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JÉRÉMIE MAKIESE VISE L’EUROVISION

Après avoir remporté The Voice Belgique en 2021, Jérémie Makiese montera sur la scène de l’Eurovision en mai pour représenter la Belgique. À vingt et un ans, ce jeune Belge - chanteur et footballeur - compte sur l’esprit d’équipe pour relever le challenge avec son titre Miss you.

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Ma chanson parle de mon état émotionnel lié à une rupture, quelle qu’elle soit, nécessaire pour tourner la page et repartir le coeur renouvelé. La rupture est une étape pour t’emmener vers un autre endroit qui te fera du
bien et qui te donnera la force d’oublier une décision difficile à prendre.
 » En matière de choix cornélien, Jérémie sait de quoi il parle... « Mon option personnelle, l’histoire que j’ex- porte dans ce morceau, c’est le foot. J’ai dû prendre un sacré tournant : l’arrêter, faire une pause pour me donner à 100% à l’Eurovision. C’est sans doute un choix temporaire. Mais j’anticipe aussi qu’il puisse être plus définitif. Je suis un peu devant un dilemme, parce que je ne sais pas ce qui m’attendra après l’Eurovision. »

Le suspense va encore durer quelques jours, jusqu’au moment où le coeur des Belges amateurs de shows et de paillettes sera à Turin pour la soixante-sixième édition de ce concours européen. « Après cet événement, le choix sera plus facile. Si tout se passe bien, je verrai si je ne dois faire que de la musique. Ce sera naturel. Même si ce choix ne signifiera pas que je n’aime plus le foot ! »

CÔTÉ FOOT, CÔTÉ MUSIQUE

Cà´té foot, Jérémie a treize ans quand il s’inscrit dans une équipe sans l’autorisation de ses parents qui craignaient qu’il ne se blesse. Il choisit le BX Brussels, club de Vincent Kompany. Depuis lors, ce sport lui colle aux crampons. Le dernier maillot enfilé - contrat à la clé - sera celui de l’Excelsior à Virton où il évolue en D1B comme gardien de but. L’Eurovision lui impose donc un choix. En riant, il ajoute, pour ses co-équipiers du ballon rond : « Pour me remplacer, ils ont choisi un gardien bien meilleur que moi. Non, sans blague, ils sont très contents de me soutenir et, en retour, moi je les soutiens de mon cà´té. »

Cà´té musique, il prend conscience de son talent lors d’un concours de chant organisé par l’école communale des Glycines de Berchem-Sainte-Agathe. Son père l’y inscrit sans vrai- ment s’imaginer qu’il l’emportera haut la main. « Il faut savoir que l’on est une famille de musiciens et de chanteurs. La musique coule dans nos veines. Clairement.  » Son apprentissage, il le fait dans des églises, où le gospel est une référence importante. « C’est le premier style que j’ai appris. Je l’ai intégré à ma manière de chanter. Et il m’en a fait découvrir d’autres. C’est grâce au gospel que je peux aujourd’hui assimiler plusieurs courants comme le rock, la soul... dans mon titre Miss you. »

BELGITUDE

Si Jérémie est à l’aise dans divers courants musicaux, il l’est également dans les diverses facettes de la Belgique. « Je suis né de parents congolais, près d’Anvers, à Merksem. J’ai grandi là -bas jusqu’à l’âge de six ans. Puis ma famille s’est installée à Bruxelles, plus précisément à Berchem-Sainte-Agathe. Après un petit épisode à Dilbeek, aujourd’hui, je vis à Uccle. J’ai eu la chance de continuer à exercer le flamand. » Son ancrage sportif dans le Luxembourg lui offre une immersion dans le sud du pays. « Le fait de parler deux des langues nationales les plus importantes est un atout. En fait, cela me fait du bien parce que, du coup, je peux être un artiste fédérateur, dans le sens de rassembler au lieu de diviser. »

Il compte d’ailleurs bien sur le soutien d’un maximum de Belges lors du grand soir du 12 mai. Sans se prendre trop la tête, même si représenter son pays à Turin est un fameux défi . « Je ne prends pas cette responsabilité comme un fardeau. J’ai la Belgique derrière moi. Elle me porte sur ses épaules, elle me pousse vers le haut. Et c’est comme cela que je regarde les choses. C’est comme dans le sport : au stade, on a besoin de spectateurs, ce sont eux qui nous donnent cette adrénaline de vouloir gagner, d’atteindre le haut du classement. Ce sont eux qui nous accompagnent durant cette compétition. J’adapte les concepts du sport dans le domaine de la musique. »

ESPRIT D’ÉQUIPE

Les encouragements, il les recevra aussi de sa famille. Ses parents, ses deux grands frères, sa grande soeur et son petit frère l’accompagneront à Turin.
«  J’ai besoin de ma famille, elle est l’élément qui compte le plus à mes yeux. Et je veux juste la rendre fière, comme je veux aussi que la Belgique soit fière.  » Au cours de son tout récent parcours, de bonnes étoiles se sont penchées sur lui. D’abord, sa coach à The Voice Belgique, Beverly Jo Scott, qui lui a permis de remporter la saison 9 l’an dernier. « C’est ma mama dans la musique. Ce soutien est important. Elle m’a donné un petit coup de main au niveau de l’interprétation de mon titre Miss you, pour améliorer mon style. J’avais besoin juste de retourner aux sources de ce qui nous lie, le gospel. »

Puis viennent les pros de chez Universal, ceux qui coachent le jeune interprète pour se préparer au mieux pour le grand soir. « Je me prépare surtout mentalement. C’est un travail intérieur que l’on fait. Mes proches et mon équipe sont là pour me soutenir. Je me prépare aussi au niveau de la scène. » Quelques dates ont été prévues en avril à Madrid, Londres et aux Pays-Bas pour des pré-concerts. « J’ai des fans qui m’accompagnent et j’en rencontre sur place. Pour moi, l’esprit d’équipe est comme notre devise nationale : l’union fait vraiment la force. Et je trouve qu’aujourd’hui, le monde fonctionne de la sorte. Les gens s’assemblent pour créer du neuf, on ne peut plus faire des choses seul. C’est en rassemblant plusieurs pensées, différentes idées que cela donne quelque chose de nouveau. »

Le titre Miss you est né de cet esprit d’équipe. Imaginé par Jérémie, il a été peaufiné avec l’aide de trois comparses. Silvio Lisbonne et Manon Romiti
(Bel Air), deux auteurs-compositeurs qui ont travaillé avec des artistes comme Céline Dion, Claudio Capéo, Zaz ou encore Julien Doré. La touche plus africaine a été amenée par le Béninois Mike Bangerz qui a collaboré avec Youssou N’Dour et, plus récemment, avec Fally Ipupa (Kinshasa) ou la chanteuse française Poupie. « Je n’ai pas voulu faire des choses seul. On a formé quelque chose ensemble, c’est notre musique, notre titre. »

Bien sûr, en entourant le jeune Belgo-Africain d’autant d’attention, les producteurs (RTBF et Universal Music) veulent se donner le maximum de chances pour gravir les marches de la victoire. À vingt et un ans, la pression peut en effet s’avérer très forte. D’autant que l’environnement musical et la compétition internationale ne sont plus ceux de l’époque de Sandra Kim, lauréate belge en 1986 avec J’aime la vie. Si la Belgique n’a gagné qu’une seule fois, elle a pourtant terminé deux fois à la deuxième place, avec Jean Vallée en 1978 et Urban Trad en 2003. Après notamment Roberto Bellarosa (douzième en 2013) et Loà¯c Nottet (quatrième en 2015), Jérémie Makiese sera le cinquième lauréat The Voice Belgique à être sélectionné par la RTBF pour l’Eurovision, dont l’édition 2022 rassemblera quarante pays â– 

Stephan Grawez

Concours Eurovision de la chanson. Jérémie Makiese passera dans la
deuxième demi-finale le jeudi 12 mai. La finale aura lieu le samedi 14 mai.

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