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EDITO

Et la marmite a explosé

Fallait-il se taire ? Les pages « éclairage » de ce numéro de L’appel, et notre couverture, sont consacrées à ce dont on parle le plus, pour l’instant, quand on évoque l’Église catholique dans les médias : la question des scandales des prêtres pédophiles.

Bien sûr, l’affaire n’est pas neuve. Du temps où l’enseignement catholique était essentiellement assuré par des prêtres, l’occasion d’entendre parler de l’une ou l’autre situation quelque peu équivoque existait déjà bel et bien. Et cela fait des années qu’on évoquait, çà ou là , quelques affaires, mais que l’on s’efforçait de maintenir sous le boisseau ou de régler, au cas par cas, le plus souvent dans l’intérêt de l’Institution et de son clergé.

Mais voilà que, aujourd’hui, le sujet vient de manière insistante à la « une » de l’actualité. Comme des vagues s’écrasant les unes après les autres sur la même plage. Et les mauvaises nouvelles en attirant d’autres du même type, on assiste maintenant au dévoilement progressif d’un « vrai problème ». La parole se libère, et le couvercle de la marmite saute. Un peu à l’image de la déferlante de cas d’abus sexuels en tous genres qui avait éclaté au plein jour dans l’orbite de l’affaire Dutroux, il y a quinze ans.

L’occasion est-elle trop belle de régler son compte à l’Église, qui a toujours tellement veillé à faire la morale aux autres avant de la faire en son sein ? Faut-il y voir un complot planétaire, tombant à point nommé pour saper le poids des dernières autorités religieuses ? La question des prêtres pédophiles est-elle celle du Peuple de Dieu ?

On ne peut évincer les questions, en considérant qu’elles ne touchent que le monde des médias et la face trop visible de l’iceberg chrétien. Tout comme chaque catholique a été touché par les déclarations blessantes que la haute hiérarchie de l’Église n’a cessé de multiplier ces derniers mois, tout comme de nombreux Belges ont été ébranlés par des décisions récentes prises par cette hiérarchie, chaque catholique se sent aussi mis en cause par les scandales dénoncés. « Où sont passés les catholiques ? » nous demandions-nous le mois dernier dans les pages centrales de L’appel. L’actualité ne fait que renforcer aujourd’hui le poids de cette question, chaque nouveau coup de massue tombant sur leur tête incitant de plus en plus de croyants à se désolidariser d’une structure à bien des égards problématique.

Face à tout cela, que restera-t-il donc, hormis un groupe de plus en plus restreint de catholiques de plus en plus convaincus que le monde ne veut que leur perte ? Rien ? Mais non : il reste l’essentiel. Le message incroyable qu’un homme est venu livrer à ses semblables au nom de son Père, quelque part en Galilée, il y a deux mille ans. Sans hiérarchie écrasante. Sans scandales déplacés. Simplement, avec humanité et bonté. Et cela, cela restera toujours.

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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