Sur la scène de La Templerie des hiboux, à Temploux, un grand piano noir attire le regard comme un bateau à quai, prêt à larguer les amarres pour un « voyage vers l’intérieur, là où, contre toute attente, les espaces sont les plus vastes ». Le noir se fait dans la salle. Romain Didier entre en scène discrètement, s’installe au clavier et constate d’emblée « la chance inouïe » de se retrouver là « par hasard, le temps d’une escale au milieu de la nuit ». Dès la première chanson, il propose de « faire famille », de parler « du dérisoire, du futile, du vernis, de l’écume, des broutilles, de nos amours, du bonheur d’être en vie ». 

Et de confier hors scène : « Rencontrer des gens, c’est voir ce qui peut nous rassembler, en s’émerveillant de tous les hasards qu’il a fallu à chacun, dans nos vies et bien au-delà, pour se retrouver ensemble l’un en face de l’autre. Si j’étais né un an plus tôt, j’aurais fait autre chose. On sait à quel point la rencontre tient du miracle de façon spatiale et temporelle sur ce petit bout de planète sur laquelle on vit. Se trouver au même moment, au même endroit, je trouve ça vertigineux. Se trouver là quelques fractions de seconde, au milieu de l’éternité, est une chance inouïe. Alors, c’est vrai, faisons famille, au moins tenons-nous chauds. »

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