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EDITO

Fêter Noël

Les oies et les canards n’ont qu’à bien se tenir : ce n’est pas cette année qu’ils seront moins nombreux à passer à la casserole ou à devoir livrer leurs foies gavés à la dégustation. Ce ne sera pas la crise pour les « petites folies » qu’on a pris l’occasion de s’offrir pour les fêtes. Comme ce ne le sera pas pour Saint Nicolas...

L’an passé, alors que l’on nous disait déjà en plein marasme économique, seules les personnes dont les revenus provenaient d’avoirs boursiers avaient dû se rendre à l’évidence : elles étaient devenues moins riches qu’avant, et devaient donc faire attention. Pour les autres, ce n’est pas sur ce superflu que la plupart avaient rogné en pensant au « pour le cas où ». Et il semble bien qu’il en sera de même cette année. On fera la fête et les fous. Comme d’habitude. Ou peut-être même plus que d’ordinaire.

Pourtant, chaque fois que Noël s’annonce et que commence cette période d’avant et d’Avent, on ne peut s’empêcher de se souvenir de ce petit enfant, nu, qui n’avait que de la paille comme seule literie de berceau. Avec, autour de lui, des animaux de la ferme comme de chauffage central. Pas de mobile musical au-dessus de la mangeoire pour rêvasser en marmonnant quelques « areuh » de plaisir. Pas de grosses peluches et de jouets aux couleurs vives envahissant les coins d’étable. Au mieux, dans quelques jours, de l’or de l’encens et de la myrrhe. Pour lui, pas même de chambre, préparée de longue date par les futurs parents, qui en auraient choisi la couleur avec tendresse, l’auraient repeinte, reliftée, puis décorée de jolis motifs. Rien que les poutres brutes de la grange. Et, pour le jour de la sortie, pas de Maxi cosi pour partir à la découverte du monde. Seulement le dos d’un vieil âne.

Et que dire alors des toasts, du foie gras, de la confiture d’oignon, du vin blanc liquoreux, sans parler des dindes, homards, bûches, champagnes et autre mignardises... Le bébé, en question, il est vrai, avait bien mieux et bien meilleur : le sein de sa mère. Mais Joseph et Marie, ils n’ont pas réveillonné cette année-là . Ni le soir même, ni le lendemain, ni par la suite.

Bien sûr, les temps ont changé. La façon de fêter Noël aussi. Crise ou pas, il sera difficile de ne pas se laisser emporter par le tourbillon des envies et de la consommation. Le désir de s’offrir un petit plus, le temps d’une trêve, d’une « pause » sur l’enregistreur de la vie qui tourne toujours trop vite. Une parenthèse « stop » aux tracas.

Certains, sans doute, choisiront de marquer l’événement par l’ascèse. Vivre un Noël « dur ». L’offre de retraites qu’organisent de plus en plus de communautés religieuses en cette période démontre qu’une « attente d’autre chose » existe, à cà´té de la manière traditionnelle de fêter Noël.

Pour les moins courageux, faire entrer un peu de spirituel, de pensée, de partage et de fraternité dans ce temps de fêtes peut aussi être un moyen de ne pas oublier le vrai sens de Noël. Glisser un peu de silence dans le brouhaha de la fin d’année. Simplement franchir le porche d’une église, éclairée dans la nuit. S’y arrêter un instant. Regarder la crèche, puis fermer les yeux... Cela aussi, c’est « fêter Noël »...

Au nom de toute l’équipe de L’appel, passez de « bonnes » fêtes.

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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