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Edito

MOT À DIRE.

Par 46 Oui et 16 Non, le Parlement de Wallonie a exprimeÌ ce vendredi 14 octobre son refus de signer le traiteÌ commercial Union europeÌ enne-Canada mieux connu comme le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement). La veille, le Parlement de la FeÌ deÌ ration Wallonie-Bruxelles en avait fait autant. Pour une fois, une majoriteÌ d’eÌ lus a manifesteÌ son op- position aÌ€ un projet d’accord transnational qui risquait de deÌ posseÌ der les juridictions classiques de leurs compeÌ tences en cas de conflit entre des multinatio- nales nord-ameÌ ricaines et des inteÌ reÌ‚ts europeÌ ens. Aux reÌ€gles du droit, le CETA, comme le futur TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership), preÌ feÌ€re en effet les « petits arbitrages entre amis » au cours desquels les plus forts dictent toujours leur loi aux plus faibles.

On pourrait voir dans ces votes une simple revanche politique de partis n’eÌ tant pas au pouvoir au FeÌ deÌ ral, reÌ ussissant ainsi aÌ€ mettre dans l’embarras le seul parti francophone du gouvernement du pays.

Bien eÌ videmment, la diffeÌ rence de majoriteÌ a aideÌ les parlementaires dans leur choix. Mais peut-on, sans eÌ‚tre trop naïf, espeÌ rer que d’autres sentiments ont animeÌ les eÌ lus, et que leurs votes ont reposeÌ sur d’autres arguments ?
ar, pour une fois, David menace Goliath. Ceux que nous avons choisi ont oseÌ sortir du sceÌ nario convenu aÌ€ l’avance selon lequel la ratification du CETA ne devait eÌ‚tre qu’une formaliteÌ , l’accord des parlements reÌ gionaux et communautaires belges allant eÌ videmment de soi.

De la part d’une classe politique deÌ crieÌ e et souvent jugeÌ e sans pouvoir reÌ el, cette reÌ appropriation d’une autonomie de deÌ cision constitue un eÌ veÌ nement exceptionnel. Oui, ceux que nous eÌ lisons pour nous repreÌ senter peuvent choisir de sortir des rangs. Et ce sans devoir se soumettre, par eÌ lectoralisme, aux diktats d’une foule en coleÌ€re, comme cela a eÌ teÌ le cas en Pologne aÌ€ propos des menaces planant sur l’autorisation de l’avortement.
Oui, les parlements peuvent agir. Le deÌ montrer contribuera, peut-eÌ‚tre, aÌ€ revaloriser la fonction politique. Et aÌ€ deÌ montrer que ni le droit et l’obligation de vote, ni la deÌ mocratie parlementaire, ne sont des principes suranneÌ s. Ils ne sont pas deÌ passeÌ s par la culture des reÌ seaux sociaux et l’impression de deÌ mocratie qu’inspirent les votes sur internet ou sur smart- phones.

Ne nous faisons toutefois pas trop d’illusions. AÌ€ l’instar du Parlement europeÌ en, qui refuse parfois le budget de l’Union mais finit par neÌ gocier son accord, les votes wallon et bruxellois ont surtout comme but de faire bouger les lignes. Obtenir des adaptations du texte, pour ensuite l’adopter.

Mais est-ce vraiment un mal, si deÌ mocratie rime al- ors avec neÌ gociation efficace.Les eÌ veÌ nements qui viennent de se produire gagneraient aÌ€ inspirer les hieÌ rarchies de l’EÌ glise catholique. Car la notion de deÌ mocratie a encore du chemin aÌ€ y accomplir, contrairement aÌ€ ce qui se passe dans d’autres EÌ glises

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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