Église recherche : personnes abusées
Église recherche : personnes abusées
Un communiqué peu banal est affiché dans les églises de la région d’Aubel depuis cet été. On y demande aux éventuelles victimes d’un ancien moine abuseur, explicitement nommé, de se manifester si elles le désirent. Une pratique peu courante, mais qui s’explique.
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« Val-Dieu, le 21 juillet 2025. Le présent communiqué émane du Père Vladimir Gaudrat, abbé de l’Abbaye Notre-Dame-de-Lérins, en tant que représentant de l’ordre cistercien. Cette communication se fait avec l’appui des autorités du diocèse. Elle résulte du témoignage d’un homme, victime d’abus sexuels commis vers 1985 par un moine de l’abbaye du Val-Dieu. (…) Il est probable que d’autres personnes aient été [ses] victimes. (…) Aujourd’hui nous relançons un appel en précisant le nom du père Joseph Beckers comme auteur d’abus. Cette information pourrait inciter d’autres victimes éventuelles à se faire connaître. »
Ce communiqué (plus de trois cents mots dans sa version intégrale) a été lu fin juillet lors des messes dans tout le doyenné d’Aubel, et ensuite affiché à l’entrée des églises (y compris à l’abbaye de Val-Dieu). Comme le précise ce document, ce n’est pas la première fois qu’on lance ici un appel « aux personnes victimes d’abus en lien avec l’histoire du site ». Mais c’est la première fois qu’un personnage est nommément désigné, afin de permettre aux victimes de comprendre de qui on entend réellement parler. En Belgique, l’appel public aux victimes, nommant l’abuseur, ne figure pas explicitement parmi les 137 recommandations de la commission parlementaire de 2024 sur les abus sexuels et faits de pédophilie dans l’Église. En France, la Commission Reconnaissance et Réparation a, elle, explicitement encouragé des appels publics dans certains cas (affiches en paroisse, annonces) pour retrouver d’éventuelles victimes supplémentaires.
L’IDÉE DE « L’ACCOMPAGNATEUR »
Il n’est donc pas étonnant que cette démarche ait été imaginée par le Père Gaudrat, supérieur de l’abbaye de Lérins, située sur l’île Saint-Honorat (en face de Cannes). Depuis que les trois derniers moines cisterciens ont quitté Val-Dieu en 2001 et qu’une communauté chrétienne laïque s’y est installée, le père Gaudrat est considéré comme son “responsable spirituel”. Lui-même préfère se définir comme “accompagnateur”. « Le site est occupé par une “association de fidèles” au niveau canonique, à laquelle l’ordre cistercien a confié l’abbaye de Val-Dieu, explique-t-il. Je ne suis pas le supérieur de cette communauté, qui élit son responsable laïc. Moi, je ne fais qu’accompagner. J’y vais deux fois par an, je parle avec eux individuellement et collectivement, et je leur prodigue éventuellement des conseils. Ils viennent aussi régulièrement en retraite dans un monastère de la congrégation. On essaye ainsi de maintenir un lien parce qu’ils ont le souci d’animer le site dans la continuité de la tradition monastique, et je m’efforce de les y aider. » Pour être complet, il faut ajouter que, comme les bâtiments du monastère appartiennent toujours à l’ordre cistercien, le supérieur de Lérins dit qu’il préside aussi l’ASBL de Val-Dieu.
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