Hope : Soutenir de jeunes Palestiniens

Hope : Soutenir de jeunes Palestiniens

En solidarité avec d’autres ONG, l’association belge Hope fait acte de résistance en octroyant des bourses d’études et pour des formations à des jeunes de ce peuple de Terre sainte toujours pas reconnu.

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Publié le

1 septembre 2025

· Mis à jour le

2 septembre 2025
Enfants palestiniens dans une chambre, l'un joue de la guitare et l'autre de la flute
POUR LES PALESTINIENS. Préserver leur culture contribue à leur lutte.

Attentifs à l’implacable destruction de Gaza par Israël, au conflit israélo-iranien sur fond de bombes nucléaires possédées ou pas et aux interventions israéliennes en Syrie, les médias ont moins relevé ce qui se passe en Cisjordanie depuis l’attaque menée sur le sol israélien par le Hamas le 7 octobre 2023. Et pourtant, comme l’a indiqué l’association Hope, le nombre de civils tués et blessés n’y a fait qu’augmenter à la suite des raids de l’armée israélienne et des exactions des colons protégés par les militaires. Les camps de Jénine, Tulkarem et Tubas ont été complètement détruits. Plus de 40 000 hommes, femmes et enfants ont été poussés à l’exode avec interdiction absolue de revenir et la ferme volonté d’Israël d’annexer ce territoire. D’autres sources ont signalé que les chrétiens du bourg cisjordanien de Taybeh, connu dans la Bible sous le nom d’Éphraïm, ont également été touchés. Les violences commises dans cette région, qui remontent à avant fin 2023, ont été montrées dans le documentaire palestino-norvégien No Other Land cofinancé notamment par les ONG belges Entraide et Fraternité et Broederlijk Delen, qui a été primé au Festival de Berlin et couronné par un Oscar.

SOUS LE SIGNE DE L’OLIVIER

Dans ce contexte, l’association Hope appuie la résistance de jeunes Palestiniens de Cisjordanie, de Jérusalem et de Gaza en leur attribuant des bourses d’études par l’intermédiaire de quatre partenaires. Basée dans le Brabant wallon, cette ASBL a été créée fin 2006 à Namur par de jeunes retraités prêts à s’engager à la suite de voyages en Palestine. Son nom d’origine, Hope-EspoirHoop, est devenu Hope for Palestinian Students afin de faciliter les communications avec les différents partenaires et bénéficiaires. Par ailleurs, à son premier symbole, une poignée de mains pour exprimer la solidarité, est venu se greffer un rameau d’olivier parce que cet arbre, largement présent dans les vallées et terrasses formant le paysage palestinien, est riche de multiples significations, dont la paix.

« Ses partenaires sont les universités Arab American University of Palestine de Jénine, en Cisjordanie, et Al Quds, à Jérusalem, dont sont soutenus des élèves de formations de quatre à cinq ans, précise un des fondateurs de Hope, Luis Vandaele. La troisième est l’école de musique Al Kamandjâti à Ramallah, car les Palestiniens considèrent que la culture est une forme de résistance et qu’il faut aller l’expliquer dans les camps de réfugiés. D’ailleurs, lors d’une visite en Belgique, de jeunes Palestiniens ont bien montré que danser, c’est résister. Le quatrième partenaire est la Palestinian Medical Relief Society (PMRS), implantée également à Ramallah. Selon son fondateur, le docteur Mustafa Barghouti, Israël a transféré en Cisjordanie la guerre de nettoyage ethnique menée à Gaza depuis octobre 2023 et y frappe une population déjà sous occupation depuis 1967. La PMRS donne une formation de deux ans à des professionnels de la santé autres que médecins pour les villages cisjordaniens et pour Gaza, afin qu’ils puissent prodiguer des soins urgents et assurer une promotion sociale de leur entourage. » À noter que, pour l’ONU, Francesca Albanese a publié un rapport intitulé De l’économie d’occupation à l’économie du génocide, qui lui a valu d’être récemment sanctionnée par les États-Unis de Trump.

MISSION ÉDUCATIVE

Dans son bulletin annonçant l’élection de son conseil d’administration composé de sept membres et épaulé par deux bénévoles, Hope salue la solidarité envers les déplacés dont font preuve ses partenaires. Et spécialement les deux universités qui accueillent leurs compatriotes dans leurs locaux, bravant les dangers et persistent à partager leurs savoirs et leurs engagements. « À Jénine, développe Luis Vandaele, l’Université arabo-américaine de Palestine met tout en œuvre pour poursuivre sa mission éducative. Si des cours continuent d’être dispensés régulièrement sur le campus, bien d’autres se font en ligne pour des raisons de sécurité pour les étudiants et le personnel, ainsi qu’à cause de difficultés accrues de déplacements. Les activités sociales sont évidemment limitées. Mais les étudiants peuvent toujours participer à des réunions en petits groupes, à des séances de discussions en ligne et à des séminaires virtuels avec des professeurs et divers intervenants. Les élèves sont cependant confrontés à de nombreux problèmes tant matériels (difficultés financières, conditions d’études dégradées, restrictions à la mobilité, connexions internet instables…) que psychologiques. Ces obstacles se traduisent fréquemment par l’abandon des études. Les étudiantes sont particulièrement affectées. Pour y remédier, les enseignants et les membres de l’équipe pédagogique ont augmenté leur disponibilité et l’accessibilité des options d’apprentissage à distance. »

STRATÉGIES DE CONTOURNEMENT

Si l’université Al-Quds fait preuve à Jérusalem d’une identique détermination, l’un des plus grands soucis qu’elle rencontre réside dans les difficultés liées aux déplacements à la suite de l’augmentation des points de contrôle intervenue depuis le 7 octobre 2023. Les familles ont dès lors tenté plusieurs stratégies de contournement, comme louer des maisons ou des chambres près de l’université ou du centre de formation. Mais, déplore l’association Hope, « malgré les possibilités de suivre des cours à distance, la qualité de l’enseignement a diminué pour diverses raisons dont, entre autres, la pandémie du coronavirus et la guerre. »

Fin 2024, deux étudiantes de l’université basée à Jérusalem ont témoigné de la charge mentale et des retombées de la guerre sur l’énergie à consacrer aux études et aux examens en ligne. Elles ont aussi relevé les effets désastreux pour leurs familles à la suite de la destruction de leur maison, de manifestations racistes des forces occupantes à l’égard de leurs frères, avec arrestations ou perte d’emploi. L’une d’elles a comparé la bourse reçue à « une bouée de sauvetage pour une personne en train de se noyer en pleine mer. » Vu que l’éducation reste très importante aux yeux des Palestiniens, Hope a augmenté le nombre de ses bourses à près de cinquante pour un montant de quelque 60 000 € par an. L’association y a ajouté un Fonds Gaza afin de soutenir des jeunes de ce territoire pour des formations en vue de la reconstruction.

EXISTER, C’EST RÉSISTER

Comme le souligne Luis Vandaele, « Hope est membre fondateur de la Coordination namuroise belgo-palestinienne qui a notamment à son actif l’organisation de débats, conférences, projections de films, concerts et interpellations de responsables politiques. Celle-ci  fait partie de l’Association belgo-palestinienne Wallonie-Bruxelles qui, dans un de ses bulletins, citait des voix palestiniennes selon lesquelles “Exister, c’est résister”. De plus, comme les membres et sympathisants de ces deux coordinations, ceux de Hope participent aux manifestations de solidarité avec le peuple palestinien et distribuent des tracts sur les marchés et dans différents lieux publics. » Avec d’autres citoyens solidaires, ses membres soutiennent les Palestiniens en appuyant diverses formations de jeunes qui ont à la fois une dimension de résilience et d’espoir, oh combien nécessaire !

Dans un de ses récents bulletins, l’association Hope a encore repris ces mots prononcés en 2002 à Ramallah, face à une délégation du Parlement international des écrivains, par le poète palestinien Mahmoud Darwich, décédé en 2008 : « Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant dans un hôpital et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix. Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir. »

Pour octroyer ces bourses et soutiens,l’ASBL informe et sollicite ses membres et sympathisants à travers son bulletin périodique, son site et diverses activités. Elle a par exemple fait venir le docteur Barghouti, acteur et partenaire de terrain, mais aussi bon analyste du conflit israélo-palestinien. Elle organise également des repas de cuisine palestinienne, avec présentation de nouvelles et de photos, dont le prochain aura lieu le vendredi 10 octobre à Bouge (Namur).

Jacques BRIARD

Hope for Palestinian Students, avenue des Vallées 95, 1341 Céroux-Mousty.  hopeforpalestinianstudents.be/

Souper le 10/10 à 18h30, salle Notre Maison, place des Tilleuls 26 à Bouge. Rés. avant le 3/10 : ( 0474 72 00 45 ou  colette.Godfrin@gmail.com

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