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Edito

Un trop brusque deÌ part.
Pendant cet eÌ teÌ , une disparition a profondeÌ ment bouleverseÌ toute l’eÌ quipe de L’appel : celle de Jean- Claude Guyot, deÌ ceÌ deÌ ce 31 juillet aÌ€ 53 ans. Jean-Claude Guyot est en effet parti beaucoup trop toÌ‚t. Trop toÌ‚t pour son eÌ pouse, Florence Vanderstichelen, active administra-
trice de l’ASBL qui chapeaute le magazine L’appel apreÌ€s avoir eÌ teÌ , pendant des anneÌ es, un des piliers de notre eÌ quipe de reÌ daction.
Trop toÌ‚t pour ses quatre filles, qui perdent un peÌ€re admirable. Trop toÌ‚t pour l’EÌ cole de Communication de l’UCL dont il eÌ tait le coordinateur peÌ dagogique, et ouÌ€ il s’occupait en particulier des programmes de journalisme. Trop toÌ‚t pour le PrieureÌ de MaleÌ€ves-Ste-Marie, ouÌ€ il avait assureÌ l’accueil pendant une dizaine d’anneÌ es avec Florence et dont
il eÌ tait toujours, aux coÌ‚teÌ s de Gabriel Ringlet, un des grands animateurs. Trop toÌ‚t encore pour les meÌ dias catholiques qu’ils soient internes aÌ€ l’EÌ glise de Belgique ou indeÌ pendants (comme L’appel), qu’il avait toujours veilleÌ aÌ€ deÌ fendre et aÌ€ promouvoir dans les diffeÌ rents ceÌ nacles ouÌ€ il eÌ tait influent. Le concept « catho.be » eÌ tait ainsi une de ses trouvailles.
Mais aussi trop toÌ‚t pour l’EÌ glise catholique elle-meÌ‚me. Car l’extreÌ‚me lenteur de son agenda et de ses capaciteÌ s d’adaptation aux temps modernes n’auront pas permis aÌ€ Jean-Claude de, peut-eÌ‚tre, en devenir un des premiers preÌ‚tres marieÌ s... Car, si Rome avait un jour fini par se prononcer en faveur de l’acceÌ€s aÌ€ la preÌ‚trise d’hommes marieÌ s, il n’aurait pas eÌ teÌ eÌ tonnant que cette opportuniteÌ le tente. Et il aurait eÌ teÌ pour cette nouvelle fonction un candidat de premier choix. Amoureux de la vie, de sa femme et de sa famille, aÌ€ la fois passionneÌ , enthousiaste, attentif et tendre, Jean-Claude Guyot avait aussi, pour les meÌ‚mes raisons, une aÌ‚me de preÌ‚tre. Organiser une ceÌ leÌ bration, aÌ€ deÌ faut de pouvoir ceÌ leÌ brer lui-meÌ‚me, eÌ tait un de ses plus grands bonheurs. Il y prenait un reÌ el plaisir. AÌ€ ces moments, son visage se transformait, comme s’il subissait alors une sorte de transfiguration. Comme Gabriel Ringlet l’eÌ voquait le jour de ses funeÌ railles, Jean-Claude Guyot appreÌ ciait par dessus tout les rites, et s’eÌ tait fait de leur actualisation une de ses domaines de preÌ dilection. Toute sa vie, et jusque dans ses derniers jours, il reÌ fleÌ chissait aÌ€ la manieÌ€re de redonner un sens d’aujourd’hui aux rites classiques de la liturgie de l’EÌ glise catholique. AÌ€ cet eÌ gard, les ceÌ reÌ monies veÌ cues aÌ€ MaleÌ€ves-Ste-Marie lui doivent eÌ normeÌ ment. DeÌ fenseur d’une EÌ glise ouverte et engageÌ e, il avait passeÌ le deÌ but de sa maladie aÌ€ rechercher l’origine de la theÌ ologie que porte le pape François. Dans cette queÌ‚te, il eÌ tait remonteÌ aux textes du philosophe uruguayen Alberto Methol FerreÌ , dont le cardinal Bergoglio s’inspire dans le jugement qu’il porte sur le monde et dans le combat qu’il meÌ€ne contre la nouvelle culture dominante qu’il deÌ nonce. Jean-Claude et moi en avions quelque peu parleÌ il y a dix-huit mois, et il aurait visiblement souhaiteÌ que L’appel puisse donner suite aÌ€ ses deÌ couvertes sur le sujet. En avril 2014, l’actualiteÌ en avait deÌ cideÌ autrement. Jean-Claude Guyot n’aura pas eu l’occasion de voir le soleil se lever sur une EÌ glise catholique plus actuelle. Mais il y aura largement contribueÌ .

Frédéric ANTOINE

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