Quand le smartphone court-circuite le cerveau

Quand le smartphone court-circuite le cerveau

L’info suit chacun partout, tout le temps. Via les notifications, la surstimulation permanente épuise le cerveau, alimente l’anxiété et brouille le rapport à ses propres convictions.

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Publié le

26 mai 2025

· Mis à jour le

1 juin 2025
Illustration d'une personne tenant un smartphone dans les mains et dont la tête a disparu pour être remplacée par un nuage de fumée

Dans la poche ou sur le bureau, ça ne cesse de vibrer, de sonner, de solliciter. Un signal, une vibration, une icône rouge. Le rituel est devenu banal : le doigt glisse, l’œil s’accroche à une information de plus : incendie dramatique, tempête politique ou débat sociétal. Chacune est toujours plus breaking que la précédente et tend le miroir d’un monde en tension. Sur les réseaux sociaux, les mauvaises nouvelles affluent. Et parfois, elles saturent. « Que ce soit un contenu anxiogène ou pas, notre cerveau n’est pas câblé pour cette surexposition, cette surstimulation, surtout quand elle est non contrôlée, explique Sébastien Serlet, neuropsychologue spécialisé dans l’impact des nouvelles technologies. Ces alertes très fréquentes saturent l’attention. On a l’impression de ne voir que cela. Cela épuise la mémoire de travail, essentielle à notre fonctionnement quotidien. »

PHÉNOMÈNE NEUROLOGIQUE

Derrière chaque notification se joue un phénomène neurologique. « Il y a une activation du système de récompense. La dopamine est liée à l’anticipation du plaisir et des nouveautés. C’est l’excitation avant une bonne nouvelle. Ce n’est pas automatique, tout dépend de la façon dont on perçoit cette alerte. Si on attend un like, une réponse positive, on ressent ce fameux pic. » Mais lorsque les notifications viennent du fil info des médias, l’effet est très différent. Le smartphone devient alors le vecteur unique d’un flot d’actualités souvent négatives. « Ce petit appareil centralise tout : médias, réseaux sociaux, messages, alertes pros… Et disponible 24h/24. C’est sans précédent. » Pourtant, face aux alertes incessantes, le cerveau humain reste celui du chasseur-cueilleur : il perçoit chaque stimulus comme une menace potentielle. « Prenons l’exemple d’une balade en forêt. Au moindre bruissement, on tressaille encore. On doit d’abord évaluer si c’est urgent ou dangereux. Même chose avec les notifications. Mais à force de répétitions, on ne distingue plus l’urgence de l’anodin. Ce n’est pas tant l’actualité qui crée en premier lieu l’anxiété, mais l’hypervigilance qui la précède. »

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