À la sueur du fleuve Douro

À la sueur du fleuve Douro

« Neuf mois d’hiver, trois mois d’enfer. » C’est ainsi que les habitants de la vallée du Douro résument leur vie. Tant le climat est rude dans cette partie du nord du Portugal. Mais aussi parce que, ici, cultiver exige d’énormes efforts. Si tout ceci a permis que naisse le vin de Porto, cela a aussi encouragé une bonne partie de la population à déserter cette région. Et à s’expatrier en France, en Belgique ou au Luxembourg.

Par

Publié le

1 septembre 2022

· Mis à jour le

26 août 2025
Vue d'en haut du fleuve Douro

AU FIL D’UNE EAU CALME

C’est depuis un bateau que la vallée du Douro se découvre le plus subtilement. Longtemps, ce fleuve a d’ailleurs été pour les habitants le seul moyen de rompre leur isolement avec le reste du monde. Il faut laisser derrière soi la ville de Porto, si possible aux confins de l’aube, pour commencer à remonter le fleuve dans de bonnes conditions. Ce n’est qu’après un long trajet qu’on entrera dans le Haut-Douro et qu’apparaîtront les premiers signes de l’activité toujours essentielle de cette région : la culture de la vigne et les quintas où l’on donne naissance aux Portos.

DUR COMME LE DOURO

Sur les coteaux, la vigne se cultive depuis l’antiquité grecque, grâce à ce climat horrible composé d’hivers glaciaux ainsi que d’étés secs et torrides. Et malgré la configuration du terrain, qui empêche l’implantation de vignobles de manière industrielle. Tout est cultivé en terrasses, longtemps délimitées par des murets péniblement bâtis sur du schiste propice au développement de la vigne. 

LE VRAI PAYS DU PORTO

Au village de Pinhão, au centre du secteur viticole, le temps semble s’être arrêté. Les azuléjos (céramiques murales) qui ornent la gare rendent hommage à ceux qui ont consacré leur vie aux travaux vinicoles qui doivent encore souvent se réaliser à la main. Un effort auquel ne renâclent pas ceux qui n’ont pas émigré, puisque c’est chez eux, au cœur de leurs villages, que naît et vieillit le vin de Porto. Et non dans la ville éponyme dont il porte le nom.

PHARAONESQUES

Le Douro prend sa source en Espagne. Sur près de deux cents kilomètres, il marque la frontière avec le Portugal où il est totalement navigable sur tout son parcours. Un exploit qui a imposé la construction de cinq écluses pharaoniques, réalisées par la volonté du dictateur Antonio Salazar. Le dénivelé à compenser est si élevé qu’avec ses trente-cinq mètres, une des écluses serait la plus haute d’Europe. Toutefois, aucun transport commercial n’emprunte ce fleuve majestueux. Ces énormes travaux ne servent qu’aux bateaux de croisière conçus au centimètre près pour pouvoir se faufiler dans les écluses, sous l’œil de capitaines dont la dunette doit même être démontée afin que leurs navires ne touchent pas les tabliers des ponts.

NATURE SAUVAGE

Au-delà des zones viticoles, quand on s’enfonce dans les profondeurs du Haut-Douro, la nature reprend ses droits. Sur ces hauts plateaux, les terres arides et ne se prêtent plus à la culture. Les paysages se montrent sauvages. Les rochers affleurent à la surface d’une eau tumultueuse. Les bateaux doivent les éviter avec prudence. Les rares villages présents sur les collines semblent laissés à l’abandon. Ici s’arrête la conquête de la terre par les humains. Y pénétrer se ressent donc comme une sorte de privilège. À goûter pleinement avant de retourner à la civilisation.

Des croisières d’une semaine remontent et redescendent le fleuve depuis Porto sur des bateaux spécialement conçus. Compter au moins 1500€ tout compris (dans ce cas-ci, chez Rivages du monde en 2021).

Textes et photos (sauf mention spéciale) : Frédéric ANTOINE

Partager cet article

À lire aussi

  • Jeune femme couchée sur un tronc d'arbre dans une forêt avec un livre sur la tête
  • Un mur avec des motifs de feuille et un tableau accroché
  • Portrait d'Eva Joly devant un fond blanc
  • Une institutrice tenant le bras droit, devant des élèves assis sur des bancs dans une classe d'école