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Edito

Soif d’autre chose.

Manchester apreÌ€s Paris, Le Caire, Londres, Istanbul, Berlin, Nice, Bruxelles, Paris... Chaque matin, aÌ€ l’heure d’ouvrir son smartphone ou sa radio, la meÌ‚me peur. Cette nuit, l’insoutenable liste des victimes du terrorisme s’est-elle encore allongeÌ e ? Et ouÌ€ ?

Si la crainte se fait chair, aÌ€ chaque fois, l’horreur prend un nouveau visage. Hier, des enfants aÌ€ la sor- tie d’un concert rock. La veille, des chreÌ tiens pendant une messe. PreÌ ceÌ demment, des touristes, des promeneurs, des familles, des voyageurs...

Une meÌ‚me peur, mais aussi, meÌ‚leÌ de soulagement et de fatalisme, ce meÌ‚me deÌ gouÌ‚t, qui finit par colorer de gris ou de noir toutes les journeÌ es. Et s’il n’y avait que le terrorisme... Mais que d’autres actes bar- bares perpeÌ treÌ s chaque jour ici ou ailleurs. Et qui, aÌ€ chaque fois, suscitent l’incompreÌ hension. Comment est-ce possible ? Alors, la sinistrose s’installe. Avec son corteÌ€ge de meÌ fiances, de suspicions, de rejets et de haines.

Les Hommes, pourtant, posseÌ€dent en eux une ma chine capable de lutter contre tout cela : leur incroyable force de reÌ sistance. Un profond pouvoir de reÌ silience. Et une farouche volonteÌ de vivre, s’il le faut en se reÌ voltant.
Il n’est de jour sans que des femmes et des hommes ne disent leur espoir que cela change. Et essaient, aÌ€ leur modeste eÌ chelle, d’y contribuer.

Chaque meÌ daille, bien suÌ‚r, a son revers. Des initiatives que l’on pourrait juger porteuses d’avenirpeuvent aussi faire l’objet de critiques, et ceux qui y croient eÌ‚tre qualifieÌ s de naïfs ou d’utopistes, « reÌ cu- peÌ reÌ s » par un « systeÌ€me » dont l’art serait de faire croire qu’il eÌ volue alors que son seul but serait de rester le meÌ‚me. Mais, malgreÌ tout...

La grande lessive politique qui agite la socieÌ teÌ wallonne depuis le deÌ but de cette anneÌ e en est un bel exemple. Tout comme la nouvelle donne que l’eÌ lec- tion preÌ sidentielle a fait surgir en France. Dans les deux cas, une partie de la population a estimeÌ que cela ne pouvait plus continuer. Qu’il fallait contribuer aÌ€ prendre son destin en main.

Mais d’autres signes, bien plus leÌ gers parfois, manifestent aussi cette aspiration au changement. Ain- si, par exemple, Salvador Sobral. Hier inconnu, ce jeune Portugais au coeur fragile a remporteÌ avec une appreÌ ciable avance le concours Eurovision. Sa prestation n’eÌ tait en rien exceptionnelle. Elle paraissait meÌ‚me suranneÌ e. On aurait pu l’avoir deÌ jaÌ€ entendue mille fois. Mais elle eÌ tait en fait unique. Car sa chan- sonnette eÌ tait aux antipodes de toutes les recettes d’ordinaire utiliseÌ es pour briller dans ce type de compeÌ tition.

Sous ses aspects convenus, aussi « banal » que SteÌ phane Bern, notre « deÌ couverte » du mois, paraiÌ‚t conventionnel, Sobral a paru « reÌ volutionnaire ».

L’eÌ teÌ va permettre aÌ€ bon nombre d’entre nous de prendre un peu de repos. Qu’il soit aussi l’occasion de nourrir cette « soif d’autre chose » qui, aÌ€ deÌ faut de reÌ volution, nous permet de tenir un peu mieux le coup. Bonnes vacances.

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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