À DIEU, THIERRY !
À DIEU, THIERRY !
Il y a six mois, tout le monde parlait du coronavirus, mais peu d’entre nous étaient directement affectés dans leur entourage. L’annonce d’une issue fatale paraissait souvent lointaine. Avec cette deuxième vague, il en est, dramatiquement, tout autrement. Et, cette fois, L’appel est touché de plein fouet. En quelques jours, la cruelle maladie vient de…
Publié le
· Mis à jour le
Il y a six mois, tout le monde parlait du coronavirus, mais peu d’entre nous étaient directement affectés dans leur entourage. L’annonce d’une issue fatale paraissait souvent lointaine. Avec cette deuxième vague, il en est, dramatiquement, tout autrement. Et, cette fois, L’appel est touché de plein fouet. En quelques jours, la cruelle maladie vient de nous arracher un de nos piliers : l’abbé Thierry Tilquin. Il venait d’être testé positif à la covid-19 et est décédé à son domicile, ce 23 octobre. Une immense tristesse s’est depuis emparée de l’équipe du magazine, et l’effroi nous étreint.
Thierry n’était pas uniquement investi dans L’appel. Il l’était aussi dans la paroisse de Bouge, au Centre de formation Cardijn dont il avait été directeur et où il était formateur, ainsi qu’à Lumen Vitae, où il enseignait depuis 2014. Et ce à côté d’interventions à l’étranger (Cameroun, Philippines, Haïti…). Thierry était un de ceux sans qui L’appel ne pourrait exister et accomplir le –˜miracle mensuel’ que constitue la production de chaque numéro.
Enfant du Petit Séminaire de Floreffe, qui l’a formé quand Louis Dubois en était le supérieur, Thierry est devenu théologien en 1987. Lorsque l’abbé Dubois rejoint L’appel en 1992, il emmène dans ses bagages cette recrue qui, comme lui, se bat alors contre la gouvernance imposée par l’évêque de Namur. Ce jeune théologien libre et indépendant en avait directement été victime : l’évêque venait en effet tout bonnement de le licencier, lui et l’équipe théologique du Grand Séminaire…
À L’appel, porteur d’un superbe regard évangélique sur les questions d’actualité et de société, Thierry a l’art d’en décaler l’analyse, et de les aborder avec tendresse, amour et respect d’autrui. Il possède des connaissances immenses, mais ne s’emploie pas à en faire état à tout moment. Grâce à elles, il apporte une parole originale permettant de voir comment faire résonner –˜la petite musique de L’appel’. Sans dogmatisme ni prêchi-prêcha. Mais en tant que journaliste. Thierry ne l’était à l’origine pas. Cependant, il aura vite fait siens les réflexes de tous ceux qui travaillent dans les médias. Pour lui, L’appel est un –˜vrai’ magazine d’actualités. C’est donc à l’aune des préceptes professionnels du journalisme qu’il faut y participer, et non en tant que clerc ou théologien.
Non content d’être une de nos meilleures plumes, il acceptera de prendre part à la gestion de l’ASBL qui chapeaute le magazine. Il y veillera aux finances, et aux moyens permettant le maintien en vie d’un organe de presse libre, indépendant du financement de la hiérarchie catholique. Il sera un défenseur de notre politique d’ouverture et de dialogue entre les convictions. Il se préoccupera aussi de l’avenir, à envisager dans un monde en complète révolution.
Thierry était un homme charmant, affectueux, semblant toujours de bonne humeur. Et un cuisinier hors-pair, toujours prêt à recevoir à sa table l’équipe de rédaction lorsque son habituelle salle de réunion n’était pas disponible. Personne n’aurait raté pareils rendez-vous, tant étaient communicatives la chaleur et l’humanité qui en émanaient.
Thierry, tu vas énormément nous manquer. Sans toi, L’appel ne sera plus L’appel. Celui où l’on pouvait compter sur ton regard, ton aide, ton avis. Nous savons que, où que tu sois, tu continueras à soutenir notre combat. Nous ne te remercierons jamais assez pour tout ce que tu nous as apporté.
Frédéric ANTOINE Rédacteur en chef
Paul FRANCK Président du Conseil d’administration
(Le texte de l’éditorial initialement prévu pour ce numéro est consultable sur notre site internet : www.magazine-appel.be)