saturés d’informations. Répondant aux attentes de leurs audiences, les médias braquent les projecteurs sur tout ce qui revêt un caractère inhabituel, anormal. Ils dénoncent, ils alertent. Le moindre incident spectaculaire, répété en boucle, semble annoncer une décadence générale, renforcée par un environnement numérique qui ne cesse d’amplifier le rare et le tragique. Ce qui se produit une fois devient omniprésent, et l’exceptionnel courant. Les algorithmes, conçus pour capter l’attention, privilégient le choquant, le conflictuel, l’indignant. Face à cela, le progrès, discret, lent, cumulatif, ne fait pas le poids.

Ce pessimisme généralisé n’est pas seulement une erreur ; il est une faiblesse démocratique.
Il alimente la défiance, encourage le fatalisme, nourrit les discours simplistes qui promettent de “rétablir” un passé qui n’a jamais existé. Il détourne le regard du futur et de nos responsabilités présentes.

Non, ce n’était pas mieux avant. Oui, beaucoup de choses sont mieux après. Et demain peut l’être davantage encore. À condition de cesser de regarder le passé comme un refuge au lieu d’en faire un point de départ. Une résolution à inscrire sur son ardoise pour cette nouvelle année.

 Frédéric ANTOINE

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