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Edito

SPÉCIAL COVID.

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J’aurais aimeÌ consacrer cet eÌ ditorial aÌ€ ces eÌ‚tres exceptionnels que l’on admire si fortement en "temps normaux– . Celles et ceux qui ont choisi de se retirer du monde, et qui sont parti·e·s, parfois pas au loin, afin de s’extraire de l’agitation et des sollicitations permanentes, et qu’on appelle les ermites.

Parler de celles et ceux qui n’ont peut-eÌ‚tre pas eu le courage de rompre aÌ€ tout jamais avec presque toute l’humaniteÌ , mais qui reÌ‚vent (ou reÌ‚vaient) de faire de grands breaks, d’enfiler des chaussures de marche et de partir, sac au dos, parcourir seul·e·s· des milliers de kilomeÌ€tres aÌ€ travers des immensiteÌ s de nature vide, en croisant sur leur passage le moins possible d’aÌ‚mes qui vivent.

Ou encore eÌ voquer celles et ceux pour qui ce retrait de la vie se reÌ alise derrieÌ€re des murs, voire parfois encore une cloÌ‚ture plus ou moins reÌ elle ou virtuelle. Et qui ne se retrouvent qu’aÌ€ quelques un·e·s, mais sans doute pour toujours, aÌ€ mener une vie simple rythmeÌ e par la maxime Ora et labora (la prieÌ€re et le travail). AÌ€ moins qu’ils ou elles ne passent alors le reste de leur existence seul·e·s, dans une petite de- meure ouÌ€ l’essentiel est lui-meÌ‚me reÌ duit au minimum.

Et je comptais me demander comment concilier une admiration pour ces vies extra-ordinaires, ou nos reÌ‚ves de solitude, et l’immense difficulteÌ qu’a eue la moitieÌ de la planeÌ€te aÌ€ toleÌ rer, ne serait-ce que pen- dant deux mois, de vivre une sorte de retraite... qui n’avait pas grand chose de vraiment comparable avec les situations eÌ voqueÌ es plus haut...

Comment comprendre ces eÌ‚tres qui ont tout quitteÌ , alors qu’un tout petit peu de confinement a eÌ teÌ si dur aÌ€ tenir, et qu’au bout de moins de quelques semaines, tout le monde ne reÌ‚vait que d’une chose : sortir, voir du monde... bref, –˜faire monde’ ?

Et puis, il y a eu la confection de ce numeÌ ro.

Lors de la reÌ union de reÌ daction que nous y avons consacreÌ e, et qui s’est eÌ videmment tenue aÌ€ distance, un grand nombre d’interventions ne parlaient que du covid, de la manieÌ€re dont la crise cassait les relations, menaçait les plus faibles, mais aussi remettait en cause des certitudes et geÌ neÌ rait soit des ideÌ es noires, soit des espeÌ rances, pour l’avenir, quand il y en aura un. Et on se demandait, en attendant, com- ment on pouvait essayer de ’vivre avec’, sans eÌ‚tre reÌ signeÌ , mais avec espoir.

Le tout en nous interrogeant sur la manieÌ€re de traiter cette actualiteÌ , apporter "la petite musique de L’appel– , son regard deÌ caleÌ , dans une publication mensuelle dont les contenus sont arreÌ‚teÌ s plusieurs semaines aÌ€ l’avance.

Ce deÌ bat a abouti au numeÌ ro que vous avez sous les yeux. MeÌ‚me si le deÌ confinement a eÌ teÌ engageÌ fin mai, les ondes de choc du tremblement de terre se ressentent toujours. Et, si certains se persuadent que tout cela n’a eÌ teÌ qu’un mauvais reÌ‚ve, un bon nombre s’attend plutoÌ‚t aÌ€ l’arriveÌ e de reÌ pliques.

Le coronavirus, la crise, les remises en cause et les attentes que tout cela suscite constituent donc l’essentiel de cette livraison de L’appel. Celle-ci aurait duÌ‚ en temps habituel avoir un petit air de vacances. Cette fois ce ne sera pas le cas. Mais nous promettons que nous y pensons deÌ jaÌ€ pour l’anneÌ e prochaine.

Bon courage. Et bonne –˜humaniteÌ ’. Ensemble. Mais en se souciant de chacun.

Frédéric ANTOINE

Rédacteur en chef

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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