Stopper la haine
Stopper la haine
« La religion ? Personne ne s’y intéressait dans les rédactions. Cela ne faisait pas vraiment partie de l’information, de ce qui passionnait les journalistes. Aujourd’hui, tout a changé ! » Ce 16 janvier, le Media Diversity Institute (MDI) célébrait son vingtième anniversaire en réunissant, à Bruxelles, journalistes et analystes autour du thème : «…
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« La religion ? Personne ne s’y intéressait dans les rédactions. Cela ne faisait pas vraiment partie de l’information, de ce qui passionnait les journalistes. Aujourd’hui, tout a changé ! » Ce 16 janvier, le Media Diversity Institute (MDI) célébrait son vingtième anniversaire en réunissant, à Bruxelles, journalistes et analystes autour du thème : « Parler des religions : le rôle des médias dans un monde populiste ». Les analyses des intervenants ont toutes été dans le même sens : jadis délaissées par les mainstream media, les questions de religions et de croyances sont arrivées au coeur de l’actualité. Mais pas nécessairement pour le meilleur.
La journaliste américaine Kimberly Winston en sait quelque chose. Spécialiste des religions au Washington Post et à la radio NPR, elle estime passer une grande partie de son temps à remettre les montres à l’heure, c’est-à-dire à démonter les erreurs et mensonges distillés sur les religions par les médias. Le journaliste français Pierre Haski, président de Reporters Sans Frontières, chroniqueur à L’Obs et co-fondateur de Rue 89, se souvient du temps où seuls quelques journaux français comptaient un rédacteur spécialisé dans le sujet. « Il y avait alors des pages –˜religion’, et c’est seulement là qu’on en parlait. » En Belgique, il en était de même dans la vénérable Libre Belgique. « Aujourd’hui, il n’y a plus de
spécialiste. Tout le monde traite l’actualité des religions », commente Veronica Rupar, co-directrice d’un centre d’études sur les médias à l’Université d’Aukland (Nouvelle-Zélande).
Cette –˜banalisation’ des sujets religieux dans les médias n’a pas aidé à clarifier les choses ni à encourager le dialogue. D’autant que les réseaux sociaux s’en sont mêlés et, là comme ailleurs, ont plutôt tout compliqué en brouillant les pistes à qui mieux mieux. Tant et si bien que le MDI a lancé une campagne intitulée Stopper la haine, destinée à contrer les flots de méchancetés qui circulent sur Twitter et touchent souvent au domaine de la religion. À cette fin, le MDI a publié une plaquette où, face à la haine, il recommande de développer sur Twitter un contre-discours, et explique comment faire.
À sa modeste échelle, L’appel s’efforce aussi de contribuer à la lutte contre la haine, que celle-ci concerne les religions, les croyances ou les valeurs. Notre vision du –˜religieux’ est volontairement large. Mais nous sommes persuadés que c’est par le dialogue, la découverte, la confrontation des situations que « l’être ensemble » peut progresser, et que chacun peut aussi voir ses propres convictions évoluer. Car rien n’est immuable, et la richesse est commune.
Notre rubrique Croire ou… ne pas croire contribue à développer cette multiplicité des regards que nous tentons de promouvoir. Mais les thèmes de tous nos articles sont choisis dans la même optique. Modeste- ment, nous estimons ainsi remplir un rôle important. Cette fonction, de plus en plus essentielle, coûte toutefois de plus en plus cher. Et, dans un monde qui change fondamentalement, les adaptations, voire les révolutions nécessaires, sont de plus en plus onéreuses. Même si L’appel repose largement sur le bénévolat, l’aide que vous, lectrices et lecteurs, nous apportez lors de notre appel de dons annuel nous est indispensable pour boucler notre budget et envisager l’avenir. Si vous aimez L’appel, nous soutenir cette année encore nous aidera grandement. Cela nous permettra de vivre. Un bulletin de versement est inséré à cet effet au centre de ce numéro. Merci déjà.
Frédéric ANTOINE
Rédacteur en chef