Raviver la foi pascale
Raviver la foi pascale
En cette année jubilaire sur le thème de l’espérance, dans un monde travaillé par beaucoup de tensions, il est urgent de raviver notre foi pascale.
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Durant la Semaine sainte de 2005, le pape Jean-Paul II, à peine sorti de la clinique Gemelli, apparaissait chaque jour à la fenêtre de son appartement au-dessus de la place Saint-Pierre, à Rome. Il était si affaibli qu’aucun son ne sortait de sa bouche lorsqu’il bénissait la foule de sa main. L’homme qui avait démontré tant de force dans un grand nombre de situations difficiles, donnait en fin de vie un puissant message de courage à travers la fidélité à sa tâche dans une faiblesse extrême.
Vingt ans plus tard, le pape François, marqué lui aussi par la maladie, conscient d’approcher la fin de son pèlerinage ici-bas, manifeste, lui aussi, un courage impressionnant dans ses messages répétés en faveur de la paix et de la dignité humaine, dans une société toujours menacée par la violence et la guerre. Le même pape François a proclamé l’année 2025 année de l’espérance, tout comme un autre de ses prédécesseurs, Benoît XVI, avait ouvert à Rome, en octobre 2012, l’année de la foi, lors du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. Benoît XVI avait aussi convoqué à l’époque un synode sur la Nouvelle Évangélisation, à la conclusion duquel il invitait les pères synodaux à « raviver le feu de braise » de l’Évangile chez ceux qui avaient perdu la grande richesse de la foi – en d’autres mots, à « raviver la foi pascale ».
COMMENT NOURRIR LA FOI PASCALE
La question qui se pose aujourd’hui, comme alors, à chaque chrétien est de savoir comment nourrir, entretenir, raviver cette foi pascale afin de pouvoir la partager. À l’origine de la foi chrétienne, il y a en effet, un groupe d’hommes et de femmes qui, dans leur rencontre de Jésus de Nazareth, ont fait l’expérience de Dieu. Ils ont vu Jésus, ils ont écouté ses paroles, ils l’ont touché, ils l’ont admiré et aimé ; ils l’ont quelque peu compris et quelques-uns parmi eux l’ont suivi. Leur expérience de Dieu fut une synthèse – activement établie et maintenue – entre une perception humaine, d’une part, et, d’autre part, une foi qui allait bien au-delà de cette perception. Leur expérience de Dieu n’était pas le sentiment ou l’ensemble de sentiments qu’ils pouvaient ressentir en présence de Jésus, mais la synthèse de ces sentiments avec leur foi. Et cette synthèse eut des effets profonds et permanents dans leur vie et dans la société au sein de laquelle ils vivaient.
Un bel exemple de cette expérience de Dieu est l’apôtre Paul. Ce qui lui est arrivé sur le chemin de Damas fut certainement une profonde expérience mystique qui changea radicalement sa vie. Lorsqu’il s’engagea sur la route de Damas, son cœur était plein d’agressivité contre les chrétiens, non pas parce qu’il était un homme méchant, mais au contraire parce qu’il était fidèle aux traditions dans lesquelles il avait été formé. Il était plein d’agressivité parce qu’il se sentait menacé par cette nouvelle foi qui lui semblait opposée aux traditions qu’il chérissait et qui l’avaient formé. C’est par amour pour Dieu qu’il persécutait les innovateurs. Le vrai choc qui jeta Paul en bas de ses grands chevaux fut la question de Jésus : « Pourquoi ME persécutes-tu ? » La révélation d’un Dieu qui s’identifiait avec les persécutés.
DANS UN MONDE SÉCULARISÉ
Dans la situation actuelle de l’Église, qui vit un peu partout au sein d’un monde fortement sécularisé, nous devons consacrer nos énergies à y reconnaître la présence du Christ, même si, selon l’économie de la foi pascale, la perception de cette présence relève plus de notre capacité de voir et de la qualité de notre regard que de ce qui se passe dans le monde au milieu duquel nous vivons. Le Christ post-pascal est présent partout et en tout temps. C’est l’intensité de notre foi qui nous permettra de l’y percevoir ; et c’est par cette même intensité de notre foi, plus que par la visibilité de nos exercices religieux, que nous pourrons communiquer cette foi à nos contemporains.
Armand VEILLEUX, Moine de l’abbaye de Scourmont (Chimay)