Caroline Fontenoy : « Mes enfants ont remis en place le priorités dans ma vie  »

Caroline Fontenoy : « Mes enfants ont remis en place le priorités dans ma vie  »

Voix et figure familières des auditeurs de Bel RTL et des téléspectateurs de RTL, Caroline Fontenoy pratique son métier de journaliste avec rigueur et passion depuis près de vingt ans. En 2019, elle passe deux mois dans le service de néonatalité de l’hôpital où est née, à trente semaines, sa fille aînée. Elle retrace cette expérience dans un livre, La peur au ventre, tout en rendant hommage aux soignantes qui l’ont soutenue.

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Publié le

30 novembre 2023

· Mis à jour le

4 février 2025
Portrait de Caroline Fontenoy en noir et blanc, portant une chemise blanche et un jeans. Elle se trouve devant un mur blanc

Longtemps, Caroline Fontenoy s’est levée de bonne heure. Lorsqu’elle présentait le journal télé de RTL de 13h, elle était debout à 6h pour être à la rédaction vers 7h30. Aujourd’hui qu’elle officie à celui de 19h une semaine sur deux, elle arrive plus tard dans la matinée. Ce qui l’arrange bien : cela lui permet de s’occuper du petit-déjeuner de ses filles et d’amener l’aînée, Lou, 4 ans, à l’école, et la cadette, Zélia, bientôt 2 ans, à la crèche. « Mes enfants ont remis en place les priorités dans ma vie, confie-t-elle dans un large sourire. Je sais maintenant où est l’essentiel. Je me dispatche entre beaucoup de choses, mais je veille toujours à leur consacrer beaucoup de temps. »

D’autant plus qu’elle sait aussi par où elle est passée pour être aujourd’hui une maman comblée. Sa première fille, qu’elle a eue peu avant ses 40 ans, est née à trente semaines. Elle mesurait 41 cm et pesait 1 615 grammes. Et, pour la seconde, c’est à vingt-cinq semaines qu’elle a ressenti ses premières contractions. Elle est néanmoins parvenue à mener sa grossesse à son terme. « Je suis convaincue que l’esprit domine le corps, même si le corps a parfois le dernier mot. C’est un de mes mantras. Je suis quelqu’un d’exigeant avec moi-même, je ne me laisse pas aller. Quand j’ai des difficultés, je tente toujours de rebondir. Dans une expérience négative, je cherche le positif. C’est ma façon d’être et de penser depuis très longtemps. »

COUSINE ÉLOIGNÉE

« Fonceuse », « optimiste », « déterminée » : c’est ainsi que se définit celle qui, depuis une quinzaine d’années, “s’invite” chez les téléspectateurs de RTL pour leur donner des nouvelles de la Belgique et du monde. Elle fait, d’une certaine manière, comme elle le reconnaît elle-même, « partie de la famille, à l’instar de cette cousine éloignée dont on reconnaît le visage et la voix sans savoir ce qu’elle vit réellement. C’est le paradoxe de n’importe quelle figure médiatique, à la fois familière et lointaine. »

Née à Arlon de parents commerçants, Caroline Fontenoy ne se destinait pourtant pas particulièrement à ce métier. Même si, ainsi qu’elle le raconte aujourd’hui, elle a « toujours été baignée dans le monde de l’information. On regardait pas mal de journaux télé à la maison et j’aimais beaucoup la presse écrite ». Si, adolescente, elle nourrit le souhait d’être vétérinaire, comme son grand-père, elle se rend compte n’avoir pas « le cœur suffisamment accroché » pour parvenir à faire une piqûre. Elle s’inscrit alors à l’université de Liège en journalisme, avant de partir faire ses licences à Louvain-la-Neuve. « Je passais tous les jours devant la radio Antipode qui m’intriguait, se souvient-elle. Un jour, comme elle cherchait une stagiaire, je me suis présentée et j’ai commencé à faire de la radio à 4h du matin. J’ai attrapé le virus qui ne m’a plus jamais lâché. »

AVANT-GARDISTE

Après un passage par des radios indépendantes dans la province du Luxembourg, la jeune fille remporte fin 2004 le concours Radio Academy et entre à Bel RTL. Elle y présente la météo et l’info trafic. « C’est un vrai travail, assure-t-elle. C’est vous qui rédigez vos billets, actualisez vos informations, et celles qui concernant la circulation sont très importantes. La météo est aussi écoutée attentivement. » Très vite, elle tient une rubrique environnementale, Bel Planète. « J’étais avant-gardiste. J’y parlais de tout, jusqu’à comment trouver des alternatives aux produits ménagers, les faire soi-même, etc. Je pourrais ressortir toutes mes chroniques, elles sont complètement actuelles. J’en faisais une par jour, c’était assez fastidieux. Je viens d’une province excessivement verte où l’on vit en harmonie avec la nature, les animaux. Leur respect est véritablement ancré en moi. »

« Les opportunités se sont présentées à moi rapidement et je les ai saisies à bras le corps, poursuit-elle. Je n’avais pas de plan de carrière et je ne visais pas spécialement le JT, même si j’adorais le regarder, enchainant RTL, RTBF et la télévision française. J’étais une touche-à-tout, j’ai pas mal bourlingué dans les radios indépendantes où l’on doit tout faire. Dès lors, quand on m’a demandé de faire du direct, c’était dans mes cordes. La responsabilité d’un présentateur radio ou télé, et d’un journaliste en général, est de ne pas raconter de bêtises, d’être très rigoureux, impartial. Être compréhensible par le plus grand nombre, j’y veille tous les soirs. Il faut aller plus loin, donner un éclairage, une explication, une analyse. Et aussi mettre en exergue tout le travail d’une rédaction, raconter une histoire, d’apporter une plus-value sur ce qu’on a pu lire sur internet. On doit lutter contre les fake news, elles portent préjudice en jetant l’opprobre sur les médias. Même s’ils ont encore un rôle important à jouer, comme on l’a vu durant la pandémie. » 

« J’essaie de ne pas être trop anxiogène, mais, malheureusement, l’actualité l’est par nature, admet celle dont le plus grand souvenir est de s’être retrouvée à quelques mètres des derniers présidents américains lors de l’investiture de Donald Trump, en janvier 2021. Je tente de ne pas en rajouter. Quand je vois tous ces enfants que l’on sort des décombres à Gaza, c’est un crève-cœur terrible, ces images sont difficiles à voir, je préviens les téléspectateurs. J’évite de tomber dans le pathos, j’essaie d’amener les choses avec tact. On tourne aussi des sujets “froids” plus positifs qui apportent une respiration dans le journal. »

ANGES GARDIENS

Invitée, lors d’un gala pour Fœtus for life, à témoigner de son expérience en néonatalité, Caroline Fontenoy se rend compte que le sujet est très peu connu. « Je me suis alors replongée dans les notes que j’avais prises comme une catharsis pendant mon séjour à l’hôpital. Je racontais tout ce que je vivais sous la forme d’une lettre adressée à ma fille. Les journées étaient très très longues, c’était difficile, intense. Je ne voulais rien oublier pour si, un jour, Lou me posait des questions. Les choses désagréables, on a en effet tendance à les ranger dans un coin de notre cerveau pour ne conserver que les autres. Mais, après ma sortie de l’hôpital, pendant deux ans, je n’ai rien relu. ». 

« Beaucoup d’anges gardiens ont veillé sur nous, se réjouit-elle. Lou s’en est sortie sans séquelles et j’ai prié absolument tous les saints possibles et imaginables pour que ma deuxième grossesse arrive à terme. Je remercie le ciel d’avoir deux enfants en bonne santé. Cette expérience douloureuse m’a permis de relativiser plein de choses. Comme le dit Nietzche : “Ce qui ne te tue pas te rend plus fort”. J’ai replacé les choses essentielles dans ma vie, les petites contrariétés du quotidien ne m’affectent plus comme avant. »

Propos recueillis par Michel PAQUOT

Caroline FONTENOY, La peur au ventre, Bruxelles, Kennes, 2023. Prix : 24,90€. Via L’appel : -5% = 23,66€.

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