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Edito

Solidaires ou solitaires.

Cent-vingt mille manifestants aÌ€ Bruxelles le 6 novembre. Des dizaines de milliers de syndiqueÌ s en arreÌ‚t de travail chaque lundi de greÌ€ve tournante, et combien plus le lundi 15 deÌ cembre. Des milliers de syndicalistes mobiliseÌ s... Le conflit social qui secoue la Belgique aura pousseÌ aÌ€ l’action un nombre impressionnant de citoyens pour qui, aÌ€ deÌ faut de dialogue avec le pouvoir, la greÌ€ve reste l’unique moyen pour se faire entendre des autoriteÌ s.
Et pourtant... AÌ€ coÌ‚teÌ de ces foules de travailleurs qui ont renonceÌ aÌ€ leur salaire pour s’engager dans l’action, il semble y avoir autant, sinon plus, de personnes courrouceÌ es, eÌ nerveÌ es, voire reÌ volteÌ es par les greÌ€ves. Comme s’il y avait une Belgique « qui ne voulait pas travailler », et une autre, voulant le contraire au nom de la relance et du sauvetage du pays. Et qui n’heÌ site pas aÌ€ clamer sa deÌ sapprobation, voire sa haine des mouvements sociaux, dans des meÌ dias particulieÌ€rement reÌ ceptifs aÌ€ reÌ percuter ce point de vue... alors que les journalistes sont d’ordinaire plutoÌ‚t du coÌ‚teÌ des petits, des sans voix, des pauvres et des malaimeÌ s...
«  Tout le monde sera impacteÌ . Nous luttons pour toute la socieÌ teÌ  », expliquent les syndiqueÌ s. « Laissez-nous travailler », reÌ pondent les tenants de l’autre bord.
Le plus souvent, on en reste aux mots. Mais, parfois, le conflit s’envenime. AÌ€ l’entreÌ e d’un zoning ou sur un barrage routier, le ton monte. On force le passage, un coup de poing se perd sur une carrosserie... Le climat se durcit, se radicalise.
La Belgique est sur le point de perdre un de ses biens les plus chers : sa capaciteÌ aÌ€ reÌ soudre les conflits par le dialogue, le souci du bien commun et, surtout, en mettant en oeuvre une culture qui lui est si propre : celle du compromis.
Tant et si bien qu’on s’interroge : les Belges sont-ils encore capables d’eÌ‚tre solidaires et de lutter ensemble pour le bien-eÌ‚tre de tous ?
Tandis que le futur du pays devrait s’envisager au beÌ neÌ fice de chacun, il plane comme l’impression que demain sera radieux pour certains groupes de citoyens, mais surtout plus peÌ nible pour le plus grand nombre.
2015 sera-t-elle alors l’anneÌ e du chacun pour soi ? AÌ€ l’aube du Nouvel an, nous ne pouvons que formuler un voeu. Que chacun se souvienne de la phrase qui a fondeÌ le christianisme : « Tu aimeras ton prochain comme toi-meÌ‚me  ». JeÌ sus n’a jamais dit : « Tu n’aimeras que toi-meÌ‚me. »
Bonne anneÌ e.

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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