Le baiser est très présent dans la Bible. Et pas seulement à la première ligne du Cantique des Cantiques ! Même Saint Paul y invite chaleureusement à la fin de sa Première Lettre aux Thessaloniciens : « Saluez tous les frères d’un saint baiser. » (1 Thess. 5 ,26). Je reconnais que le baiser peut être un peu moins saint. Celui de Judas, par exemple, continue à faire couler la salive des interprétations. Et Joab, au Second Livre de Samuel, n’hésite pas à se servir du baiser pour tuer Amasa : « Tout va bien pour toi, mon frère ? lui demande-t-il, prenant de sa main droite la barbe d’Amasa pour l’embrasser. Mais Amasa n’ayant pas pris garde à l’épée que tenait Joab, celui-ci le frappa au bas-ventre et répandit ses entrailles sur le sol. » (2 Samuel 20,9-10)

OUI ! PAS DU TOUT !

Le baiser, le baiser de paix en particulier, Jean Mouttapa en fait un bel éloge dans son remarquable ouvrage, Religions en dialogue (Albin Michel). Évoquant la rencontre d’Ésaü et de Jacob au lendemain de la célèbre lutte avec l’ange de Dieu, la Genèse nous dit qu’Ésaü courut à la rencontre de son frère, « le prit dans ses bras, se jeta à son cou et l’embrassa en pleurant » (Gn, 33,4). Ésaü était-il sincère ? Oui ! s’exclament certains commentateurs juifs. Pas du tout ! répliquent d’autres. Et chacun de s’en référer, à bon droit au texte hébreu, puisqu’à une lettre près, le verbe nechiqa, (embrasser) ressemble à s’y méprendre au verbe nechikha qui signifie… mordre ! Et lorsqu’on sait que ces deux lettres hébraïques, kof et khaf, ne se distinguent que par un seul point, on comprend que « l’espace qui sépare le baiser de la morsure est infinitésimal ». Les amoureux en savent quelque chose…

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