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Edito

SPÉCIAL FEMMES ?

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Quand un magazine annonce que sa prochaine édition sera un "Numéro Spécial– , il entend clairement affirmer que cette publication-là se voudra différente de l’ordinaire. Pour une fois, on y braquera les projecteurs sur un thème, un "problème– particulier. À cette occasion, toute la rédaction sera mobilisée. On travaillera dur pendant des jours. Et, au final, tout le monde sera fier du boulot accompli. Le magazine paru, chacun retournera à ses centres d’intérêt habituels. La vie sera comme avant. Et la thématique du numéro hors pair disparaîtra des cadrans.

Voilà pourquoi cette édition de L’appel n’est pas un "Numéro Spécial– . Pourtant, en jetant un coup d’oeil au sommaire, on pourrait éprouver l’impression contraire. "Les femmes– y sont en effet singulièrement présentes. Comme d’ordinaire, l’un ou l’autre de nos "portraits– est consacré à une femme particulière (l’artiste-boulangère française Hélène Mouton) et l’un ou l’autre de nos articles a pour sujet une femme (l’atypique impératrice Sissi). Mais, en plus, nombre de nos textes parlent non d’"une– femme, mais "des– femmes. À l’orée des vacances, notre focus "À la une– se penche sur les béguinages et, surtout, sur les béguines qui, à l’encontre de l’image béni-oui-oui qu’on a pu en faire, étaient d’abord des femmes libres. La rubrique "Corps et âme– dénonce le sentiment d’illégitimité et le manque de confiance en soi qui touchent tant de femmes dans une société dominée par la gent masculine. Et, dans les pages "Accroche et Portée– , nous invitons à découvrir une exposition consacrée aux remarquables femmes belges que la mémoire masculine a tout fait pour priver de célébrité.

Dans un seul numéro, eût-on pu imaginer évoquer en- core davantage la cause féminine ?La question est pertinente, mais sans objet. En effet, la présence de ces différents sujets n’est pas le fruit d’une volonté savamment orchestrée de faire de ce numéro un "Spécial Femmes– . À tout prendre, si telle avait été notre ambition, il aurait été plus pertinent de se lancer comme d’autres dans pareille aventure en mars, pour la Journée internationale des droits des femmes.

Si les femmes sont bien présentes dans L’appel de ce mois, cela ne relève que des impératifs de l’actualité, que nous essayons de suivre (ou de précéder) en vertu de notre parution mensuelle. Ainsi que des occasions de rencontres et des lectures effectuées par les membres de notre rédaction. Certes, la promotion de la femme est dans l’air du temps, et ces murmures du monde pénètrent forcément les murs de nos réunions de rédaction. Certes aussi, L’appel est un tout, mais nous en choisissons les futurs contenus rubrique par rubrique, ce qui nous paraît plus cohérent. Tout cela explique en partie l’efflorescence féministique de ce numéro, dont je me félicite. Notre magazine est parfois encore trop machiste, et la composition de notre rédaction est loin d’être égale entre les sexes. Mais nous y travaillons, et l’arrivée récente de nouvelles rédactrices va en ce sens. Sans doute rendront-elles plus banale encore la présence dans L’appel d’articles sur "les femmes– où elles ne sont pas considérées comme (ou liées à ) des "problèmes à résoudre– .

Dans la langue et l’écriture aussi, l’égalité des genres n’est pas encore gagnée. Le masculin prévaut toujours sur le féminin. Et ne parlons pas des religions qui, par- tout sur la Terre, ont d’abord été affaire d’hommes, au sein desquelles les femmes ne disposaient que de rà´les secondaires. Là aussi, cela progresse parfois. Mais tellement peu.

Alors, quand une petite lueur d’été éclaire le bon cà´té du chemin, on ne peut s’empêcher de la relever...

Frédéric ANTOINE

Rédacteur en chef

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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