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Edito

Le journalisme par les pieds.

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Le 13 novembre prochain, une journeÌ e d’eÌ tude rendra hommage aÌ€ plusieurs theÌ ologiens belges disparus reÌ cemment, et notamment notre collaborateur et ami Thierry Tilquin, aÌ€ qui la covid oÌ‚tait la vie il y a un an. Cette journeÌ e aura comme theÌ€me une formule qu’il se plaisait aÌ€ utiliser pour nommer ses activiteÌ s : celle de la pratique de la theÌ ologie « par les pieds ».

Nous aurons l’occasion de preÌ senter, dans notre numeÌ ro de novembre, toutes les caracteÌ ristiques de cette approche theÌ ologique, ainsi que la journeÌ e qui y sera consacreÌ e. Mais l’expression m’a donneÌ l’ideÌ e de deÌ€s aÌ€ preÌ sent y recourir, de manieÌ€re analogique, pour preÌ senter (ou rappeler) ici les particulariteÌ s de l’approche journalistique que L’appel deÌ veloppe chaque mois, de numeÌ ro en numeÌ ro.

En effet, c’est aussi cette façon-laÌ€ d’appreÌ hender le monde qui peut le mieux deÌ finir les choix reÌ dactionnels qui preÌ sident au fonctionnement de notre magazine : en allant aÌ€ la rencontre de l’actualiteÌ "par les pieds– et non par la teÌ‚te, ou par l’intellect.

D’article en article, notre preÌ occupation n’est pas de nous servir des sujets que nous traitons comme de simples preÌ textes pour deÌ velopper –“ et faire triompher –“ un point de vue (le noÌ‚tre) ou pour expliquer comment ils doivent eÌ‚tre lus, compris et interpreÌ teÌ s, dans un seul (et bon) sens. Au contraire : nous veillons aÌ€ ne pas produire nous-meÌ‚mes le sens de nos informations. Mais aÌ€ leur laisser deÌ velopper et montrer leur propre veÌ riteÌ . Ce qui nous force aÌ€ exercer le journalisme "par les pieds– , dans le concret de la glaise et la boue de la reÌ aliteÌ des terrains. Et nous empeÌ‚che de nous contenter de l’eÌ laborer par l’abstrait, en laboratoire, dans le confort de nos inteÌ rieurs et de causus marqueÌ s par l’entre nous.

Chaque jour, le quotidien français Sud Ouest inseÌ€re dans son journal la maxime que Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais avait mis dans la bouche de son personnage Figaro : « Les commentaires sont libres, les faits sont sacreÌ s.  » AÌ€ L’appel, il n’appartient pas aux membres de la reÌ daction de produire du commentaire, mais d’aller aÌ€ la rencontre des faits, et surtout des individus, des personnes, des personnages. Qui, eux, sont bel et bien sacreÌ s. Inspirants. Emplis de propos, de contenus, de teÌ moignages, d’expeÌ riences et de seÌ diments de vie.

Nos sujets sont sacreÌ s. Et, aÌ€ travers ceux qui les portent, jaillit le sens dont nous menons inlassablement la queÌ‚te. Sans affirmer que, d’un coÌ‚teÌ , l’un soit plus "vrai– qu’un autre.

Est-ce aÌ€ dire que, dans L’appel, les (libres) commentaires n’existent pas ? AssureÌ ment non. Dans cet eÌ ditorial, mais aussi dans les nombreuses chroniques qui eÌ maillent le magazine, il est laisseÌ carte blanche aÌ€ des auteur·e·s indeÌ pendant·e·s de la reÌ daction. Chacun·e de celles et ceux qui sont inviteÌ ·e·s aÌ€ y prendre la plume –“ et qui ont fait l’honneur de l’accepter –“ est laÌ€ pour porter son regard, son appropriation du monde, sa production de sens. En sachant que ces paroles indeÌ pendantes ne sont pas la proprieÌ teÌ du magazine, mais des chroniqueuses et chroniqueurs qui les expriment.

C’est de cette façon que nous assumons remplir, au sein du paysage meÌ diatique de Belgique francophone, le roÌ‚le de "presse peÌ riodique d’opinion– qui permet aÌ€ L’appel d’eÌ‚tre reconnu et soutenu par la FeÌ deÌ ration Wallonie-Bruxelles. Parce que nous pratiquons le journalisme avec nos pieds. En fournissant aÌ€ nos lecteurs les veÌ cus, regards, avis et opinions sur base desquels ils pourront fonder les leurs.

Frédéric ANTOINE

Rédacteur en chef

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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